AT&T-Time Warner : ce méga-deal qui pourrait en entraîner tant d'autres

Pour beaucoup d’observateurs, cette mégafusion à plus de 85 milliards de dollars pourrait déclencher une accélération des fusions entre les acteurs des médias et ceux des télécoms aux Etats-Unis. Mais ce mariage fait débat. Certains craignent une concurrence amoindrie, et nuisible pour les consommateurs.
Pierre Manière
Aujourd’hui, les opposants à ce deal craignent que les consommateurs ne soient lésés. Ils redoutent que le mariage entre ces deux mastodontes entrave la création de contenus indépendants, et ne débouche, in fine, sur une offre moindre et des prix plus élevés.

Au pays de l'Oncle Sam, l'énorme deal focalise l'attention. Il y a deux mois, AT&T, le numéro deux américain des télécoms (142 millions d'abonnés au mobile) a annoncé son souhait d'avaler Time Warner, le second distributeur de chaînes de télévisions du pays, et propriétaire de CNN, de HBO ou encore des studios Warner Bros. Pour ce faire, l'opérateur s'est dit prêt à casser la tirelire en déboursant plus de 85 milliards de dollars. Outre-Atlantique, tous les acteurs des télécoms et des médias ont les yeux rivés sur ce mariage. Pour beaucoup, il pourrait être le catalyseur d'une vague de deals entre les acteurs des médias et ceux des télécoms.

Accélération de la convergence entre tuyaux et contenus

Un des plus fervents défenseurs de cette ligne est le groupe Altice de Patrick Drahi. En France, chez SFR, le milliardaire franco-israélien a tout misé sur la convergence entre les tuyaux et les contenus pour se démarquer de la concurrence. Mi-novembre, Dexter Goei, le président d'Altice et PDG d'Altice USA a ainsi déclaré, selon l'agence Reuters :

« Je pense réellement que si la transaction AT&T-Time Warner est approuvée, cela pourrait déclencher davantage de consolidation au cours des prochaines années car les gens voudront prendre position dans la convergence. »

En attendant le feu vert du régulateur

Une consolidation potentielle à laquelle on imagine mal Patrick Drahi se tenir à l'écart malgré ses 50 milliards d'euros de dettes. Lui qui est déjà numéro quatre du câble aux Etats-Unis, avec ses opérateurs Suddenlink et Cablevision.

Reste que pour l'heure, il n'est pas dit que le deal AT&T-Time Warner décroche le feu vert du ministère de la Justice et de la FCC, le régulateur des télécoms. Lorsque les deux groupes ont annoncé leur mariage, Donald Trump, qui n'était encore que candidat à la présidentielle, s'y était opposé:

« C'est beaucoup de concentration de pouvoirs dans les mains de peu de personnes », a-t-il lancé.

Un impact négatif sur la concurrence ?

Aujourd'hui, les opposants à ce deal craignent que les consommateurs en fassent les frais. Ils redoutent que le mariage entre ces deux mastodontes entrave la création de contenus indépendants et ne débouche, in fine, sur une offre moindre et des prix plus élevés. Parmi les acteurs qui estiment avoir le plus à perdre, on retrouve Netflix. L'année dernière, le nouveau géant de la VOD s'était déjà opposé au rachat du géant de la télévision par satellite DirecTV par AT&T. Dans une lettre à la FCC, il s'alarmait de l'impact négatif d'une telle opération sur « la concurrence et l'innovation ».

Un argumentaire balayé par AT&T. La semaine dernière, Randall Stephenson, le Pdg de l'opérateur, a estimé que le paysage concurrentiel resterait « identique » après le rachat de Time Warner, rapporte le Financial Times. A l'en croire, la volonté d'AT&T est de « bouleverser le modèle actuel de la télévision payante pour offrir plus de contenus aux gens, et ce, à de meilleurs prix ». Ainsi, cet accord stimulera la demande pour de nouvelles offres de contenus, a-t-il ajouté, selon le FT.

Optimisme d'AT&T

Quoi qu'il en soit, l'équipe de transition mise en place par Donald Trump a, a priori, de quoi rassurer AT&T. Le futur locataire de la Maison-Blanche y a inclus Joshua Wright et David Higbee, deux anciens responsables de la concurrence, réputés pour être plutôt coulants en matière de consolidation. Dans une note récente, Fitch Ratings s'est montrée optimiste concernant ce mariage. L'agence estime que les autorités de régulation pourront toujours proposer des remèdes pour lever les inquiétudes concurrentielles. A l'instar de ceux imposés à Comcast, le leader américain du câble, lorsqu'il a racheté le groupe de médias NBCUniversal en 2011.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 16/12/2016 à 11:19
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Plus d'intégration, c'est moins de diversité, donc moins de démocratie. La porte encore plus ouverte à la manipulation, au lavage de cerveau, à l'abrutissement des masses pour le service des idéologies et des financiers.

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