Max Schrems, l'étudiant autrichien à l'origine de la pétition contre Facebook

Le jeune militant a appelé tous les utilisateurs de Facebook à soutenir son initiative. Faute de bras suffisants pour vérifier l'identité de chacun, il restreint pour l'instant à 25.000 le nombre de ses co-plaignants, qui réclament chacun 500 euros de dommages-intérêts à Facebook pour l'utilisation de leurs données personnelles.
Le juriste de 26 ans a convaincu 60.000 personnes de s'associer à sa plainte déposée en août devant un tribunal à Vienne contre le réseau social aux 1,2 milliard d'utilisateurs actifs chaque mois.

C'est un peu David contre Goliath à l'ère numérique: le plus grand recours collectif intenté en Europe contre Facebook doit beaucoup à un étudiant autrichien, Max Schrems, en guerre depuis trois ans contre l'exploitation des données personnelles sur internet.

Le juriste de 26 ans a convaincu 60.000 personnes de s'associer à sa plainte déposée en août devant un tribunal à Vienne contre le réseau social aux 1,2 milliard d'utilisateurs actifs chaque mois.

Une thèse de doctorat sur le sujet

"Nous attaquons Facebook sur sa politique de confidentialité, la participation au programme d'espionnage Prism de services secrets américains, la fonction 'Graph Search', le tracking sur les pages autres que Facebook (suivi via le bouton "J'aime"), parmi une vingtaine d'autres infractions", énumère pour l'AFP le jeune homme, qui termine une thèse de doctorat sur le sujet et vient de publier "Bats-toi pour tes données!", un ouvrage militant.

Discret mais combatif, Max Schrems "s'expose constamment" dans les médias pour donner un visage à la cause de la protection des données personnelles, souligne Josef Irnberger, porte-parole de l'Initiative autrichienne pour la liberté des citoyens sur internet (IfNf), cité par l'AFP: "Je le respecte énormément pour cela."

Le déclic lors d'une conférence dans la Silicon Valley

Max Schrems, lui-même utilisateur de Facebook depuis 2007, a pris l'habitude de raconter aux journalistes comment lui est venu le déclic de sa croisade bénévole. C'était lors d'une conférence dans la Silicon Valley, où il se trouvait pour un semestre d'échange.

"Les Américains se moquaient ouvertement des Européens" pour leur insistance sur les droits fondamentaux, se rappelle-t-il. "Ils disaient que cela ne prêtait pas à conséquence" de ne pas respecter les textes européens sur la protection des données personnelles.

Plus de 1000 pages de données personnelles

De retour en Autriche, l'étudiant demande à Facebook de lui envoyer une compilation de ses données personnelles, et reçoit un fichier de 1.222 pages répertoriant minutieusement toutes ses informations présentes sur le site, même celles qu'il pensait avoir supprimées.

De ce choc, il dit avoir tiré une leçon : pour les géants de l'internet, "les données personnelles sont le nouveau pétrole. Ils veulent les acquérir, c'est tout".

En août 2011, il dénonce Facebook pour la première fois pour détention abusive de données personnelles devant l'Autorité de protection de la vie privée en Irlande (DPC), le pays où est établi le siège européen du réseau social.

Plus de 60.000 internautes dans toute l'Europe ont demandé à s'associer au recours collectif qui vient d'être déposé à Vienne pour amplifier la démarche de 2011.

Le jeune militant a en effet appelé tous les utilisateurs de Facebook à soutenir son initiative via le site www.fbclaim.com. Faute de bras suffisants pour vérifier l'identité de chacun, il restreint pour l'instant à 25.000 le nombre de ses co-plaignants, qui réclament chacun 500 euros de dommages et intérêts à Facebook.

Encouragé par la Cour européenne de Justice

La procédure débute à peine. Le tribunal viennois a demandé à Facebook Ireland, la filiale européenne de la firme californienne, de donner une réponse dans les quatre semaines.

Facebook n'est pas seul dans le collimateur de Max Schrems. En 2013, après les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage électronique pratiqué par les États-Unis à l'échelle mondiale, l'Autrichien a lancé une nouvelle procédure visant Facebook, mais aussi Microsoft, Yahoo! et Google.

Il se dit aujourd'hui encouragé par la décision de la Cour européenne de justice, en mai dernier, de contraindre les moteurs de recherche à respecter le "droit à l'oubli" des internautes européens.

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Commentaires 10
à écrit le 04/09/2014 à 13:42
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1 222 pages... J'en reste scotché qu'il les ait obtenu, d'ailleurs. Comme je suis content d'être resté sur l'IRC...

à écrit le 04/09/2014 à 11:06
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Après un passage sur fbk il faut virer ses cookies.

le 04/09/2014 à 13:43
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Donc, vous n'avez rien compris à l'informatique. T'inquiètes, ça les arrange...

à écrit le 04/09/2014 à 10:31
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cette bonne blague... dans les CGU il est marqué que vous leur cédiez sans droit de retour tout ce que vous y marquez dessus pour une durée de 100 ans, y compris votre propre nom si ils veulent. Faut lire avant de signer, gros malin. La seule action ...

le 04/09/2014 à 13:45
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Lire 40 pages de conditions remplies de termes tendancieux à double sens avec la connaissance complète de la Loi concernant le Droit de l'individu, vous êtes vraiment un crack... Je vous embauche comme avocat privé.

le 04/09/2014 à 16:15
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@yvan : pour une fois je suis totalement en accord avec vous. D'autant que se désinscrire ne supprime en rien les données qui sont soigneusement conservées.

le 05/09/2014 à 10:30
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Et ce d'autant que les conditions d'utilisation sont en plus souvent écrites avec des renvoies en ... langue étrangère!

à écrit le 04/09/2014 à 9:21
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Cette initiative mérite d'être soutenue, ne serait que pour notre économie numérqiue. Tous les budgets de la pub en ligne risque (si ce n'est déjà le cas) de passer en très brande majorité dans la main de ces géants ce qui fragiliserait notre économi...

à écrit le 04/09/2014 à 9:19
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Encore un espionné à l'insu de son plein gré...

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