Au coeur du labo où s'expériment les pistes d'innovation de la Fing

Le numérique bouleverse nos méthodes de travail. A Marseille, les 21 et 22 octobre, à la villa Méditerranée, la conférence "Lift with Fing" entend réfléchir aux enjeux et changement du travail dématérialisé... Récit de la deuxième journée. Par François Leclerc.
Parmi les pistes retenues pour exploration: quel sera le contenu de la « musette numérique » dont tout à chacun devra demain disposer pour s'insérer dans le processus du travail?

Les participants aux journées sur l'avenir du travail de Marseille sont hier mercredi passés aux travaux pratiques, offrant une occasion d'accéder au laboratoire de Fing. Répartis en ateliers, ils ont mené une « réflexion collaborative » - noblesse oblige - afin d'y voir plus clair sur des modèles alternatifs à l'existant, "sur étagères" dans leur descriptif, ainsi que sur les acteurs qui en sont les porteurs ou au contraire s'y opposent. Pêle-mêle figurent parmi ces modèles aussi bien le revenu de base universel que la flexi-sécurité (association de facilités de licenciement à des indemnités importantes), la généralisation de l'intermittence que celle du coopérativisme.

Nous n'en saurons pas plus dans l'immédiat sur les aboutissements des travaux, car plusieurs semaines seront nécessaires à l'équipe de Fing pour en tirer le sel, a expliqué Amandine Brugière. Ayant été confronté à une interrogation à propos de la pertinence d'un travail reposant sur l'imaginaire, Jean-François Marchandise qui animait l'un des ateliers a rendu compte d'une convergence de points de vue. Elle a finalement résulté des travaux, quitte reconnait-il « à laisser en route quelques miettes qui ne seront pas pour autant perdues ! ». Faire fonctionner un cerveau collectif n'est de toute évidence pas un exercice de tout repos, en dépit de sa convivialité affichée.

Les tâches que lui a assigné Daniel Kaplan, le pivot de Fing, n'en sont pas moins multiples. Ne pas disposer des réponses ne doit pas interdire de poser des questions dans le cadre du programme "questions numériques" , remarque-t-il en préambule, afin d'en sélectionner certaines ensuite - cette année, l'avenir du travail - pour tenter d'identifier alors des "pistes d'innovation". Puis de mettre en place des expérimentations en conclusion de la démarche. Deux d'entre elles ont été retenues : le contenu de la « musette numérique » dont tout à chacun devra demain disposer pour s'insérer dans le processus du travail; et l'utilisation que chacun pourra faire soi-même des données le concernant, une fois récupérées, après les avoir essaimées au fil de ses connexions aux services d'Internet au profit de ceux qui les exploitent.

Se défendant de toute prédiction de l'avenir, Daniel Kaplan revendique un travail prospectif visant à aider à formuler les questions auxquelles il va falloir répondre, ainsi qu'à imaginer les pistes à suivre. A l'objection faisant état de la largeur du fossé à franchir et de l'obstacle qu'il représente, il rétorque que le monde numérique est un univers dont la plasticité permet de faire beaucoup de petits pas. Puis il poursuit : « A la différence de la transition écologique, dont on connait l'objectif mais pas le chemin y conduisant, la transition numérique est tout le contraire : c'est son aboutissement qui n'est pas connu, tandis que son chemin est très fréquenté. »

Revenant sur des travaux passés portant sur les promesses du numérique, afin d'en établir un premier bilan, Daniel Kaplan souligne que les choses ont déjà beaucoup bougé au niveau micro, à l'inverse du niveau macro. Identifier ce qui fait obstacle, conclu-t-il, impose donc de travailler sur les systèmes car, sans cela, on aboutira à ce que « tout bouge pour que rien ne bouge », paraphrase de la fameuse réplique du "Guépard", le roman du prince de Lampedusa qui inspira le film éponyme de Luchino Visconti.

François Leclerc
@fdleclerc

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Commentaires 2
à écrit le 25/10/2014 à 9:45
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Dans le cas de la transition écologique qui est en fait la transition énergétique, on a deux sous ensembles, l'écologie et l'économie. Il faut raisonner en reliant l'énergie aux deux sous-systèmes, l'économie et l'écologie

à écrit le 25/10/2014 à 9:40
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Mon commentaire n'est peut-être pas adapté, mais je pense qu'on donne trop d'importance à l'analyse et pas assez à la synthèse. Il faudrait à mon avis développer la théorie des systèmes et le raisonnement cybernétique. Merci.

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