Le fleuron français de la hifi, Cabasse, racheté par Awox, l'entreprise hexagonale qui monte dans les objets connectés, un marché très prometteur. Entrée en Bourse en avril dernier - une opération qui lui a permis de lever 21,5 millions d'euros - Awox annonce en effet ce lundi l'acquisition de Cabasse, réputée mondialement pour ses enceintes haut de gamme, et qui était détenue depuis 2006 par le japonais Canon. La PME montpelliéraine débourse 2 millions d'euros en cash dans l'immédiat et paiera jusqu'à 2,5 millions d'euros supplémentaires dans les trois ans à venir, en fonction de divers indicateurs de performances. Awox travaillait depuis près de cinq ans en collaboration avec l'entreprise de hifi installée à Plouzané à l'ouest de Brest, avec laquelle elle a conçu une enceinte WiFi Striim Sound et le projecteur connecté « le Bloc » de l'opérateur Orange. Cette acquisition va lui permettre de doubler de taille, en portant son chiffre d'affaires à 14 millions d'euros, et de renforcer son offre dans les appareils connectés pour la maison.
« Alors que l'audio constitue l'usage le plus important des individus dans le cadre de la maison intelligente, ce rapprochement avec Cabasse permet à Awox de se doter d'une marque mondialement reconnue, d'un réseau de distribution et de compétences technologiques spécifiques sur les haut-parleurs qui vont nous permettre de continuer à innover dans l'univers du lighting hybride, sur lequel Awox connaît un fort développement. » a commenté le PDG d'Awox, Alain Molinié, dans un communiqué.
Du BtoB à la maison connectée
Il assure que sa société va aider le spécialiste de l'acoustique haute fidélité, fondé en 1950, dans la mutation du marché vers le streaming, soulignant que « Cabasse a manqué de budgets marketing pour développer de nouveaux produits. Cela va changer » a-t-il confié dans une interview au Figaro. Du côté des effectifs, Awox va intégrer la trentaine de salariés de Cabasse et emploiera ainsi 80 personnes.
Peu connue du grand public, Awox, créée en 2003, était initialement un acteur du BtoB, dont l'essentiel des recettes provenait de licences logicielles sur le standard DLNA qui permet de faire communiquer des appareils électroniques de marques différentes, ainsi que de la conception d'appareils sous marque blanche (le poste LiveRadio d'Orange par exemple). Son incursion dans l'électronique grand public est récente avec le lancement l'an dernier de premiers produits à sa marque comme sa gamme d'ampoules LED hybrides Striim Light, qui font aussi enceintes et répéteurs WiFi, primées au CES de Las Vegas. L'acquisition de cette entreprise très complémentaire va l'aider à atteindre son objectif de quadrupler son chiffre d'affaires en trois ans, à 30 millions d'euros en 2016, annoncé au moment de son introduction en Bourse, qui avait été très bien accueillie par les investisseurs (cinq fois plus de demandes que de titres offerts). Awox capitalise aujourd'hui 67 millions d'euros.
Un marché naissant d'où émergent des géants mondiaux
Bien sûr, on est loin des valorisations folles du secteur des objets connectés aux Etats-Unis, comme le rachat du fabricant de thermostat intelligent Nest pour 3,2 milliards de dollars par Google, ou, dans un domaine connexe, la récente acquisition des casques Beats par Apple (3 milliards). Une autre entreprise en vue dans les objets connectés, la startup française Netatmo (station météo, thermostat, etc) avait levé 4,5 millions d'euros l'an dernier. Les sociétés hexagonales ont cependant leur carte à jouer dans cet univers au potentiel énorme : Juniper Research estime que le marché des appareils domestiques connectés devrait croître de 30% en rythme annuel d'ici à 2018 pour dépasser les 3 milliards d'unités. Dans un marché naissant où émergent déjà quelques géants mondiaux, la PME française met les bouchées doubles dans le développement commercial et le marketing : elle vient d'ouvrir trois nouveaux pays (Allemagne, Italie, Espagne), a nommé un responsable des ventes en Amérique du Nord, un directeur marketing monde, ce qui a pesé sur ses résultats au premier semestre (perte opérationnelle creusée à 1 million d'euros).
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