Apple est-il trop gros pour encore grossir ?

La deuxième entreprise derrière Exxon dégageant le plus de profit au monde est-elle condamnée à ne progresser que de quelques points au mieux ou à sacrifier sa rentabilité ? Analyse des chiffres qui font débat et interpellent.
Delphine Cuny
L'iPhone, la machine à cash d'Apple, qu'on disait en voie d'épuisement, ne plafonne pas encore : les ventes ont augmenté de 26% en volume

« Une année fantastique avec un quatrième trimestre record en chiffre d'affaires et en volumes d'iPhone » s'est félicité Tim Cook, le directeur général d'Apple, en présentant lundi soir les résultats du dernier trimestre de l'exercice fiscal, clos fin septembre. Et pourtant analystes et investisseurs font la fine bouche : l'action est en léger repli ce mardi. Pourquoi ?

La croissance est jugée insuffisante - « seulement » 4% au quatrième trimestre et 9% sur l'année, les volumes d'iPad écoulés sont étales - et les bénéfices sont en recul, de 11%, pour la première fois depuis onze ans, avant la sortie de l'iPod, qui a métamorphosé la firme de Cupertino. Une autre époque : Apple réalisait 5,3 milliards de chiffre d'affaires soit 32 fois moins, et était en perte !

Les admirateurs de l'entreprise californienne font valoir que le trimestre qui court jusqu'à la fin de l'année sera, avec les fêtes de Noël et la sortie des nouveaux iPad, sans doute plus enthousiasmant. « Je crois que cela va être un Noël iPad » a d'ailleurs glissé Tim Cook lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.

Panne de croissance, vraiment ?

Apple souffre-t-elle d'une panne de croissance, et d'inspiration, depuis la disparition de son gourou Steve Jobs, ou d'un problème de rentabilité ? Du côté de l'innovation, on attend toujours le prochain produit "révolutionnaire", télévision, montre connectée ou autre, pour relancer la machine à rêve, trois ans après l'iPad.

Du côté de la croissance, pour une entreprise réalisant 170 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel, parvenir à progresser de 9,2% l'an sans acquisition (du moins aucune contribuant significativement aux ventes) reste spectaculaire, qui plus est après un bond de 44% l'année précédente (de 108 milliards en 2011 à 156 milliards en 2012). Il s'agit peut-être d'une pause. On notera que Google, trois fois moins gros, n'a crû « que » de 12% au troisième trimestre (19% hors Motorola). Et « Apple continue de générer plus de chiffre d'affaires dans les seuls accessoires que Motorola en téléphones, soit 1,3 milliard de dollars » relève Benedict Evans, expert chez Enders Analysis.

Le prix de vente moyen de l'iPhone est en baisse

Apple, qui commercialise ses appareils dans plus de 150 pays, enregistre une croissance très variable d'un pays à l'autre : l'arrivée de l'iPhone chez NTT a fait bondir les ventes au Japon (+41%), tandis que le chiffre d'affaires est stable en Europe et n'augmente que de 1% dans la zone Amériques.

L'iPhone, la machine à cash d'Apple, qu'on disait en voie d'épuisement, ne plafonne pas encore : les ventes ont augmenté de 26% en volume, mais le chiffre d'affaires qui en découle de 17%. Toujours jugé trop cher par ses détracteurs, l'iPhone a vu pourtant son prix de vente moyen chuter inexorablement, à 577 dollars contre 618 dollars il y a un an, ce qui reste très élevé comparé aux 375 dollars en moyenne au niveau mondial selon le cabinet IDC et aux 143 euros de Nokia (hors téléphones classiques).

Une baisse du prix qui vient des versions plus anciennes de l'iPhone, même si Apple ne se lance pas dans le low-cost : cela lui permet d'élargir son marché, en devenant plus accessible, sans transiger sur ses standards de qualité. Toutefois, cette démocratisation ne peut se faire sans rogner un peu les marges. D'autant qu'Apple se met à fournir gratuitement certains logiciels, à la Google, comme toute sa suite iWork (Keynote, Pages, Numbers), l'équivalent de 40 euros d'applications donnés dans chaque nouvel appareil (iPhone, iPad et Mac) : Tim Cook a indiqué que la marge réelle serait supérieure de 1,7 point par rapport aux prévisions ce trimestre en retraitant cet effet.

Des bénéfices de roi du pétrole

Allier croissance et rentabilité record, quand on est un tel mastodonte, relève-t-il de la mission impossible ? Samsung Electronics, un peu plus gros qu'Apple en chiffre d'affaires du fait de sa branche semi-conducteurs, a progressé de 13% au troisième trimestre (et de 20% dans les mobiles), mais sa rentabilité est très en deçà, optimisation fiscale mise à part, de 12 points au niveau opérationnel : 16,5% contre 28,6% pour Apple.

Le californien a généré un bénéfice net annuel digne d'un roi du pétrole : 37 milliards de dollars, ce qui fait d'ailleurs d'Apple la deuxième entreprise dégageant le plus de profit au monde, derrière Exxon (45 milliards en 2012). A ce stade, les économies d'échelle ne jouent plus forcément et chaque point de croissance coûte plus cher. Dans le classement Fortune 500, dominé par les majors pétrolières et les banques, Apple est la seule entreprise high tech à se hisser aussi haut : Samsung est douzième avec deux fois moins de profits, Microsoft dix-septième et Google 40e avec quatre fois moins de bénéfices !

Comme le dit l'adage boursier, les arbres - même les pommiers - ne montent pas jusqu'au ciel… En Bourse justement, Apple est loin de ses plus hauts historiques de 700 dollars (526 dollars à la mi-séance) mais elle a reconquis sa place de première capitalisation boursière du monde, à 479 milliards de dollars, tandis qu'Exxon est retombé à 390 milliards. Dans le même temps, Google s'est envolé à 340 milliards, mais son concurrent Samsung continue de peser plus de deux fois moins (200 milliards)…

Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 31/10/2013 à 11:14
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VIVE APPLE a bas Samsung et andromerde qui ne savent pas innover par eu même et qui sont obliger de recopier APPLE

le 31/10/2013 à 16:59
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pourquoi la NSA surnomme les Apple fans les "zombies", elle surnommait aussi Jobs "big brother" et de la part d'une agence comme la NSA c'est une reconnaissance.

le 31/10/2013 à 17:00
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pourquoi la NSA surnomme les Apple fans les "zombies", elle surnommait aussi Jobs "big brother" et de la part d'une agence comme la NSA c'est une reconnaissance.

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