Dassault Systèmes claque la porte du "cloud à la française"

Bernard Charlès, le patron de Dassault Systèmes, a écrit à René Ricol, le commissaire général à l'investissement, pour lui dire qu'il se retirait définitivement d'Andromède, le projet de "cloud à la française" qui doit être soutenu par le Grand Emprunt. Son partenaire, SFR, va chercher un autre allié. En attendant, le projet concurrent porté par Orange et Thalès, devrait recevoir un avis favorable pour son financement.
Copyright Reuters

Dassault Systèmes a mis un point final à son aventure dans « le cloud à la française ». De sources concordantes, Bernard Charlès, le PDG de l'éditeur de logiciels, a écrit en début de semaine au commissaire général à l'investissement René Ricol, au patron de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) Antoine Gosset-Grainville et à Jean-Bernard Lévy, le patron de SFR et de Vivendi, pour leur faire part de sa décision de se retirer définitivement du projet, exprimant son regret de ne pas avoir su convaincre le Commissariat général à l'investissement (CGI) de répondre à ses exigences.

Dassault Systèmes s'est porté avec SFR candidat à Andromède, le « cloud à la française », que le Grand Emprunt souhaite financer et qui doit doter la France d'une infrastructure de cloud sécurisée (informatique dématérialisée), capable d'héberger des données sensibles. Problème : le CGI et la CDC ont proposé d'injecter de l'argent dans les deux projets en lice, celui de Dassault Systèmes et celui porté par Orange et Thalès. Confirmant ces informations, Bernard Charlès justifie ce retrait: « Nous sommes très heureux d'avoir soutenu avec notre partenaire Vivendi ce projet d'intérêt général pour la France, mais Dassault Systèmes n'entend pas investir 75 millions d'euros dans un projet où l'un des actionnaires (l'Etat, ndlr) est actionnaire à part égale d'une structure concurrente. Étant à l'origine du projet Andromède, nous avions clairement exprimé les conditions de réussite : concentration stratégique, compétitivité structurelle, plateforme ouverte à des partenaires, en ayant enfin la capacité d' ouverture à des alliances Européennes. Ces conditions ne sont pas réunies à ce jour. »

Voyant les pouvoirs publics s'acheminer vers cette solution, Bernard Charlès, menant ses menaces à exécution, a voulu prendre les devants en mettant un terme à sa candidature, sans attendre la décision finale de René Ricol, et l'arbitrage de François Fillon. De fait, selon nos informations, la lettre de Dassault Systèmes est arrivée au CGI avant les recommandations du Comité d'investissement indépendant, qui s'était réuni  vendredi 30 mars pour choisir et noter les projets. De bonne source, d'après les dépouillements effectués au CGI, les deux Andromède, Dassault-SFR et Orange-Thalès, sont finalement arrivés à égalité. Du coup, si Dassault Systèmes ne s'était pas désisté, René Ricol aurait donc dû recommander les deux solutions de cloud à François Fillon. L'enveloppe initiale prévue par le Grand Emprunt était de 135 millions d'euros, mais le CGI avait prévu de l'ajuster au regard des besoins. De fait, les deux tandem demandaient chacun 75 millions d'euros de financement public, soit un total de 150 millions.

René Ricol va recommander le financement d'Orange-Thales

Face au désistement de Dassault Systèmes, le commissaire général à l'investissement René Ricol va recommander dans un premier temps l'Andromède d'Orange-Thalès. Selon nos informations, Jean-Bernard Lévy lui a écrit pour l'informer que SFR était toujours candidat, et qu'il cherchait un autre partenaire. Pour obtenir son financement, l'opérateur devra repasser devant le Comité d'investissement.

Dassault Systèmes claque la porte une deuxième fois

Pour Dassault Systèmes, c'est la fin d'une aventure de plus de deux ans, qu'il avait pourtant pilotée. A l'origine, l'Etat ne devait financer qu'un seul projet cloud. Pendant deux ans, Dassault Systèmes a donc travaillé à la composition d'un consortium au côté d'Orange et de Thalès. Mais en décembre, en raison de mésententes avec Stéphane Richard, le PDG d'Orange, sur la gouvernance de l'entité, les clauses de non concurrence, et les conditions tarifaires, Bernard Charlès a claqué une première fois la porte du projet, créant de facto une remise à cause totale des vélléités « cloud » gouvernementales.

