Chez SFR, les vieux compagnons de Drahi n'ont plus la cote

D’après nos informations, Jérôme Yomtov, secrétaire général délégué de l’opérateur au carré rouge, partirait d'ici cet été. Il était l’un des rares fidèles de Patrick Drahi en provenance de Numericable encore présent au comité exécutif. Lequel a été largement recomposé sous la houlette de Michel Combes, ex-patron d’Alcatel-Lucent, auquel le magnat des télécoms et des médias a donné les pleins pouvoirs.
Pierre Manière
Patrick Drahi, le patron d'Altice, maison-mère de Numericable-SFR.

Jusqu'alors, Patrick Drahi était souvent présenté comme un chef de bande, préparant ses offensives et ses acquisitions avec un nombre restreint de fidèles. Ce premier cercle, en lequel sa confiance était totale, était perçu comme une de ses principales forces dans le monde des affaires et des deals à plusieurs milliards d'euros. Mais la situation a, semble-t-il, changé. Chez SFR, presque tous ses vieux compagnons de route ont été écartés. D'après nos informations, Jérôme Yomtov, actuel secrétaire général délégué de SFR, partirait d'ici cet été. A ce sujet, SFR ne fait « aucun commentaire ». L'intéressé, lui, n'a pas répondu à nos sollicitations.

Or Jérôme Yomtov n'est pas n'importe qui. Il a rejoint Patrick Drahi et Numericable en 2009. Il a toujours été considéré comme un très proche du magnat français des télécoms et des médias. Après le rachat de SFR par le câblo-opérateur, en 2014, il a été catapulté secrétaire général du nouveau numéro 2 français du secteur. Mais le vent a tourné. A la fin de l'été dernier, Michel Combes est nommé à la présidence de SFR, et DG des activités télécoms d'Altice, sa maison-mère. L'ex-chef de file d'Alcatel-Lucent venait de boucler la vente du champion des réseaux très haut débit au finlandais Nokia. Mais surtout, c'est un très, très proche de Patrick Drahi. Il le connaît depuis les bancs de Polytechnique, et le voit souvent depuis. « Michel Combes a un côté très 'macro', il est toujours dans le coup d'après, à regarder quelle pourrait être la prochaine opération. Cela doit plaire à Patrick Drahi, qui a la même sensibilité », confie un proche.

Une nouvelle équipe pour un redressement urgent

Seulement voilà, Michel Combes veut une équipe à lui pour travailler au redressement de SFR. Et visiblement, il a convaincu Patrick Drahi de lui laisser les coudées franches. Or au comité exécutif de SFR figurent beaucoup de vieux compagnons de route du milliardaire. En provenance de Numericable, ils semblaient intouchables... Et bien non. Presque tous ont été priés de céder leurs sièges ces derniers mois. Sous ce prisme, Jérôme Yomtov ne sera que le dernier d'une très longue liste de fidèles à mettre les voiles. Parmi eux, il y a bien sûr Eric Desnoyer, l'ex-DG de SFR et de Numericable. Il y a Angélique Benetti, qui était présente chez Altice aux tous débuts, et qui était directrice des contenus. Il y a Thierry Lemaître, ex-directeur financier, qui a énormément travaillé sur le deal avec SFR. Ou encore Eric Klipfel, en charge des marques, des produits et du service client grand public. Mais aussi Olivier Ursel, qui était à la tête des systèmes d'information. Bref, une vraie saignée dont il ne restera que Philippe Le May, en charge du réseau.

Parmi les nouveaux venus chez SFR, la récente nomination de Jean Raby, en tant que directeur financier illustre les nouveaux pouvoirs de Michel Combes. Et pour cause : ex-Goldman Sachs, le nouveau directeur financier de SFR était auparavant au même poste chez Alcatel-Lucent, dont il a accompagné la restructuration. Au passage, cette nomination ne paraît pas anodine au regard des difficultés actuelles de l'opérateur. De fait, la situation n'est guère reluisante, voire critique. Après avoir perdu plus d'un million de clients l'an dernier, SFR est passé dans le rouge au premier trimestre, perdant 41 millions d'euros, contre un bénéfice de 743 millions à la même période l'exercice précédent. Patrick Drahi ne se défile d'ailleurs pas vis-à-vis des difficultés de l'opérateur. Mercredi, de passage à New York, il a ainsi jugé, d'après l'AFP, que SFR était « en sureffectif »... Ce mardi, Michel Combes est en outre devenu DG d'Altice, en plus de ses responsabilités chez SFR. Sous le feu des projecteurs, il se sait, désormais, très attendu au tournant.

Pierre Manière

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Commentaires 9
à écrit le 24/06/2016 à 20:57
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Ces requins de la finance et fossoyeurs de l'industrie ne donnent pas envie d'aller souscrire un abonnement dans leur sociétés.

à écrit le 24/06/2016 à 10:52
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Quand on voit le palmarès de fossoyeur de Combes, a la place de Drahi je m'inquiéterais sérieusement...

à écrit le 24/06/2016 à 8:57
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la perte d'abonnés en France est due aux ventes forcées en vigueur chez SFR : + 2euros par mois pour une option "télé sur tablette/smartphone" même pour ceux qui n'en ont pas et + 2 euros à nouveau pour " abonnement à la presse en ligne" imposé égale...

à écrit le 23/06/2016 à 22:46
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Ohhh il m'a Drahi !!!! Vieux chacal

à écrit le 23/06/2016 à 22:32
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Tout est prêt pour faire payer par SFR les dettes de Drahi.

à écrit le 23/06/2016 à 20:25
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Ce type n'a décidément rien pour plaire, même pas de valeurs de fidélité, de loyauté et d'amitié

le 26/06/2016 à 22:13
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Avant de dire cela, vous feriez mieux de vous renseigner sur les montants avec lesquels sont sortis ces fidèles compagnons ;-)

le 13/07/2016 à 18:36
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Qui ?

à écrit le 23/06/2016 à 16:59
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D'abord, il faut espérer que les investisseurs de Numéricable-SFR sont informés de en quoi consiste "le coup d'après" ! Ensuite, à l'analyse de cet article, du lancement de SFR Presse and co, etc..., on peut considérer que la téléphonie n'a plus tro...

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