Sigfox lève 100 millions d'euros auprès de GDF, Air Liquide, Telefonica

La jeune entreprise toulousaine qui déploie un réseau bas débit dédié à l'Internet des objets annonce un tour de table record, dépassant celui de BlaBlaCar l'été dernier, auprès d'investisseurs industriels prestigieux et de ses actionnaires historiques. La startup dirigée par Anne Lauvergeon et Ludovic Le Moan a l'ambition de devenir un opérateur mondial.
Delphine Cuny
Anne Lauvergeon et Ludovic Le Moan, respectivement présidente du conseil et directeur général de Sigfox.

Ludovic Le Moan avait prévenu qu'il s'agirait d'un "multiple de BlaBlacar" le site de covoiturage qui a levé 100 millions de dollars en juillet dernier. Le directeur général de Sigfox disait vrai : la startup toulousaine, qui déploie un réseau bas débit dédié à l'Internet des objets à la faible consommation d'énergie, vient d'annoncer un tour de table record pour une jeune pousse française, de 100 millions d'euros.

La partie du financement bouclée à ce stade est en réalité de 81 millions d'euros mais l'opération, pilotée par la banque Lazard, a été "sursoucrite" : une réserve de surallocation de 19 millions d'euros permettra à l'entreprise de faire entrer d'autres investisseurs dans les mois à venir. « Le Mobile World Congress [salon international du mobile de Barcelone] arrive dans trois semaines, il faut retourner se concentrer sur les affaires » a fait valoir Ludovic Le Moan mercredi lors d'une conférence de presse à Paris.

"Cette levée de fonds record de 100 millions d'euros constitue une avancée très significative vers le développement mondial de notre réseau" a déclaré Anne Lauvergeon, présidente du conseil d'administration de la jeune société depuis l'an dernier.

Financiers, opérateurs télécoms et industriels autour de la table

C'est auprès des actionnaires historiques, les fonds Partech Ventures, Elaia Partners, Idinvest, IXO PE, la banque publique Bpifrance, mais aussi Intel Capital, et d'investisseurs industriels prestigieux que l'entreprise a levé cet argent frais : GDF Suez, Air Liquide, Eutelsat, et des opérateurs télécoms internationaux, l'espagnol Telefonica, le japonais NTT Docomo, le sud-coréen SK Telecom, et enfin le hedge fund américain Elliott Management. Depuis sa création en 2009, Sigfox avait déjà levé 27 millions d'euros.

Ludovic Le Moan et  Anne Lauvergeon ont expliqué que cette levée de fonds permettrait à l'entreprise d'accélérer son développement international, en particulier aux Etats-Unis, vaste marché incontournable dans les objets connectés. Son ambition est de devenir un opérateur mondial.

Les opérateurs télécoms aideront Sigfox à déployer son réseau dans les pays où ils sont présents et seront rémunérés sur les abonnements en fonction d'accords de partage des revenus. La solution de Sigfox entre en concurrence avec leurs propres offres aux entreprises de "machine-to-machine", les cartes SIM embarquées (dans les voitures, les GPS, les compteurs, etc). L'opérateur français Orange ne fait pas partie du tour de table : début janvier, le PDG Stéphane Richard avait déclaré que « le réseau bas débit alternatif, technologiquement intéressant, de Sigfox n'apparaît pas nécessaire à court terme. » Chez Sigfox, on se dit convaincu que l'opérateur français va être « obligé de bouger. »

« Après avoir créé le secteur de la connectivité dite Longue Distance et Basse Consommation, Sigfox est devenu en trois ans le leader mondial de la connectivité dédiée à l'Internet des Objets. Cette levée de fonds salue notre parcours et met en lumière le potentiel de Sigfox dans la course à venir pour le standard mondial de la connectivité par messages courts » estime Ludovic Le Moan.

Objectif Nasdaq en 2016 et dépasser Criteo

Sigfox déploie un réseau bas débit sans fil, dans une bande étroite de fréquence, dans les 868 Mhz, comme les télécommandes de portail par exemple, qui ne nécessitent pas de licence ni d'autorisation d'installation d'antennes. Pour connecter un objet tel qu'un compteur d'eau ou d'électricité, il suffit d'y ajouter un petit modem (un composant classique, non propriétaire) qui n'émet qu'en cas d'incident et consomme ainsi peu d'énergie.

« Les géants américains tels que Apple, Google et Amazon, n'ont pas encore compris l'Internet des objets, ils ne regardent pas au-delà du Wifi ou du Bluetooth, ne pensent qu'à la maison connectée. C'est une erreur car le WiFi consomme beaucoup d'énergie» considère le DG de Sigfox.

