Dans l'écosystème digital, Alex Wellen n'est pas un inconnu. "Chief product officer" de CNN, c'est lui qui a porté CNN Go. Cette application, qui permet de visionner des reportages et des émissions à la demande, compte des millions de fidèles. Elle a permis a la chaîne de référence américaine de doper son audience sur la Toile. Ce jeudi, lors du forum sur le très haut mobile organisé à Tokyo par Huawei, Alex Wellen n'y est pas allé par quatre chemins. A ses yeux, CNN doit se réinventer à l'heure des smartphones et des tablettes. Pour lui, l'objectif est simple : la chaîne doit devenir un "leader mondial de l'information vidéo sur mobile".
Pour y arriver, il table sur "une importante collaboration avec les opérateurs mobiles". "Nos destins sont liés", a-t-il ajouté. Une sortie qui ne manque pas de sel, quand on sait que CNN est un des fleurons du géant des médias Time Warner, que le mastodonte américain du mobile AT&T souhaite racheter pour 85 milliards de dollars.
Quid de l'indépendance de CNN ?
Sur le papier, AT&T pourra techniquement épauler CNN pour en faire un leader sur smartphones et tablettes. L'opérateur américain pourrait aider la chaîne, comme le souhaite Alex Wellen, à augmenter la qualité des vidéos, leur réception, et globalement améliorer "l'expérience utilisateur". Mais ici, c'est un rachat et non un partenariat dont il est question. Or depuis qu'AT&T a fait son offre sur Time Warner, des inquiétudes planent sur un point crucial : l'indépendance de cette chaîne de référence.
Jonathan Klein, le président de CNN, a récemment appelé à ce qu'AT&T ne mette pas son nez dans l'éditorial. De son côté, Randall Stephenson, le patron du géant du mobile, a souhaité, dans un communiqué, donner des garanties à la rédaction : "CNN est un symbole américain du journalisme indépendant. [...]. Ma position et celle du conseil d'administration est claire : CNN restera totalement indépendante d'un point de vue éditorial."
Quand Verizon interdisait des contenus
De manière plus pragmatique, Randall Stephenson a jugé indirectement qu'il n'aurait pas intérêt à désacraliser l'indépendance de la chaîne, puisqu'une telle attitude pourrait faire fuir ses fidèles. Et par voie de conséquence, dégrader ses revenus. Il n'empêche, certains s'interrogent sur la réaction d'AT&T lorsque les journalistes de CNN s'intéresseront à ses affaires ou à son écosystème.
Le mois dernier, le New York Times a rappelé que Verizon, qui possède plusieurs médias dont le Huffington Post, s'est récemment illustré en interdisant certains contenus. En 2014, le grand rival d'AT&T a lancé un nouveau site dédié à la tech, baptisé Sugarstring. Toutefois, l'opérateur a interdit aux journalistes de parler de neutralité du Net et de l'espionnage américain, deux sujets qui le concernent directement. Aux Etats-Unis comme en France, la convergence entre les télécoms et les médias fait décidément de plus en plus jaser.
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