Comment Ffly4u, le spécialiste du pistage d’actifs mobiles, veut prendre son envol

Cette jeune startup toulousaine, qui vient de lever 700.000 euros, dissémine des capteurs dans des camions, engins de chantiers et autres palettes d’approvisionnement. L’objectif ? Permettre aux entreprises de surveiller ses actifs et d’optimiser sa gestion logistique.
Pierre Manière
Olivier Pagès, le fondateur de Ffly4u.

Parmi les débouchés liés à l'Internet des objets, l'amélioration de la logistique figure aujourd'hui parmi les services les plus évoqués. L'idée est simple : en glissant des capteurs dans les actifs des entreprises (des bombonnes de gaz, des palettes de livraison pour les supermarchés, des camions, etc.), on peut garder un œil dessus, éviter qu'ils ne s'égarent, anticiper un remplacement ou une révision, tout en améliorant sensiblement la livraison de produits et marchandises. Reste que, pour l'heure, peu de solutions sont vraiment rodées et opérationnelles. C'est donc sur ce créneau que s'est positionnée Ffly4u, une startup toulousaine fondée en juin dernier, et qui vient de lever 700.000 euros.

A 57 ans, son patron, Olivier Pagès, a fait l'essentiel de sa carrière dans la gestion des chaînes d'approvisionnement (supply chain). Dans les années 2000, il a fondé Pick And Go, un spécialiste de la location de palettes pour la grande distribution (Leclerc, Carrefour...) et autres industries manufacturières. La question du pistage des actifs et des produits, il connaît. « J'ai toujours été en veille technologique à ce sujet », précise-t-il. Si le patron affirme avoir depuis longtemps identité les besoins des entreprises concernant le suivi de leurs palettes et donc de leurs produits, la technologie n'était pas, jusqu'à présent, au rendez-vous. Olivier Pagès a même songé, un jour, à équiper des palettes de capteurs alimentés par des piles. « Mais cette solution était inapplicable : d'une part, elle était trop coûteuse. Et d'autre part, les piles ne n'offraient qu'une autonomie de trois jours, ce qui n'était pas suffisant. »

La révolution des réseaux bas débit

Puis une nouvelle technologie a récemment fait son apparition : il s'agit des réseaux bas débits, avec leurs lots de capteurs à très faible consommation. Qu'elles s'appellent LoRa, Qowisio ou Sigfox, ces solutions reposent toutes sur le même modèle : le déploiement d'antennes longue portée, couplés à capteurs à très basse consommation, dont l'autonomie peut atteindre plusieurs années. Autre atout de ces réseaux : contrairement aux réseaux mobiles traditionnels, ils sont très, très peu coûteux. Et il en va de même pour les capteurs associés.

En voyant cette technologie émerger, Olivier Pagès a donc décidé de se lancer. Il faut dire que l'entrepreneur est aux premières loges : il connaît bien Ludovic Le Moan, le patron de Sigfox, le pionnier des réseaux bas débit qui également basé dans la ville rose. Avec Ffly4u, sa solution comprend la fourniture de capteurs, des antennes, une plateforme cloud pour gérer les données collectées, et un logiciel pour les visualiser. Une fois les capteurs greffés sur ses « actifs mobiles » (des palettes, des bennes, des bacs, des tourets...), une entreprise peut les localiser à tout moment.

Une source d'économie

Dès lors, elle peut optimiser de nombreux paramètres-clés, de la gestion de ces actifs mobiles, à leur sécurisation, en passant par la livraison de marchandises à des usines ou à ses clients. Et ainsi réaliser des économies. En outre, ces capteurs transmettent des informations sur leur environnement, comme les chocs subis lors d'un déplacement ou un changement de température. Des informations qui peuvent s'avérer utiles lors du transport de produits fragiles ou d'aliments.

Pour l'heure, Ffly4u lance des « pilotes » pour tester sa solution auprès de grands groupes. « On travaille notamment avec un gros industriel de la construction, précise Olivier Pagès. Notre solution lui permet d'avoir un suivi régulier de l'arrivée des matériaux sur un chantier. Et de s'assurer de la présence sur place de tous ses engins de génie civil [comme des remorques, des pelleteuses, des bétonnières ou des grues, Ndlr]. »

La concurrence s'organise

Côté connectivité, Olivier Pagès recourt largement à la solution de Sigfox. Pourquoi ? « Pas parce qu'ils sont basés à Toulouse comme moi, insiste le patron, qui sait à quel point la bataille fait rage entre les différentes technologies de réseaux bas débit. Je suis vraiment ouvert à toutes les solutions. Mais aujourd'hui, force est de constater que Sigfox est le seul acteur à offrir un réseau national. En outre, il est le plus développé au niveau européen... » Ce qui est fondamental pour ses affaires, puisque les palettes et autres remorques de ses clients circulent souvent sur tout le continent.

Olivier Pagès est persuadé que le potentiel de clients est énorme. « On vise des secteurs aussi variés que l'automobile, la chimie, l'agroalimentaire ou l'aéronautique », lâche-t-il. Toutefois l'entrepreneur, qui espère signer ses premiers contrats d'ici à la fin 2016, ne s'attend pas à un parcours facile. Loin de là. « On travaille essentiellement avec des grands groupes, dans lesquels tout nouveau processus met du temps à se mettre en place... » Sachant qu'en parallèle, d'autres concurrents déploient des solutions proches. Et pas des moindres. La semaine dernière, Orange a lancé une batterie d'offres auprès des entreprises intéressées par l'Internet des objets.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 08/12/2015 à 8:52
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ADVEEZ fait la même chose sur Toulouse depuis plusieurs années et a remporté plusieurs gros contrats internationaux...cqfd

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