Orange attaque l'accord de partage de réseaux de SFR et Bouygues Telecom

L'opérateur vient de saisir l'Autorité de la concurrence au sujet de l'accord de mutualisation des réseaux mobiles finalisé par ses rivaux fin janvier, selon Les Echos. Une plainte qui arrange peut-être Bouygues.
Delphine Cuny
Olivier Roussat, le PDG de Bouygues Telecom, et Jean-Yves Charlier celui de SFR, dévoilant leur accord de mutualisation des réseaux mobiles le 3 février.

Orange a patiemment attendu trois mois avant de se décider à attaquer auprès de l'Autorité de la concurrence l'accord de partage des réseaux mobiles de ses rivaux SFR et Bouygues Telecom, signé le 31 janvier dernier. Selon Les Echos, l'opérateur historique a saisi ce jour le gendarme de la concurrence, qui a confirmé l'information, et lui a transmis cinq griefs. Orange juge l'accord anti-concurrentiel du fait de son périmètre très large : il concerne 57 % de la population, soit au moins 80 % du territoire. En ajoutant les "zones blanches" où les trois opérateurs mutualisent déjà leurs antennes, la concurrence par les infrastructures est réduite à 1,6% de la population et 16% du territoire, fait valoir Orange.

Une porte de sortie pour Bouygues Telecom ?

L'opérateur dirigé par Stéphane Richard estime aussi que le mode de mutualisation choisi, un partage des zones dévolues à chacun des deux partenaires, risque de rendre celle-ci irréversible. Il soupçonnent aussi ses concurrents de vouloir aller plus loin et de partager leurs fréquences, ce qui a été clairement interdit par l'Autorité de la concurrence. Orange demande aussi de la transparence dans le processus de cession des sites que le tandem souhaite démonter : il veut pouvoir lui aussi acheter des antennes, aux mêmes conditions que Free. Bouygues Telecom sera-t-il vraiment ennuyé de cette saisine ? La bataille perdue pour le rachat de SFR a laissé des cicatrices chez le groupe de BTP et sa filiale, le coeur n'y est plus pour discuter. La plainte d'Orange, qui est prêt à entamer des discussions de mutualisation avec Bouygues, pourrait lui offrir une porte de sortie bienvenue. Il reste à voir quel serait le coût réel de rupture de cet accord qui devait faire économiser 300 millions d'euros par an aux deux partenaires (200 pour SFR et 100 millions pour Bouygues) : or la future mariée de Numericable a laissé entendre qu'elle pourrait réclamer 1 milliard d'euros de dommages et intérêts. Un montant lancé par le PDG de SFR lui-même en interne, "sur le ton de la plaisanterie" minimise le groupe, mais non démenti.

 

Delphine Cuny

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