À Aix-Marseille, le numérique est un cheval de Troie

Alignement de planètes dans les Bouches-du-Rhône en faveur de la Métropole French Tech : en mars dernier, Marseille et Aix-en-Provence ont déposé une candidature commune.
À Marseille, le roi de l'économie numérique est Kévin Polizzi, dont la société créée en 2006 est aujourd'hui millionnaire (17 M € de CA en 2013 pour 2 M € de résultat net, 50 emplois). (photo Jaguar Network)

Le 19 mars, les communautés urbaines du Pays d'Aix et de Marseille-Provence ainsi que les villes-centres ont été parmi les toutes premières à déposer de concert leur candidature à la labellisation French Tech. Depuis, le comité de pilotage, d'une dizaine de personnes, se réunit sous l'AMO de Provence Promotion, l'agence départementale de développement économique, cofinancée par le Conseil général et la CCI de Marseille-Provence. À ce jour, le dossier comprend les projets de quatre accélérateurs privés (Jaguar Network, Voyageprive.com, Gemalto, Booster Invest), deux publics (le pôle multimédia Belle de Mai et le Technopole de Château-Gombert) et deux financiers (Netangels, P-factory).

Forte implication privée et offre datacenters

Outre l'économie de l'écosystème numérique local revendiquée (35 500 emplois, CA de 6,7 milliards d'euros, 9600 entreprises), la présence de poids lourds (Voyage privé, Gemalto, Digitick, ST Microelectronics, Inside Secure...) et la qualité des infrastructures (raison pour laquelle Marseille a été choisie par Orange pour tester la 4G), c'est surtout la forte implication du privé qui fait la différence.

À Marseille, le roi de l'économie numérique est Kévin Polizzi, dont la société créée en 2006 est aujourd'hui millionnaire (17 M € de CA en 2013 pour 2 M € de résultat net, 50 emplois). Hébergeur informatique et opérateur télécoms, Jaguar Network porte un cluster ayant vocation à accueillir « dix sociétés aux technologies disruptives et dans lesquelles on n'exclut pas un investissement en R & D ou une prise de participation au capital », défend le jeune entrepreneur. À Aix-en-Provence, « la ville porte, et ce bien avant le lancement de l'initiative gouvernementale, un projet de pôle numérique de 15 ha autour de l'e-tourisme », relève Marie-Christine Bouillet, responsable de la stratégie numérique à la Communauté du Pays d'Aix. La cité chère à Cézanne est dopée par la success story de Denis Philipon, le PDG de Voyage privé (400 M d'euros de CA, 350 salariés), qui planche depuis deux ans sur un campus numérique d'été, consacré au m-commerce et à l'e-tourisme. À quelques encablures, sur l'Europôle de l'Arbois, Frédéric Chevalier, le fondateur de HighCo, défend via sa société d'amorçage Booster Invest un campus dédié à la smart city (ville intelligente). Gemalto, le spécialiste international de la sécurité numérique, est aussi à la manoeuvre autour du NFC (technologie de communication radio pour appareils mobiles).

« À l'heure où les échanges de données sont en forte croissance, la question de leur stockage est cruciale. Marseille est située sur le réseau European Backbone Network et sur les réseaux sous-marins au carrefour d'échanges entre l'Afrique et l'Europe », argumente Stéphane Soto, l'expert du dossier au sein de MedinSoft, l'association fédérant 150 éditeurs de logiciels en PACA.

Les spécialistes ne s'y sont pas trompés. Outre Jaguar Network, qui a investi 12 M € dans un centre de données de 8 000 m2 dans le 16e arrondissement de Marseille, TDF a ouvert en juin à Aix (investissement de 4 M €) son quatrième ProxiCenter en France tandis que Choreus fera du 15e arrondissement de Marseille sa première implantation française.

Restent le volume et la profondeur du marché ?

« Il y a une possibilité d'accueil pour une centaine d'entreprises », calcule Philippe Stéfanini, directeur de Provence Promotion. La complémentarité entre les projets privés mais aussi avec les sites existants ? « Nous sommes un écosystème de croissance pour start-up depuis vingt ans. Une entreprise sur deux hébergée chez nous est un pure player du numérique. Il faudra ne pas oublier l'existant », défend Christian Rey, directeur de Marseille Innovation, qui gère les pépinières de la Belle de Mai et de la technopole de Château-Gombert.

Pour l'heure, à défaut de communiquer sur le fond, l'affichage prime.

« Cette labellisation est importante pour gagner en visibilité internationale. Elle va servir tous nos autres projets », plaide Jean-François Royer.

À l'heure où la métropole réfléchit à son identité marketing, le label est un cheval de Troie.

Reste un point faible sur ces terres encombrées par les ego : la gouvernance entre les deux villes du Sud.

« Il faudra un ambassadeur pour donner le tempo »,convient Philippe Stefanini.

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>>> Pour en savoir plus sur la French Tech en métropoles

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