SFR et Bouygues Telecom scellent leur partage de réseaux mobiles

Les deux opérateurs ont annoncé ce vendredi soir leur accord de mutualisation dans la téléphonie mobile qui porte sur 57% de la population. Arnaud Montebourg a « salué cette réorganisation du secteur. »
Delphine Cuny
Les deux opérateurs vont déployer un nouveau réseau partagé sur une zone correspondant à 57% de la population, excluant les 32 plus grosses agglomérations de plus de 200.000 habitants et les zones dites blanches.

Deux ans après l'arrivée de Free Mobile, le marché commence déjà à se recomposer. SFR et Bouygues Telecom, les numéros deux et trois de la téléphonie mobile, ont annoncé ce vendredi soir avoir conclu l'accord de partage de réseaux qu'ils négociaient depuis juillet dernier. Ils vont déployer un nouveau réseau partagé sur une zone correspondant à 57% de la population, excluant les 32 plus grosses agglomérations de plus de 200.000 habitants et les zones dites blanches (où des dispositifs existent déjà).

Ce contrat de mutualisation doit leur permettre « d'améliorer leur couverture mobile et de réaliser des économies significatives » indiquent-ils dans un communiqué commun, sans préciser le montant des synergies attendues. Les détails seront dévoilés lundi matin lors d'une conférence de presse.

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui fustige la guerre des prix qui fait rage dans le secteur, a « salué cette réorganisation du secteur », qualifiée de « prometteuse » et d'un « pas majeur pour le retour du secteur à l'équilibre » vendredi, lors de la cérémonie des vœux de la Fédération française des télécoms.

Compatible avec l'avis du gendarme de la concurrence

Concrètement, les opérateurs vont créer une co-entreprise ad hoc qui gérera le patrimoine d'antennes-relais mis en commun. Cet accord dit de "RAN-sharing" consiste à mettre les antennes, les stations de base, les contrôleurs et les liens de transmission en commun et à se rendre mutuellement des prestations de service en se répartissant des zones en 2G, 3G et 4G. SFR et Bouygues devraient commencer à démonter très rapidement certaines de leurs antennes-relais avant d'installer des équipements partagés. La finalisation du réseau commun est prévue fin 2017. « Chaque opérateur conservera une capacité d'innovation autonome ainsi qu'une indépendance commerciale et tarifaire totale, et continuera de proposer des services différenciés grâce à la maîtrise de son cœur de réseau et de ses fréquences » insistent les deux acteurs.

Ce contrat n'a pas besoin de l'accord formel de l'Autorité de la Concurrence, puisqu'il ne s'agit « pas d'une fusion ou d'un rapprochement capitalistique », indique-t-on au siège des Sages, rue de l'Echelle. Les deux opérateurs l'ont présenté au gendarme de la concurrence qui l'a trouvé « globalement compatible » avec l'avis-cadre sur l'itinérance et la mutualisation qu'il avait rendu public en mars 2013 à la demande du gouvernement. L'Autorité de la concurrence se dit « persuadée qu'il s'agit d'une bonne solution, beaucoup plus acceptable qu'une concentration, et qui donne la respiration stratégique dont le secteur a besoin. »

Ne pas évincer des concurrents, tels que Free, prévient l'Arcep

En revanche, le régulateur des télécoms s'est montré plus réservé. Tout en disant « accueillir favorablement » l'accord, l'Arcep a indiqué dans un communiqué vendredi soir qu'il convenait « toutefois de vérifier, concrètement, que plusieurs conditions sont remplies » en particulier que les deux opérateurs resteraient bien « autonomes » sur le plan stratégique et commercial. Mais aussi que l'accord n'ait pas « pour effet d'évincer certains concurrents du marché », comprendre le quatrième opérateur, Free Mobile.

L'Arcep entend « étudier l'accord de façon approfondie » dans les prochaines semaines, afin de vérifier si ces conditions sont bien remplies, « en relation étroite avec l'Autorité de la concurrence » dont c'est plutôt le rôle. Free n'a pas réagi, mais avait laissé entendre qu'il envisageait un recours en contentieux. Orange n'a pas souhaité faire de commentaire.

Delphine Cuny

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