Orange restant dans la course au côté de Thalès, Bernard Charlès avait ensuite beaucoup milité pour qu'un seul projet soit sélectionné: le sien. Le groupe a tenté de démontrer par qu'il n'y avait pas forcément la place pour deux,  qu'une double concurrence créerait des pressions sur les prix, et retarderait le retour sur investissement. A la mi-mars, l'ancien PDG de SFR, Frank Esser, avait lui-même souhaité qu'il n'y ait qu'un seul financement. Mais les pouvoirs publics en ont décidé autrement. Les défenseurs de cette solution avancent qu'il s'agit là d'un moyen de créer de la concurrence pour que le marché décolle plus rapidement.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 34
à écrit le 07/04/2012 à 10:33
Signaler
Toutes les grandes entreprises vivent des commandes de l'état: dans l'armement,Dassault,Thales,Lagardère ,le btp Bouygue,Vinci,Eiffage ,le ferroviaire avec Alsthom et à ce titre elles perçoivent des aides ou subventions pour financer leurs recherches...

le 07/04/2012 à 10:54
Signaler
Ce sont des boites prives,de grands groupes qui n'ont pas besoin de subventions pour leur recherche

le 07/04/2012 à 11:31
Signaler
Détrompez vous lorsque Thales entreprend une étude pour un radar destiné à l'armée le ministère de la défense lui alloue un budget pour financer ses recherches et son développement .Les études de l'A 400 d'airbus destiné uniquement aux armées eur...

le 07/04/2012 à 12:07
Signaler
Comme vous le savez airbus,thales et arianespace sont des entreprises publiques et meme publique/europeenne. C pour cela qu'il y a eu des divergences sur les lieux de production avec l'allemagne par ex,pour les airbus. Total ne recoit pas de subventi...

le 07/04/2012 à 15:39
Signaler
Airbus est une entreprise de droit privé meme si l'état en est actionnaire -minoritaire- de meme pour les chantiers navals réguliérement aidés.Le crédit impot recherche existe et il ne faudrait pas s'imaginer que seul l'agriculture est subventionnée ...

le 07/04/2012 à 17:04
Signaler
Le credit impot recherche existe et devrait servir uniquement pour des pme pas pour des grosses boites....semi publique. Airbus est le fleuron de l'aviation europeenne et plusieurs pays financent son developpement,a partir de la on ne peut plus dire ...

le 08/04/2012 à 9:14
Signaler
Quand Toyota s'est intallé à Valencienne cette société privée étrangère qui plus est a perçu 30.000 ? ( 200.000 f à l'époque) d'aides de l'état français par emploi créé ( environ 2.500 emplois) quand les producteurs de poulets en batterie ( pme fami...

le 08/04/2012 à 10:42
Signaler
Copie/colle:Toyota a sollicité une aide des services de l?Etat et les collectivités locales au printemps de cette année. La Communauté d?agglomération prévoit d?accorder une subvention d?un million d?euros. « Compte tenu à la fois de l?importance str...

à écrit le 07/04/2012 à 10:25
Signaler
Dassault système n'est pas Dassault aviation comme je l'écris par ailleurs.Cette société est le learder mondial des logiciels en 3 d.Je doute fort qu'elle vive de subventions .

à écrit le 06/04/2012 à 20:25
Signaler
Dassqult n'est pas habitué à la concurrence, même à l'international c'est l'Etat qui fait le représentant de commerce, après avoir bénéficié de nombreuses subventions directes ou indirectes

à écrit le 06/04/2012 à 16:48
Signaler
Ca fera des economies,1 seul projet suffisait largement. Enfin un truc a peu pret coherent

à écrit le 06/04/2012 à 16:35
Signaler
Il est en effet plus que temps que profiter des derniers deniers publics, avant que les états soient trop endettés. . C'est déjà fait..?? Mince... Tant pis, les pauvres subiront.

à écrit le 06/04/2012 à 15:26
Signaler
il est évident qu"une telle décision a été prise par Serge Dassault qui a l'habitude de vivre de subventions publiques pour le financement des avions de chasse.

le 06/04/2012 à 16:18
Signaler
Il faut arrêter avec ces niaiseries! Dassault Système (leader sur le marché de la modélisation et suivi du produit avec ses suites logicielles, dont IBM a longtemps directement assuré la commercialisation) et Dassault Aviation sont deux entreprises d...

le 06/04/2012 à 16:46
Signaler
@Bebert: L'avion a coute que dalle a dassault car finance avec l'argent public(35 milliards e d'argent public sur 20 ans) et double peine,l'etat achete des rafales et au prix normal alors qu'il a aide a son développement. Donc non ce n'est pas un men...

le 06/04/2012 à 16:46
Signaler
http://www.lesmotsontunsens.com/dassault-et-les-chomeurs-les-histoires-d-argent-public-finissent-mal-mon-general-travail-assistes

à écrit le 06/04/2012 à 11:13
Signaler
Un nuage français ... pour espionner les français ... finalement c'est très bien que ça ne marche pas !

