« Notre métier de base c'est le fixe. Nous allons vous présenter aujourd'hui une petite surprise dans le fixe » a révélé d'entrée de jeu Xavier Niel, le fondateur de Free et principal actionnaire d'Iliad, la maison-mère, mardi matin, coupant court pour l'instant aux rumeurs sur le mobile. Chemise blanche et pantalon de velours noir, le pétulant patron, dont la voix trahissait un brin d'émotion, a présenté seul pendant 50 minutes au siège de Free, « là où nous fabriquons nos produits, où toutes nos idées naissent » sa nouveauté qui est... une Freebox mini, plus compacte, présentée comme «la première Box au monde 4K sous Android TV. »
Pas le pionnier des Box sous Android
Free n'est pas le pionnier des Box sous Android : SFR avait le premier sorti, de manière confidentielle, en novembre 2013, un décodeur TV de complément tournant sous le système d'exploitation mobile de Google et donnant accès au magasin d'applications et contenus Google Play, puis Bouygues Telecom avait présenté en juin 2014 sa BBox Miami, lancée commercialement fin janvier.
La nouvelle Box de Free, qui est disponible dès aujourd'hui, n'a pas vocation à remplacer la Freebox Révolution haut de gamme (à 37,97 euros) qui est « la meilleure offre, toujours la Box la plus avancée du marché » selon Xavier Niel et sera « remplacée par une V7 » avant la fin de l'année, mais à se substituer à la Box « d'entrée de gamme Crystal », actuellement vendue 29,99 euros. C'est d'ailleurs le prix de cette nouvelle mini Box, sauf pour les clients ayant déjà une Freebox Révolution et qui voudraient tester ce nouvel environnement (1,99 euro par mois en complément). La différence avec la concurrence tient notamment à la recherche vocale, possible depuis une touche sur la télécommande «pour parler à votre Box » (grâce à la technologie Google Voice), et à la compatibilité avec l'ultra haute définition (4K) :
« La 4K c'est une définition hallucinante, le cauchemar des présentateurs vieillissants car on voit toutes les rides !» a plaisanté Xavier Niel.
Cependant, les contenus et le parc de téléviseurs demeurent encore très limités (210.000 téléviseurs UHD vendus en France selon GfK en 2014).
La Freebox mini 4K
Google, nouveau meilleur ami de Free ?
L'opérateur insiste sur la particularité de sa Box qui est « la seule sous Android TV », et non Android tout court : l'interface serait plus fluide, la recherche plus rapide, certaines applications lui seraient réservées à terme.
« C'est une Box très complète, très innovante, très simple, offrant la navigation la plus avancée, et qui comprend un forfait mobile à zéro euro ! » a résumé Maxime Lombardini à l'issue de la présentation à la presse.
« On fait entrer Google dans votre maison » a déclaré Xavier Niel, tout en assurant ensuite que l'on « reste dans un univers Free » dans une interview à 01net après la conférence (voir ci-dessous la vidéo). Free aurait travaillé « depuis douze mois avec Google » sur ce projet.
Or, en octobre dernier, lors du colloque organisé par l'Arcep, le régulateur des télécoms, Maxime Lombardini s'était montré très circonspect :
« Jusque là, les opérateurs contrôlaient leur box, décidaient ce qu'ils mettaient en tête de la page d'accueil. Demain lorsque l'on aura un parc Android sur la France entière, ce sera Google qui pourra décider, depuis Mountain View, de la VOD qui peut être distribuée et des programmes qu'il souhaite mettre en avant. Nous avons un vrai savoir-faire logiciel en France. Il serait dommage d'ouvrir l'accès à la Box comme cela ; parce qu'Android cela veut dire que, quand vous allumerez votre box, vous commencerez par remplir un formulaire Google dans lequel vous donnez vos coordonnées, cela veut dire que votre abonné disparaît un peu » faisait-il valoir à l'époque.
Discours de circonstance ? Free a semble-t-il réglé son différend avec Google portant sur le financement de l'interconnexion. Des abonnés de Free font remarquer une nette amélioration de la qualité de YouTube, la disparition des problèmes de lenteur depuis quelques temps. « Ce sont de bons observateurs » a opiné le directeur général d'Iliad, après la conférence : « Nous n'agissons pas contre nos intérêts. Nous avons conclu avec Google un accord présentant de bonnes conditions financières. » Si Google est peut-être devenu le meilleur ami de Free, le service de vidéo à la demande par abonnement Netflix n'est toujours pas le bienvenu sur la Box de l'opérateur, qui lui préfère CanalPlay.
Pas si low-cost
Si la nouvelle Box a plutôt fait bonne impression aux sites spécialisés, la volte-face sur Android, de la part de « l'inventeur de la Box » comme l'a rappelé Xavier Niel, n'est pas toujours comprise ni le tarif, pas si entrée de gamme : la BBox Miami de Bouygues est vendue 25,99 euros par mois, donc 4 euros moins chère, et l'offre Box de Sosh (Orange) commence à 24,99 euros sans la TV (29,99 euros avec, incluant un forfait mobile de 2 heures).
Free ne veut pas sacrifier sa machine à cash du fixe, tout en apportant une riposte aux multiples attaques tarifaires de Bouygues Telecom dans le domaine (offres à 19,99 euros, à 25,99 euros) qui ont semble-t-il eu un impact sur les recrutements de Free dans l'ADSL, l'incitant à multiplier les opérations spéciales à prix cassé sur le site Vente-privee notamment. Le tarif de la nouvelle Freebox mini est même en fait légèrement en deçà de celui de la Crystal puisqu'il inclut la TV, qui se trouve en option à 1,99 euro pour cette dernière.
Deux fois plus de remise dans le mobile ... et ce n'est pas fini
Cette nouvelle box est-elle avant tout une arme défensive dans la guerre du fixe, une façon de retenir les technophiles attirés par l'univers riche d'applications Android ? Selon un analyste londonien, ce nouveau produit qui n'est « ni premium ni agressif » ne devrait représenter que « quelques dizaines de milliers de clients à horizon un ou deux ans », sur les plus de 5,8 millions d'abonnés ADSL de Free...
L'annonce qui risque de faire grincer des dents chez la concurrence porte en fait sur le mobile. En conclusion de la présentation, Xavier Niel a en effet indiqué que chaque foyer abonné à la Freebox pourrait désormais souscrire 4 forfaits mobiles à prix réduit à 15,99 euros (au lieu de 19,99 euros), contre deux jusqu'ici (et même un seul initialement au lancement en janvier 2012). Soit potentiellement deux fois plus d'économies, 8 euros de remises par mois en plus. Un joli cadeau qui devrait permettre de grossir les rangs des abonnés à Free mobile (9,6 millions à fin septembre, autour de 10 millions estimés à fin décembre) et au haut débit.
« Et ce n'est pas fini » comme le répète la publicité du concurrent SFR... Xavier Niel a en effet confirmé à 01net qu'il reviendrait « bientôt » avec une annonce dans le mobile. Peut-être avec un forfait à 10 euros ? C'est la perspective qui fait trembler les opérateurs et a fait flancher les actions du secteur en Bourse lundi. Ce mardi, le cours d'Iliad a progressé de 0,4%, celui de Numericable-SFR de 1,4%, le titre Bouygues de 1,8% comme celui d'Orange.
Article mis à jour à 17h35.
« Quand nous mettrons le pied sur l'accélérateur, nous serons difficiles à égaler » (Joelle Pineau, directrice de la recherche en IA chez Meta)
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