Comment Lenovo va mettre le turbo dans le mobile avec Motorola

Le numéro un mondial des PC, qui avait repris les ordinateurs d’IBM, réussit une percée fulgurante dans l’univers de la mobilité. Le chinois compte accélérer avec l’intégration de l’américain Motorola, qu’il vient d’acquérir auprès de Google pour 2,9 milliards de dollars, comme l’explique à La Tribune son directeur exécutif marketing, David Roman.
La Yoga Tablet 10 HD+ de Lenovo dévoilée au Mobile World Congress de Barcelone

La Tribune : Le mobile devient-il la nouvelle priorité de Lenovo ?

David Roman : Notre objectif est clair : nous venons attaquer ce marché en forte croissance avec l'ambition de devenir un acteur important du secteur, dans le cadre de notre stratégie « PC plus », comme l'a expliqué notre PDG, Yang Yuanqing. Nous sommes numéro un du PC depuis l'an dernier [devant HP] mais nous avons en fait vendu plus de tablettes et de smartphones que d'ordinateurs ! Le Mobile World Congress devient un événement clé pour nous. C'est seulement la deuxième année que nous sommes présents, notre PDG est sur place, nous avons un grand stand, car nous avons plus de produits à présenter. Lenovo est désormais le numéro quatre mondial des smartphones [derrière Samsung, Apple et Huawei, NDLR], avec une part de marché proche de 5%, grâce à nos positions en Asie. Nous sommes le numéro deux en Chine, un marché très concurrentiel et nous sommes très forts en Inde, en Russie, au Moyen-Orient.

Vous allez dépasser Huawei et devenir numéro trois mondial à la finalisation de l'acquisition de Motorola ?

La croissance est tellement forte dans le secteur, c'est difficile à dire ! En Indonésie, par exemple nous sommes partis de zéro il y a quelques mois et nous avons désormais 10% de part de marché. Le rachat de Motorola va clairement nous permettre d'accélérer, grâce aux actifs que sont ses équipes, sa propriété intellectuelle [conservée par Google mais utilisée sous licence NDLR], ses relations avec les opérateurs, et bien sûr la puissance de sa marque, qui a une grande valeur. Nous avons prouvé que nous sommes capables de renforcer les marques que nous acquérons comme ThinkPad, NEC pour les PC au Japon, Medion en Allemagne. La sortie de nouveaux produits comme le Moto G a montré que c'est un nom encore très connu et populaire aux Etats-Unis, en Amérique latine, et étonnamment en Inde ou en Chine. Motorola a aussi été relancé en Europe où nous n'avons pas encore sorti nos smartphones sous la marque Lenovo.

Est-ce complexe pour un fabricant de PC de se lancer dans le mobile ?

Le modèle économique est très différent de celui du PC, il faut investir beaucoup plus en marketing. Et le smartphone requiert tout un écosystème : on ne peut pas entrer sur un marché uniquement avec notre matériel, il faut se lancer de façon réfléchie, avec des partenaires, soit des distributeurs, soit des opérateurs. Les relations avec les opérateurs sont un point très important : il y a des aspects très techniques de spécifications, de tests, c'est totalement nouveau pour nous. L'acquisition de Motorola va nous permettre d'aller beaucoup plus vite.

Android va-t-il rester votre unique plateforme ?

Les smartphones de Motorola sont sous Android, les nôtres aussi, tout comme nos tablettes. Mais nous avons aussi des tablettes et des PC sous Windows 8 et nous avons annoncé que nous lancerons un smartphone sous Windows Phone. Nous regardons ce qui a du sens, ce que le marché réclame. Ceci étant dit, nous nous concentrons sur Android, nous avons un bon partenariat avec Google [qui détiendra 6% du capital de Lenovo à l'issue du rachat de Motorola NDLR], même si nous avons notre propre magasin d'applications en Chine - où les services de Google ne sont pas disponibles - et nous enregistrons 20 millions de téléchargements par jour !

Mais comment se différencier lorsque presque tous les fabricants, même Nokia, font de l'Android ?

Il y a de la valeur dans la différenciation et c'est ce que nous faisons déjà depuis des années dans le PC, puisque nous arrivons à croître, à gagner des parts de marché sans sacrifier nos marges. Regardez nos tablettes, en particulier la Yoga, au design innovant, avec ce cylindre latéral qui sert de poignée et de support. Pour nos campagnes de communication, nous nous sommes associés à l'acteur Ashton Kutcher, qui a désormais le titre d'« ingénieur produit. » Il nous aide à « rafraîchir », à rajeunir l'image de la marque. Car Lenovo existe depuis trente ans, la société a été créée en 1984, ce qui a des côtés positifs, c'est une marque connue, mais aussi des côtés négatifs, pour ceux qui veulent des produits « cool». Nous misons sur certains produits comme notre tablette Yoga vraiment différente en design pour changer l'image de la marque, venue de l'univers de l'informatique, qui reste parfois trop associée au Thinkpad, au monde des professionnels et de la productivité.

> Voir le clip de la Yoga Tablet avec Ashton Kutcher

Pourriez-vous entrer sur le marché des objets et autres montres connectés ?

Nous n'avons pas encore de produits dans ce domaine, mais c'est le tout début de ce marché. Nous attendons que le paysage s'éclaircisse un peu et nous pouvons ensuite aller très vite, car nous sommes des spécialistes du hardware. L'important aujourd'hui est que tous ces appareils connectés communiquent bien entre eux, que ce soit fluide pour l'utilisateur, nous investissons dans le logiciel dans cet objectif. Nous regardons ce marché, ce serait une extension logique.

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Commentaire 1
à écrit le 27/02/2014 à 10:23
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Lenovo a montré une expertise et un professionnalisme impressionants . Construisant en quelques années seulement un véritable empire. Mais , Huawei est également un constructeur très très doué. Les Barons , et les Marquis , de ces deux entreprise...

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