Startups : « il faut de l’argent pour sauver la French Tech ! »

Les 15 millions d’euros annoncés pour des opérations de communication sur les startups françaises n’ont toujours pas été débloqués et seraient menacés. Le mouvement de mobilisation collective risque de retomber, s’inquiète notamment Jérôme Lecat, fondateur et patron de Scality.
Delphine Cuny
François Hollande a reçu à l'Elysée le 11 juin dernier des investisseurs américains et des représentants de la French Tech, dont Jérôme Lecat (à gauche), le fondateur et patron de Scality (Reuters).

« La French Tech reste-t-elle un projet du gouvernement ? » s'interroge un haut fonctionnaire, dubitatif, bien que de nombreuses métropoles se bousculent pour déposer leur candidature à la labellisation. Cette initiative lancée à l'automne par Fleur Pellerin, à l'époque ministre déléguée au Numérique, afin de mobiliser l'écosystème français des startups dans toutes les régions et le faire connaître à l'étranger, serait menacée par les coupes budgétaires. « Le programme des investissements d'avenir est en cours de réexamen, une ponction va être opérée et personne n'est à l'abri. Or Matignon soutient assez mollement la French Tech » révèle cette source gouvernementale.

Ce sont en fait les 15 millions d'euros de subvention annoncés en janvier pour des «opérations d'attractivité internationale » qui sont sur la sellette, et non les 200 millions d'euros que Bpifrance investira dans des programmes privés d'accélération de startups. « Des arbitrages sont en cours. Les 15 millions dédiés ne sont pas encore signés » reconnaît une source proche du dossier à Bercy, qui espère cette signature « d'ici fin juillet ou fin août ». Cette enveloppe modeste avait déjà été obtenue de haute lutte,  le principe de « subventions pour faire de la publicité » étant mal accepté.

« Une mobilisation incroyable »

Très investi dans cette mise en avant des startups françaises, Jérôme Lecat, fondateur et directeur général de Scality, entreprise de technologie de stockage à grande échelle, ne cache pas son inquiétude. Installé à San Francisco, mais régulièrement de passage à Paris où se trouve le siège de Scality, l'entrepreneur, qui avait écrit une « lettre ouverte d'un startupper à François Hollande» en février dernier - au moment de la visite du Président de la République dans la Silicon Valley, pour lui expliquer le problème d'image de la France à corriger - et qui avait été moteur dans l'opération séduction des investisseurs américains invités à Paris et même à l'Elysée en juin dernier, ne comprend pas que rien n'ait bougé depuis janvier.

« Je trouve choquant que cet argent - 15 millions d'euros, c'est très limité à l'échelle du budget de l'Etat - n'ait toujours pas été débloqué » confie Jérôme Lecat. « La French Tech a besoin de moyens d'action. Sinon, on risque de tuer ce mouvement et la mission French Tech perdre de sa crédibilité. Le soufflé risque de retomber alors qu'il y a une mobilisation incroyable sur le terrain depuis six mois » s'alarme l'entrepreneur.

«Etablir la marque, la faire grandir à l'international »

Signe de cette absence de moyens : ce n'est pas la mission French Tech, rattachée à Bercy, qui a contribué au financement de la visite des investisseurs américains à Paris et à la French Touch Conference organisée fin juin à New York, comme prévu initialement, mais l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII), relève-t-il.

« La French Tech est une idée géniale. Cela fait 20 ans que je travaille dans des startups et pendant 19 ans et demi, j'ai travaillé seul dans mon coin. Mais depuis six mois, il se passe quelque chose. Le simple fait de mettre une bannière, une marque, a eu un effet dynamisant. C'est un vrai bonheur ! », s'enthousiasme le fondateur de Scality. « Or il faut établir cette marque, la faire grandir à l'international. La French Tech a besoin de ces 15 millions d'euros pour organiser des événements afin que les startups françaises soient aussi reconnues à l'étranger que le luxe ou le vin. »

Des opérations de communication et des événements sont nécessaires selon lui afin de «créer un dialogue sur le long terme avec les « VC » (venture-capitalists) de la Silicon Valley, emmener des membres du gouvernement en Californie et à New York, organiser des voyages à Paris et en région », comme le font à leur manière Israël ou la Tech City londonienne. Jérôme Lecat relève que « les entrepreneurs sont prêts à donner de leur temps et un coup de main, mais ce n'est pas leur métier. Il faut que l'Etat tienne sa promesse. »

Delphine Cuny

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Commentaires 37
à écrit le 28/07/2014 à 12:17
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Reculer sur ces 15 M€, c'est ne pas mesurer l'impact psychologique sur l’écosystème numérique, sur les investisseurs, les porteurs de projets et l'innovation. C'est l'économie de bout de chandelle qui fait basculer un état d'esprit positif vers une e...