L'entreprise, qui emploie 80 personnes, ne communique pas ses chiffres d'activité. Sigfox affirme connecter déjà entre 300.000 et 400.000 objets et que son carnet de commandes dépasse les 5 millions d'objets. Sigfox facture un abonnement annuel en fonction du nombre d'objets sachant rapporte qu' un million d'objets connectés rapporte environ 1 million d'euros. Il espère en connecter une centaine de millions d'ici 2020.

« Notre chiffre d'affaires est plus à venir qu'existant » reconnaît toutefois Anne Lauvergeon.

 Sigfox vise une introduction en Bourse probablement l'année prochaine, vraisemblablement au Nasdaq. « Si on veut être mondial, il est difficile de se passer des Etats-Unis. Mais nous voulons décorréler les deux [le commercial du financier], nous n'avons pas encore décidé pour l'IPO » a indiqué Ludovic Le Moan. Interrogé sur la valorisation espérée, il a confié « Criteo est un très beau modèle. On espère s'en approcher ou le dépasser », sachant que la société de reciblage publicitaire avait levé 250 millions de dollars sur la base d'une valorisation de 1,7 milliard à l'automne 2013. « A chaque jour suffit sa peine ! » a commenté de son côté Anne Lauvergeon.

Article publié à 8h, mis à jour à 16h.

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>> Lire aussi l'interview d'Anne Lauvergeon : "Sigfox est le Twitter des objets connectés" dans notre édition quotidienne numérique.

Delphine Cuny

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Commentaires 13
à écrit le 12/02/2015 à 13:55
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Worldwilde or Worldwide?

à écrit le 12/02/2015 à 7:49
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apres le plantage d"areva et les 900 millions d"euros envoles dans une mine d"uranium en namibie dont la valeur et egale a zero ca fait bizarre de voir anne lauvergeon tout sourrire dans une belle operation de com.....on s"attendait plutot a la voir ...

à écrit le 11/02/2015 à 21:08
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Si quelqu'un pouvait m'expliquer, je ne comprends pas l'intérêt de cette boite. Merci !

à écrit le 11/02/2015 à 20:43
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les deux premières boîtes de Le Moan :: Anyware a bien marché mais sans être véritablement une pépite, Goojet a du changer de modèle économique et a changé de nom (Scoop It)et est encore au milieu du gué

à écrit le 11/02/2015 à 17:57
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Encore une belle aventure à la française comme le cloud souverain. C'est l'occasion pour certain(e)s de toucher des salaires, jetons de présence et de faire prendre en charge leurs frais. 1) Ils parient sur une éventualité de connecter des objets ...

le 11/02/2015 à 20:38
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1) L'éventualité n'en est pas une puisque SIGFOX a déjà provoqué la création de moultes objets et capteurs connectés qui avaient besoin de cette extension du marché actuel. 2) Ne confondez pas tout, on parle ici de machines, objets ou capteurs dont ...

le 12/02/2015 à 15:28
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"que de terribles incertitudes pour moi qui n'est pas fait d'études" On prend les paris ? C'est purement et simplement un futur cloudwatt, beaucoup de dépenses et pas de chiffres d'affaires. Qui va payer 14€/an pour connecter une plaque d'égout ? ...

à écrit le 11/02/2015 à 11:27
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Atomic Anne a encore frapper, bravo pour sa clairvoyance et son raisonnement de chef d'entreprise, nous aurions aimé qu'elle soit notre ministre du travail, chapeau bas Madame!!!!!

le 11/02/2015 à 13:30
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lauvergeon , la même qui a laissé des belles casseroles chez AREVA ? Amon avis elle n'y est pas pour grand chose dans la réussite de cette boite.

le 11/02/2015 à 17:49
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Ministre du travail ? ... Autant rappeler Martine Aubry ! Rappelez nous les pertes d'Areva en 2014 et les mines d'uranium ... Elle a juste été recrutée pour son carnet d'adresses (ou imposée par ses amis de BPI France qd BPI est entrée au capital)...

le 11/02/2015 à 20:51
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Atomic anne qui a laissé un trou de 2 MILLIARDS d'euro chez Areva faisant racheter une coquille vide Uramin avec l'aide de son mari M. Fric et oui ça ne s'invente pas, et puis ensuite jouant les vierges effarouchées et se faisant pistonner par les so...

à écrit le 11/02/2015 à 9:33
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Magnifique projet "minitel" à la francaise là où la catégorie 0 de la 4G va tout rafler. Mais bon il s'agit à peu près de fond privé alors bravo à eux.

le 11/02/2015 à 13:34
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Ils s'adressent à des marchés à très bas cout, supposés être compensés par une masse gigantesque d'objets susceptibles d'être déployés. Or rien n'est moins certain: la techno n'est pas standardisée, elle est mono fournisseur, ce qui n'est jamais bon,...

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