Comment Nokia compte profiter de l’écosystème Android

Le fabricant finlandais de téléphones, qui sera bientôt intégré à Microsoft, lance une gamme de smartphones sous les 150 euros équipés d’une version personnalisée du système d’exploitation de Google, dont il a expurgé tous les services. Mais les applications Android seront presque toutes compatibles.
Stephen Elop a présenté à Barcelone le Nokia X, équipé d'une version personnalisée d'Android et d'une interface aux carrés de couleur rappelant celle des Lumia, fonctionnant sous Windows Phone.

Du vert, rappelant la couleur du logo d'Android, le système d'exploitation de Google, un peu partout sur le stand de Nokia au Mobile World Congress de Barcelone. Même le patron du fabricant finlandais, Stephen Elop, porte des baskets vertes, comme un clin d'œil, ou un pied de nez, à Google ! Car Nokia, qui sera dans quelques semaines intégré à Microsoft, adopte Android sans y dissoudre son identité.

Il a dévoilé ce lundi matin, au salon mondial du mobile, toute une ligne d'appareils, les Nokia X, X+ XL, tournant sous Android, dans une version personnalisée, expurgée des services du géant de l'Internet, remplacés par ceux de Nokia, pour les cartes notamment, et ceux de Microsoft, et dotée d'une interface aux carrés de couleur rappelant celle de ses Lumia, fonctionnant sous Windows Phone. C'est le pari tenté par Nokia pour profiter de l'explosion du marché des smartphones d'entrée de gamme, sous les 150 euros.

Pousser les services Microsoft

Les utilisateurs pourront télécharger les applications Android, mais pas sur Google Play, le magasin en ligne de Google; ils devront se rendre sur le Nokia Store ou sur d'autres boutiques en ligne comme celle d'Amazon ou du russe Yandex. 75% des applications fonctionneront comme telles assure Nokia, les développeurs ne devant procéder qu'à des modifications mineures. Exit le cloud de Google aussi : Nokia le remplace par OneDrive, le service de stockage en ligne de Microsoft avec 7Go gratuits. Skype, la messagerie de l'éditeur de logiciels américain, sera aussi mise en avant.

« Microsoft pourra ainsi accéder à des consommateurs auquel il n'a jamais parlé avant » a expliqué Stephen Elop, en particulier dans les pays émergents où le prochain milliard d'internautes accédera à Internet via un Smartphone plutôt qu'un PC. La veille, un des dirigeants du programme Windows Phone chez Microsoft avait laissé entendre que le géant de Redmond n'était pas forcément ravi par le choix de Nokia d'adopter Android : « nous sommes enthousiasmés par certaines choses, un peu moins par d'autres » a déclaré Joe Belfiore lors d'une conférence de presse à Barcelone. « Cela ne se fait évidemment pas contre Microsoft, ni sans lui c'est notre partenaire stratégique » explique-t-on chez Nokia.

Attaquer Samsung et les chinois

Or pour l'instant le système d'exploitation Windows Phone ne s'adapte pas à des appareils d'entrée de gamme. Nokia avait un vrai vide dans son portefeuille de produits entre sa ligne Asha, plus proche du téléphone multimédia que du smartphone et souffrant d'un manque d'applications, et ses Lumia milieu et haut de gamme. Or le segment des appareils sous les 150 euros aurait enregistré une croissance de 20% en 2013, supérieure au reste du marché selon Strategy Analytics. Il devrait représenter 40% à 50% du marché français en 2014-2015, du fait de l'essor des ventes d'abonnement sans engagement selon l'institut GfK.

Les Nokia X, X+ et XL seront vendus entre 100 et 149 euros TTC, nus, sans subvention et ne seront d'ailleurs commercialisés que dans la grande distribution, pas chez les opérateurs en France. Orange va le lancer en Pologne et en Roumanie. « Selon nos études, 10 millions de Français ne sont pas encore équipés de smartphones, chez les plus jeunes et les plus âgés » indique Thierry Amarger, le directeur général de Nokia France, qui ne cache pas que le fabricant « vient attaquer un coréen et des chinois, dont un qui se fait passer pour un Français ! », en référence à Wiko.

Selon Bryan Wang, analyste chez Forrester, « les modèles Android entrée de gamme de Samsung seront la principale cible » et la gamme de Nokia « pourrait casser la stratégie produits de Samsung, et les acteurs chinois seront aussi lourdement impactés. » Stephen Elop a fait remarquer que « certains fabricants qui ont fait le choix d'Android ont des stands de plus en plus petits car ils n'ont pas réussi à se différencier » faisant sans doute référence à HTC, voire à Motorola, qui vient d'être racheté par Lenovo. Nokia pense ainsi pouvoir offrir à la fois la force de l'écosystème applicatif d'Android et ses propres atouts dfférenciants, y compris son réseau de distribution très étendu jusque dans les pays émergents.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 24/02/2014 à 22:47
Signaler
Mouais... un titre plus parlant eut mentionné comment Microsoft allait rentabiliser son acquisition de Nokia en forçant Androïd et les services de Microsoft à tous les étages.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.