à écrit le 28/07/2014 à 0:25
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Au moins nos impôts serviraient à qq. chose pas à fond perdus dans le rsa et autre assistanat!

à écrit le 26/07/2014 à 20:02
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Quel naïveté ces entrepreneurs ... les politiques préfèrent payer des logements sociaux avec l'argent de classe moyenne aux BAC-5 qui affluent plutôt que de financer les entreprises , eh oui ,il faut bien se faire réélire (ex la situation à paris...)...

à écrit le 26/07/2014 à 19:15
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Encore des fils de bourges qui se prennent pour les chefs de d entreprises !

à écrit le 26/07/2014 à 17:48
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Quelqu'un pourra-t-il m'expliquer ce que c'est la French Tech ? C'est qui ?Ca sert à quoi ? Ca va où ?

à écrit le 26/07/2014 à 14:37
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Ça étonne encore qui ces promesses non tenues ? Prenez le choc de simplification, c'est une mascarade ! On vient de renforcer les contraintes pour les stagiaires ainsi que pour je syntec qui impose de nouveaux dispositifs ... Toujours le double disco...

à écrit le 26/07/2014 à 13:39
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Y en a mare des start up! Sous pretexte que c'est jeune, branché et techno ils se croient preservés Vive les entreprises!

à écrit le 26/07/2014 à 12:59
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Ils sont bien gentils ces entrepreneurs de la French Tech, ils touchent un max d'aides en tout genre pour lancer leur boite, puis dès que ça commence à bien marcher, ils filent à Londres ou aux US. D'ailleurs, ce Jérôme Lecat vit à SF alors que le si...

le 04/08/2014 à 8:10
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Scality a recruté au moins 15 personnes sur Paris sur les 25 nouveaux employés depuis Janvier . Si une entreprise "high tech" veut percer dans un domaine aussi particulier que le big data, elle se doit d'avoir une présence en Californie si elle veu...

à écrit le 26/07/2014 à 11:51
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Ah ces jeunes patrons qui réclament des aides et qui dans quelques années licencieront à tour de bras pour se faire plus de pognon.... J'adore la société d'aujourd'hui où on stigmatise les allocataires de la CAF et où on met sur un pied d'estale ceux...

à écrit le 25/07/2014 à 19:25
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Allez, Hollande, demande donc ce fric à tes amis américains, ou alors arrêtes tes conneries de sanctions envers la Russie !

le 28/07/2014 à 0:27
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Euh c'est le contraire mon ami!

à écrit le 25/07/2014 à 18:29
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une fois de plus les entreprises française vont tendre la sébille vers l'Etat. Incapables d'investir dans la recherche et l'innovation par manque de motivation et de dynamisme ( de l'argent il y en a sur les marchés ), et davantage intéressées par ...

le 25/07/2014 à 19:13
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Ne sont-ce point ces entreprises dont les patrons ne voulaient pas être des pigeons? Des pigeons ramiers (ramier dans les sens feignant) qui se nourrissent des subsides de l'état.

à écrit le 25/07/2014 à 17:41
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"emmener des membres du gouvernement en Californie ou à New York" . Pour faire quoi ? Se pavaner et se goberger aux frais du contribuable ? Il vaudrait mieux les mettre en stage dans des entreprises pour qu'ils voient la réalité du terrain

à écrit le 25/07/2014 à 17:15
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Ma boite pourrait être concernée et j'espère bien que cette opération n'aura pas lieu: je préférerai être moins taxé, ou que l'ISF et la taxe sur les salaires au dessus du million n'existent pas: on peut faire toute la com' qu'on veut, quand on a un ...

le 26/07/2014 à 8:46
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Exact! Il faut d'abord laisser les moyens d'investir plutôt qu'étranger et ensuite promettre une aumône, promesse présidentielle évidemment non tenue.

