Numericable-SFR veut attaquer Orange sur le marché des entreprises

Le groupe fusionné ambitionne de grimper de 20% à 30% de part de marché en deux ans, en ciblant en priorité les PME-TPE, avec des offres très haut débit sur le réseau câblé mais sous la seule marque SFR, qui remplacera Completel.
Delphine Cuny
L'opérateur historique n'a qu'à bien se tenir, Numericable-SFR veut lui croquer ses parts de marché dans l'entreprise.

Tailler des croupières à Orange sur le marché des entreprises, là où l'opérateur historique est encore largement dominant (plus de 70%), c'est l'un des objectifs de Patrick Drahi en mariant Numericable à SFR. Ce marché est certes plus petit (6,5 milliards d'euros) mais « assez peu compétitif » avait remarqué le premier actionnaire du câblo-opérateur en présentant son projet de rachat au printemps dernier. C'est d'ailleurs un de ses lieutenants, Thierry Podolak, le directeur général de l'activité BtoB d'Altice, la société contrôlant Numericable-SFR qui a présenté ce mardi les ambitions et nouvelles offres du groupe né de la fusion il y a deux mois.

L'objectif est de hisser sa part de marché de 20% aujourd'hui à 30%, à un horizon non précisé, mais Patrick Drahi avait évoqué 2017, soit dans deux ans. Dans le fixe, sa part de marché est même plutôt de 16%. Le numéro deux français des télécoms va capitaliser sur deux atouts : la marque SFR, qui sera « la marque nationale » dans le BtoB, et le réseau très haut débit de Numericable (fibre optique jusqu'au pied d'immeuble et câble à l'intérieur), afin de proposer un accès Internet plus rapide que l'ADSL.

« Les plus gros gains de part de marché se feront sur le marché des petites entreprises, qui est très atomisé et dominé par Orange avec la technologie DSL » a expliqué Thierry Podolak lors d'un point presse. « Sept à huit fois sur dix, on sera en face d'Orange » prédit celui qui a dirigé Completel, la branche entreprise de Numericable, de 2006 à 2013.

« Démocratiser le très haut débit »... tout en augmentant les marges

Exit donc Completel, SFR Business Team, Telindus, LTI et Futur : « la marque mise en avant sera SFR tout court » a-t-il indiqué, même si le groupe n'exclut pas de conserver des déclinaisons pour identifier certains métiers (comme l'intégration). En revanche, le réseau sera celui de Numericable, sauf dans le mobile bien sûr : le groupe affirme vouloir « démocratiser le très haut débit pour les entreprises », ce qui a plusieurs avantages. En abandonnant l'ADSL là où son réseau câblé lui permet de proposer du très haut débit, Numericable peut valoriser son actif avec sa nouvelle offre (« SFR Access Max ») à 70 euros par mois par site (hors taxe) pour un débit de 200 mégabits par seconde, contre 35 euros en ADSL à 20 mégas commercialisé aujourd'hui par SFR. Soit deux fois plus cher, pour un débit il est vrai dix fois plus élevé, et en faisant l'économie des frais de dégroupage à payer à Orange. Double bingo.

« Ce n'est pas seulement un rattrapage par rapport à Orange : nous sommes en avance, car nous proposons du très haut débit. SFR ne pouvait vendre la fibre qu'à 200.000 sites d'entreprises de plus de trois salariés en France, avec Numericable ce sont désormais près de 600.000 sites qui sont éligibles au très haut débit, soit la moitié du marché » fait valoir Thierry Podolak.

Du "quadruple-play" d'entreprise en très haut débit

Quid du mobile, qui génère de loin la plus grosse partie des 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires de la branche entreprises, mais semble toujours le cadet des soucis de la nouvelle direction ? On se souvient que pour Patrick Drahi « l'ensemble combiné SFR Numericable est une grosse entreprise de fixe qui fait du mobile. » Le groupe dévoilera en mars une nouvelle offre multiservices « tout-en-un » en très haut débit, le Pack Business Entrepreneurs, « un quadruple-play de l'entreprise » avec facture unique, numéro fixe virtualisé utilisable aussi sur mobile, des appels fixe-mobile en "visio" grâce à la 4G, etc. Elle sera « pertinente sur le plan tarifaire » assure le dirigeant d'Altice. Autrement dit compétitive vis-à-vis d'Orange, mais sans casser les prix, en valorisant le très haut débit.

« On est là pour gagner de l'argent ! » rappelle un cadre du groupe. « Et c'est pas fini ! » ajoute-t-il, en clin d'œil au slogan publicitaire de l'opérateur...

Delphine Cuny

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Commentaires 8
à écrit le 28/01/2015 à 19:14
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Pour satisfaire les PME, il va falloir former les équipes à la gestion de projet et à la communication pour éviter des déploiements promis en 3 mois et réalisés péniblement en 11 mois ! Le marché des PME sera plus exigeant que Madame Michu : bref,...

à écrit le 28/01/2015 à 12:50
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SFR vient de décider d'appliquer une option TV payante « obligatoire » à tous ses abonnés, comme l'a remarqué le site spécialisé Nextinpact. En effet, SFR a ajouté dans sa nouvelle brochure de tarifs valables au 20 janvier 2015, pour tous ses abonnés...

à écrit le 28/01/2015 à 2:56
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Faire confiance à nouveau à cet homme après les déboires de Numéricable? Non.

le 28/01/2015 à 10:56
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De quels déboires parlez-vous donc ?

à écrit le 27/01/2015 à 23:40
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Entre une boite basée au Luxembourg, et dont le boss vit en Suisse, et une boite franco-française, mon choix est vite fait...

à écrit le 27/01/2015 à 17:21
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Valoriser le très haut débit chez les professionnels est une bonne idée cependant je crains hélas que la cible visée soit inadaptée. Que ferait une PME du très haut débit sans compétences pour optimiser son usage tel par l'hébergement d'un site web, ...

le 28/01/2015 à 10:57
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Attaquer ce marché qui n'en est pas un... en tous cas pas homogène... Il y a fort a parier qu'il va y avoir des gens qui vont y perdre leur tête ;-)

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