le 06/04/2012 à 18:18
Signaler
Ça n'est guère mieux que d'être totalement dépendant d'un Cloud Américain, et quand on voit les prises de position de certains politiques américains lors du refus de la France à intervenir en Irak, c'est plutôt gardez moi de mes amis pendant que je m...

le 06/04/2012 à 20:56
Signaler
Lennart, cloud français ne signifie pas données hébergées en France. Il est même très fort probable qu'elles ne le seront pas. En plus par définition, Internet ne connaît pas les frontières. Cette histoire de cloud bleu-blanc-rouge ressemble une fois...

le 07/04/2012 à 6:55
Signaler
Tout au moins dans une entité commune comme l'Europe avec une même législation sur les data pour tous ses membres serait déjà un grand pas en avant même si un projet totalement Français et localisé sur le territoire. Et si par définition internet ne ...

le 08/04/2012 à 8:11
Signaler
C'est vraiment primordial d'avoir un cloud répondant des lois françaises... Cela ne protège pas de la volonté mondiale de confier la surveillance généralisée au service des intérêts privés et commerciaux d'un tout petit nombre Et un data center dign...

à écrit le 06/04/2012 à 10:32
Signaler
Mais quel chienlit! Et le plus cocasse est que Thales IS vient d'être racheté par GFI informatique, une SSII viandarde qui éprouve régulièrement de besoin de racheter n'importe quoi ou qui pour "donner un signal au marché" sic son président. Or GFI a...

à écrit le 06/04/2012 à 9:42
Signaler
bravo Bernard! Saboter des projets en interne c'est facile. Mais faire trébucher les projets au niveau national, c'est du grand art

à écrit le 06/04/2012 à 9:12
Signaler
Ils sont véritablement pathétiques ... Cela me rappelle le fiasco de Bull. En France, dans la continuité du fameux Plan Calcul, l'état a privilégié Bull aux détriments de tous les autres acteurs qui tentaient d'émerger. Lors des appels d'offres, si o...

à écrit le 06/04/2012 à 8:59
Signaler
Il faudrait connaitre les raisons pour lesquelles l'état souhaite maintenir deux projet ,est ce pour maintenir la concurrence ou simplement pour ménager l'égo des dirigeants ? Il y a des précédents: quand les régions ont été créées certaines l'ont ét...

à écrit le 06/04/2012 à 8:46
Signaler
Encore cette arrogance de DASSAULT qui refuse la concurrence mais pas un bon point à l'autre compétiteur car il ne faut oublier que M. Richadr est l'homme mis en place par l'Etat à la t^te de Orange. Pauvre France même une partie de tes industriels j...

le 06/04/2012 à 9:27
Signaler
Il faut quand meme savoir que Dassault systèmes est un learder mondial dans son domaine (qui n'est pas l'aéronautique) .A ce titre cette socièté possède des compétences que n'ont peut etre pas les autres mais que l'état cherche à ménager pour des rai...

à écrit le 05/04/2012 à 22:21
Signaler
Pendant ce temps l'industrie non subventionnée avance. "Red Hat, IBM sign on for OpenStack" http://gigaom.com/cloud/red-hat-ibm-sign-on-for-openstack/

à écrit le 05/04/2012 à 19:58
Signaler
En effet, la concurrence est "mauvaise" sur les deniers publics.

le 06/04/2012 à 0:42
Signaler
Et pour quelles raisons la concurrence serait elle néfaste pour les deniers publics? Elle est au contraire gage d'émulation et de vraies solutions. La source unique pensera d'abord à ses marges et ensuite au produit.

le 06/04/2012 à 10:23
Signaler
Bonjour, je pense que la phrase d'Yvan est à prendre au second degré. D'ailleurs il à bien écrit "mauvaise" entre guillemets.

le 06/04/2012 à 16:31
Signaler
A le Tchèque (en blanc). Si vous n'avez pas compris que l'argent public est de l'argent "gratuit", voyez ce que font les banques "centrales" sur la planète. Sinon, je ne peux rien pour vous...

le 09/04/2012 à 13:28
Signaler
Oui et alors Yvan, il n'y a aucun rapport avec le sujet (mise en concurrence d'un projet "stratégique")? Si ce projet se trouve confié à un prestataire unique, il est écrit d'avance que les équipes en charge ne donneront pas le meilleur, c'est humai...

le 18/10/2012 à 18:48
Signaler
Je suis un expert en stockage depuis plus de 20 ans et je pense qu'il aurait été plus intelligent d'aider les sociétés déjà existantes sur le marché en France que d'essayer de fabriquer des géants aux pieds d'argile, qui sont déjà ridicules face aux ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.