à écrit le 25/07/2014 à 15:35
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C'est marrant on nous publie un indicateur global Innovation Index, nous sommes 22èmes. Alors on est des bons? Alors on joue au Parlement de corée, on maximise le chômage et on démolit l'économie? Il y aurait des milliards égarés en Europe? Alors on ...

le 26/07/2014 à 12:47
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Commentaire incompréhensible... Ne vous étonnez pas de ne pas avoir ce que vous voulez si vous êtes incapable de le formuler correctement

à écrit le 25/07/2014 à 15:14
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ces détracteurs d'un l'état inefficace et trop cher sont toutefois les premiers à tendre leur gamelle pour récupérer quelques subsides.... Qu'ils se démerdent donc ces soit disant entrepreneurs !!!!!!!!! Hermes demande t'il a l'état de lui payer s...

à écrit le 25/07/2014 à 13:11
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Il ne faut surtout pas de l'argent public, l'état pourrie toutes les actions économiques et autres où il intervient. Il faut arrêter de détourné le produit du travail des Français au quasi seul profit de l’état. Laissé le résultat économique des Homm...

à écrit le 25/07/2014 à 12:40
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encore des promesses non tenue,??ON DIT AU X JEUNES GREES VOS ENTREPRISSES ET ON NE LES AIDE PAS? ce nest pas comme cela qu on va refaire l industrie francaisse,???

le 25/07/2014 à 19:16
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"ON DIT AU X JEUNES GREES VOS ENTREPRISSES"...Avec des voiles et un seul S.

le 26/07/2014 à 13:07
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Les Marc Zuckerberg et autres n'ont pas reçu d'argent de l'état américain pour développer leur boite. Ils ont par contre convaincu des investisseurs privés.

à écrit le 25/07/2014 à 12:10
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Si un mecs qui a un decouvert de 100 000 euros vous demande de lui preter 15 euros vous assurant que c'est 'modeste' par rapport a ses 100 000 euros de decouvert, ca vous parait convainquant? En claire ils vont emprunter 15 millions pour les depen...

à écrit le 25/07/2014 à 11:21
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Faciliter l'innovation: 1. Phase 1: le concept: pour tout pré-projet validé, un salaire minimum sans aucune charge payé par l'état pour deux personnes, de moins de 30 ans, 2. Phase 2: la mise ne musique: pour tout projet validé, 1 à 5 millions d'eu...

le 25/07/2014 à 15:17
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à Bili Hari... Si je vous écoute, pour résumer c'est a l'état de financer le dévellopement et au privé d'en récolter les bénéfices... L'innovation ce n'est pas un gros chèque de l'état. Quand j'étais jeune, je me souviens d'un dicton qui m'a ma...

le 26/07/2014 à 8:38
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Je me suis certainement mal exprimé: phase 2, l'argent mis par l'état conduit à une participation dans la startup de 51 pour cent, l'état ayant pouvoir de contrôle et pouvant décider de rester ou de vendre par la suite sa participation. Je crois très...

à écrit le 25/07/2014 à 11:13
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Un peu ringarde la photo: pas beaucoup de jeunes de 25/30 ans..On est dans la com..je suis assez d'accord avec le gouvernement pour ne pas mettre un seul euro dans des opérations de communication.

à écrit le 25/07/2014 à 10:52
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Il suffit de taxer les abonnements internet pour dégager les fonds.ou appliquer la redevance télévisuelle aux possesseurs d'ordinateurs ou de smartphones qui se soustraient au financement d'un audiovisuel public de qualité

le 25/07/2014 à 17:13
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"PS" et "il suffit de taxer": c'est bien ce qu'on observe depuis 2 ans...

le 25/07/2014 à 17:44
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à élu PS: audiovisuel de qualité ? Laissez-moi rire...

à écrit le 25/07/2014 à 10:12
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Des coureurs de subventions !! Il ferait mieux de bosser et nos politiciens dd réformer le pays

à écrit le 25/07/2014 à 9:40
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Que ces entrepreneurs se remuent, ouvrent leur capital aux business angels, aillent convaincre BPI. PAS BESOIN D'EXTORQUER 15 patates à des politiques qui n'y comprennent rien et veulent juste poser sur la photo. Cela fait cher le cliché !

à écrit le 25/07/2014 à 9:27
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toujours le contribuable qui subventionne , les banques et les épargnants eux ne peuvent pas financer ? , ah si il faut les taxer et retaxer ce vilain capital et tout laisser au livrets defiscalisés remuneré en paille , tant que nos élites ne compren...

le 28/07/2014 à 11:49
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Très juste balzac! On incite l'épargne non productive, notamment ce livret A ridicule que personne ne nous envie, et on taxe l'investissement productif! Mais est-ce étonnant de la part de gouvernants qui ont un patrimoine tourné vers l'immobilier et ...

à écrit le 25/07/2014 à 8:44
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Oui à l'investissement.

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