Nicolas Sarkozy déroule le tapis rouge parisien à Google

Le président de la république inaugure ce mardi le centre de recherche et développement de Google dans la capitale. Le monde du numérique ne veut pas d'un adoubement.
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Après l'opprobre, l'honneur public. Invité par le président exécutif de Google, Eric Schmidt, Nicolas Sarkozy vient en personne inaugurer mardi le nouveau centre de recherche et développement du moteur de recherche en France. L'Institut culturel, qui sera intégré dans le centre pour développer des applications dans les contenus, ouvrira en mars. Au programme: une visite des nouveaux locaux du géant du Net, qui a acquis un immeuble de 10.000 mètres carrés rue de Londres, à Paris, et un échange préparé en amont avec des entrepreneurs et des employés de Google, tenant lieu de discours. Nicolas Sarkozy et Eric Schmidt répondront à une série de questions « votées par les salariés ». Le président sait déjà qu'on lui demandera « quelles sont les conditions pour créer en France un éco-système favorable au numérique ». Il devra aussi dire « pourquoi tant d'entrepreneurs français partent à l'étranger ».

L'Élysée, qui vilipendait début 2010 les méthodes de Google sans le nommer, justifie un tel traitement de faveur en raison de l'« investissement massif » de Google en France. L'immeuble et les travaux ont coûté « 100 millions d'euros ». Mais pour l'instant, le centre de R&D, dirigé par Dan Teodessiou, n'emploie que 70 ingénieurs, selon nos informations, contre 700 à Zurich en Suisse. Il s'agit essentiellement de salariés venus d'autres centres de Google, en Europe et aux États-Unis. « Nous tenions à démarrer rapidement avec de fortes compétences. Dans une deuxième phase, nous recruterons des ingénieurs locaux », indique la porte-parole du groupe, qui précise que les effectifs totaux de Google en France passeront de 350 à 450 fin 2012.

« 70 emplois créés »

Ce centre travaillera sur « l'open data, l'amélioration des technologies de recherches vidéo de Google ou sur Chrome ». Ce qui fait dire à Bastien Duclaux, le PDG du moteur de shopping Twenga qui va porter plainte contre Google pour abus de position dominante (lire-ci dessous), qu'il ne s'agit que « des sujets périphériques », et que le centre n'est qu'un « geste politique ». « 70 emplois ont été créés, ce n'est rien au regard des centaines de postes supprimés », selon le patron de Twenga qui a dû réduire d'un tiers ses effectifs après l'arrivée de l'algorithme Panda. Jean-Pierre Rémy, le directeur général de PagesJaunes, que l'on sait remonté contre Google Maps, observe que « si l'équipe de R&D est dotée de vrais pouvoirs de décision, c'est intéressant. Sinon, cela peut être décevant ».

Le monde du numérique attend aussi que Nicolas Sarkozy ne donne pas un blanc-seing à Eric Schmidt. « Nous espérons que le président saisisse la balle au bond. Nous lui avons rappelé qu'il n'était pas normal que Google génère 1 milliard d'euros de chiffres d'affaires en France sans payer d'impôt. Nous l'avons aussi sensibilisé sur l'opacité du référencement, les problèmes d'algorithmes et le développement de services subventionnés par les profits générés par le moteur de recherche », indique Giuseppe de Martino, secrétaire général de Dailymotion et vice-président du Conseil national du numérique. Peut-être pour éviter d'en rajouter à la polémique fiscale, Google n'a pas encore fait appel au crédit d'impôt recherche, un dispositif fiscal très avantageux, mais très coûteux pour l'État. « Nous considérerons cette question plus tard », précise le groupe américain.

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Commentaires 3
à écrit le 06/12/2011 à 13:53
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Sarkozy inaugure le GooglePlex, On sait tous que Google est une entreprise multinationale, donc elle recrute dans le monde entier. J'aimera bien voir Guéant refuser à Google de recruter des étrangers...

le 13/12/2011 à 3:35
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@medmhand: Bien envoyé, très cher ! J'ai honte d'être français à cause de gens comme Guéant qui oublient que la force d'un pays sont les ressources humaines à sa disposition (français ou non) et non l'appartenance à une nation. Les défis les plus imp...

à écrit le 06/12/2011 à 8:23
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Google doit être prudent. Sarkosy avait aussi déroulé le tapis rouge à un certain Kadafi.

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