BT, le "Orange" britannique, va créer une filiale distincte dédiée au réseau

L’opérateur a annoncé vendredi qu’il s’était entendu avec l’Ofcom, le régulateur des télécoms outre-Manche, pour faire de sa filiale réseau une entreprise juridiquement distincte.
Pierre Manière
Grâce à cette séparation, le régulateur espère éliminer le risque de pratiques anticoncurrentielles.

En Grande-Bretagne, le lobbying des opérateurs alternatifs a fini par payer. BT, le « Orange » d'outre-Manche, a annoncé, ce mardi, être parvenu à un accord avec l'Ofcom, le régulateur des télécoms. Il a accepté de transformer Openreach, sa branche dédiée au réseau, en une entreprise juridiquement distincte, laquelle sera dotée de son propre conseil d'administration. C'est donc un long bras de fer qui s'achève entre BT et l'Ofcom. Depuis plusieurs mois, le régulateur plaidait pour cette séparation. Avec un double objectif : éliminer le risque de pratiques anticoncurrentielles de BT vis-à-vis de ses rivaux. Mais aussi, donner un coup d'accélérateur aux investissements dans la fibre.

Il faut dire que, depuis 2005, Openreach, qui gère le plus important réseau Internet fixe du pays, a l'obligation d'en donner l'accès aux opérateurs alternatifs, via des offres de gros, aux mêmes conditions que pour sa maison-mère BT. C'est grâce à cette décision que d'autres opérateurs, comme Talk Talk, Sky ou Vodafone ont pu se développer et proposer des offres alternatives aux Britanniques. Mais depuis des années, ces mêmes acteurs se plaignent de ne pas être logés à la même enseigne que BT, qu'ils estiment favorisé par Openreach. Un point de vue également partagé par l'Ofcom :

« Des progrès ont été réalisés, mais cela n'a pas suffi, et des mesures sont maintenant nécessaires pour obtenir de meilleurs résultats pour les utilisateurs de téléphonie et de haut débit », estimait l'intuition en novembre dernier.

Un bras de fer perdu par BT

Depuis, le ton est monté. Et l'Ofcom a finalement décidé d'aller devant la Commission européenne pour forcer l'opérateur historique à se séparer juridiquement d'Openreach. Remonté, le régulateur a carrément indiqué que, si ce « remède » n'était pas suffisant, il songerait ni plus ni moins à forcer BT à céder sa filiale réseau !

Face à cette fronde, BT a bien essayé d'être diplomate. L'opérateur a tout tenté pour trouver un terrain d'entente avec le régulateur. Fin novembre, il a même nommé Mike McTighe comme premier président du nouveau conseil indépendant d'Openreach. Or, ce dernier a auparavant travaillé à l'Ofcom, où il était membre du conseil d'administration.

Le premier actionnaire de BT, Deutsche Telecom, est aussi monté au créneau. Dans une lettre à l'Ofcom, début décembre, il a fustigé la volonté du régulateur de bâtir un mur entre l'opérateur et sa filiale réseau. Deutsche Telecom s'est dit « particulièrement inquiet » de cette décision « extrême » :

L'initiative est « injustifiée, sans précédent, et pourrait conduire à des résultats nuisibles non seulement pour BT, mais à tout le secteur des communications, et plus largement à toute l'économie britannique », s'est-il alarmé.

Avant de juger qu'une telle décision plomberait les investissements outre-Manche dans les télécoms et les nouvelles technologies. Des critiques qui n'ont, toutefois, pas refroidi les ardeurs de l'Ofcom.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 12/03/2017 à 15:15
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Et on attend quoi pour faire pareil en France ? Ce serait enfin l'occasion de remettre Orange en conformité avec la constitution, en sortant totalement l'Etat de Orange Services, et devenant a 51% actionnaire de France Telecom Infrastructures, ouver...

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