« Si Bouygues et SFR fusionnent, ce ne serait pas un drame pour Orange »

Stéphane Richard, le PDG d’Orange, qui a présenté ce jeudi matin les résultats annuels du groupe, confie à La Tribune sa réaction à l’annonce des deux offres de rachat de SFR déposées mercredi par Altice (Numericable) et Bouygues auprès de Vivendi.
« Nous ne sommes pas hostiles en soi à la réduction du nombre d’opérateurs en France » confie Stéphane Richard, le PDG de l’opérateur historique.

Comment analysez-vous l'éventuel rachat de SFR par Numericable ou Bouygues Telecom ?

Tout ceci ne fait que confirmer ce que nous disons depuis plusieurs mois. C'est très bien, il faut qu'il y ait une consolidation, c'est une nécessité dans notre secteur. Evidemment, Orange ne peut pas y participer en France, nous sommes trop gros. Mais ce n'est pas une mauvaise nouvelle. Nous ne sommes pas hostiles en soi à la réduction du nombre d'opérateurs en France. Nous avons la même approche que Deutsche Telekom : il ne cherche pas à bloquer la fusion d'e-Plus (KPN) et O2 (Telefonica) qui va pourtant créer le numéro un du mobile en Allemagne, plus gros que lui.

Je relève que la vente de SFR en soi n'est pas liée directement à l'état du marché mobile en France, mais à la stratégie de recentrage sur les médias de Vivendi. Ceci dit, le fait qu'il n'y ait que deux offres françaises est un message fort : il n'y a pas beaucoup d'investisseurs étrangers prêts à mettre de l'argent dans les télécoms en France, vu le climat de concurrence qui y règne.

En cas de fusion de SFR et Bouygues, ne perdriez-vous votre place de numéro un du mobile ?

Si l'on additionne les parts de marché en volume, le nombre de cartes SIM [21 millions et 11 millions NDLR], le nouvel opérateur né d'une fusion SFR-Bouygues serait momentanément devant nous [27 millions], en supposant que tous les clients restent. Or l'on sait que, dans ces cas de figure, 1+1 n'est pas égal à 2 mais à moins, il y a une déperdition substantielle. Toutefois, en valeur, nous pensons qu'Orange serait au même niveau, peut-être même un peu devant. Je pense que cela pourrait même booster les équipes d'Orange qui seraient obsédées par l'idée de redevenir leader. Ce ne serait pas un drame ! D'ici à ce qu'une telle opération puisse se faire, ce qui prendrait à mon avis au moins un an à 18 mois, nous en profiterions au maximum… et Free aussi j'imagine !

Une telle opération ne vous inciterait-elle pas à discuter de mutualisation avec Free ?

Oui, peut-être. Mais l'opération de rachat de SFR prendra du temps. En Autriche, un plus petit pays où nous avons vendu notre filiale, il a fallu 18 mois pour arriver au bout. Je ne dis pas que la fusion de SFR et de Bouygues Telecom ne pourrait se faire : l'Autorité de la concurrence n'a pas de dogme sur le nombre d'opérateurs, tout est une question de remèdes.

Une fusion SFR Numericable n'aurait-elle pas moins d'impact négatif pour Orange ?

Nous n'avons pas à nous prononcer sur tel ou tel rapprochement, c'est du ressort du vendeur et des pouvoirs publics. Nous serons bien sûr très attentifs aux effets sur le marché, au maintien de l'équilibre de la concurrence et aux remèdes que l'Autorité de la concurrence ne manquera pas de demander, en particulier dans le cas de la fusion Bouygues-SFR. Si on additionne les deux, leur patrimoine de fréquences serait considérablement plus élevé que le nôtre. Qu'adviendra-t-il du réseau mobile de Bouygues Telecom ? Il faudra décommissionner un grand nombre de sites. Se pose aussi la question du réseau physique de magasins. Dans le cas de SFR-Numericable, le marché mobile n'est pas concerné mais cela bouscule la donne dans le très haut débit en faisant entrer le câblo-opérateur dans le plan France très haut débit. Nous avons un accord de cofinancement avec SFR dans la fibre optique et il n'est pas prévu que nous nous substituions de façon automatique et généralisée en cas de défaillances. Nous pourrions, ainsi que les collectivités, demander des dommages et intérêts. Numericable a pris des engagements en matière de déploiement du très haut débit, il faudra voir comment cela serait mis en œuvre.

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Commentaires 6
à écrit le 06/03/2014 à 17:15
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Bon , Orange ils sont gentils , mais ils vont pas faire un article chaque fois qu'ils pètent de travers !!! ça pèse que dalle , financièrement , Orange ... Des voitures , des avions , des petites culottes !!! Des trucs qui rapportent du fric à ...

le 07/03/2014 à 0:12
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Ce n'est pas orange qui fait l'article !

à écrit le 06/03/2014 à 16:05
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Le first c'est celui qui détient le réseau(composants physiques) à savoir Orange opérateur historique comme disent les bonnes âmes.

à écrit le 06/03/2014 à 15:53
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Cela se sent que Stéphane Richard est sur le départ et une telle fusion représenterait une belle opportunité pour sa carrière compromise chez Orange.

le 06/03/2014 à 18:45
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Lol tu crois vraiment qu'il pourrait allez chez un concurrent ? Réfléchis il y a des clauses vis à vis de la concurrence... Si vraiment il partait il serait impossible pour lui qu'il soit à la tête d'un nouvel opérateur concurrent à orange

le 07/03/2014 à 13:16
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c'est possible si il est licencié ie: tavares est passé de renault vers peugeot jamais trop compris vos clauses de non-concurrence en france, archaïque et anti-liberal

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