Comment l'Etat va prendre le virage du cloud

Le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, a détaillé lors de la Cloud Week, ce mardi 3 juillet, la stratégie de l'Etat pour faire migrer les administrations, les collectivités et les établissements publics vers le cloud, d'ici à trois ans. Explications.
Sylvain Rolland
Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'Etat au Numérique, a présenté lors de la Cloud Week de Paris la stratégie de l'Etat dans le cloud.
Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'Etat au Numérique, a présenté lors de la Cloud Week de Paris la stratégie de l'Etat dans le cloud. (Crédits : Reuters/Benoît Tessier)

On le sait, la transformation numérique de l'Etat pour réaliser des économies d'échelle et fournir des services publics plus fluides et plus efficaces est l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron. Après s'être lancé dans le grand chantier de la dématérialisation des démarches administratives (objectif 100% des démarches d'ici à 2022), le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, a détaillé mardi 3 juillet la stratégie de l'Etat dans le cloud, ou l'informatique en nuage.

A la clé : améliorer les services rendus au citoyen (notamment en matière de sécurité) et économiser in fine jusqu'à 12 milliards d'euros en cinq ans, d'après une étude du cabinet EY.

Une stratégie à trois niveaux

Afin de s'adapter au mieux aux usages et en prenant en compte la sensibilité des données, l'Etat prévoit une stratégie cloud à trois niveaux. Le premier est un cloud interne pour les ministères. Basé sur la technologie OpenStack, hébergé par l'administration, accessible via un portail interministériel, ce cloud "conforme aux exigences régaliennes de sécurité" hébergera des données et applications dites "sensibles".

Le deuxième est un cloud dédié, dont la sécurité sera supervisée par l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI). Cette "solution mixte" combinera "une virtualisation maîtrisée en interne et un hébergement adapté aux besoins de l'Etat sur des infrastructures dédiées chez des prestataires extérieurs". Elle hébergera des données et applications "de sensibilité moindre".

Enfin, l'Etat a prévu le développement d'un cloud externe, qui sera dédié aux données et aux applications les moins sensibles. Il sera constitué d'un catalogue d'offres Cloud accessibles sur Internet, porté par des centrales d'achat public pour en faciliter la commande.

Les géants du Net américains pas écartés de la commande publique

Ainsi, "chaque administration, collectivité territoriale ou établissement public pourra choisir la solution qui lui convient le mieux, en fonction, bien sûr, du niveau de sensibilité des données. Cette stratégie cloud permettra de réorganiser et de simplifier les achats informatiques de l'Etat, qui représentent un budget annuel de 6 milliards d'euros, tout en permettant de créer de nouveaux services de manière plus agile, grâce à une meilleure accessibilité aux données. D'après Mounir Mahjoubi, le recours au cloud permettra de "renforcer la souveraineté numérique de l'Etat" et "la maîtrise de ses données".

Paradoxalement, pas de patriotisme économique. L'Etat ne s'interdit pas de recourir à des offres cloud sécurisées hébergées hors du territoire national. Lors de la présentation, à la Cloud Week de Paris, Mounir Mahjoubi a confirmé que la concurrence s'appliquera à l'échelle européenne, voire internationale, du moment que les prestataires répondent aux critères de sécurité. Ce qui veut dire que les leaders mondiaux américains Microsoft, Amazon Web Services (AWS) ou encore IBM, champions des infrastructures et services cloud, pourront héberger des données de l'Etat français.

Sylvain Rolland

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Commentaires 12
à écrit le 06/10/2018 à 12:29
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Comment l'Etat va prendre le virage du cloud... et les gueux des campagnes (dont je suis) avec un ADSL merdique... on fait quoi ? On abandonne une partie de la population ? L'informatique classique va disparaître au profit ...

à écrit le 07/07/2018 à 10:14
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Les fournisseurs d’espace « cloud » revendiquent tous des conformités à la législation Européen et Française. Plus de 20 ans se sont écoulés depuis la directive 95/46/CE du 24/10/95 relative à la protection des personnes physique en matière du traite...

à écrit le 05/07/2018 à 13:20
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"A la clé : améliorer les services rendus au citoyen (notamment en matière de sécurité)" : mdr !! Bonjour les dégâts en cas de panne générale de réseau (ou de courant) ! Mais bon, les élites qui nous dirigent sont déjà tellement dans l'absurde (voir...

à écrit le 04/07/2018 à 16:04
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"et fournir des services publics plus fluides et plus efficaces est l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron" Jupiter Macron va-t-il remettre les fonctionnaires au travail (responsabiliser, fin du m'en foutisme...) et en finir avec la cultur...

à écrit le 04/07/2018 à 16:03
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"et fournir des services publics plus fluides et plus efficaces est l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron" Jupiter Macron va-t-il remettre les fonctionnaires au travail (responsabiliser, fin du m'en foutisme...) et en finir avec la cultur...

à écrit le 04/07/2018 à 11:02
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L ADIMINISTRATION UTILE TROP SOUVENT LE NUMERIQUE COMME RESPONSABLE DE LEURS IMCOMPETANCE? SI C EST CELA LE PROGRES NOS CONCITOYENTS NON PAS FINIE DE SOUFRIR DUNE ANARCHIE ORGANISEZ PARS L ETAT PAR MANQUE DE PERSONNELS? LA QUESTION DESORME EST IL Y ...

à écrit le 04/07/2018 à 9:25
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Encore faudrait il que les lrem soient capables de tourner...

à écrit le 04/07/2018 à 8:11
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"fournir des services publics plus fluides et plus efficaces est l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron". Un retraité parisien âgé de 70 ans vient de bénéficier d'un jugement inédit, alors qu'il tentait de récupérer son permis de condu...

à écrit le 04/07/2018 à 7:53
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émission plus qu intéressante et éclairante hier soir sur arte......sur les datas et la philosophie de domination cachée sous le joli nom de progrès pour l humanité..... à voir en Replay absolument

à écrit le 04/07/2018 à 7:49
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ahurissant de voir, avec ce qui se passe en ce moment, notre génie du numérique et des start UP envisager de confier nos données hors de france...... le programme US young leader remplit parfaitement son office d aveuglément de nos élites dirigeante...

à écrit le 03/07/2018 à 18:17
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Tout hébergement de données à l'étranger et plus particulièrement aux US est une faille de sécurité. D'ici 50 ans, la guerre (commerciale ou autre) pour le contrôle des ressources planétaires va s'intensifier, les US ne sont pas nos amis, même si nou...

à écrit le 03/07/2018 à 18:01
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Livrer les données collectées sur les citoyens à des ordinateurs privés, y compris à l'étranger... à une époque de tensions internationales... En voilà une idée géniale ! J'imagine un futur échange de mail avec un administré : "Suite à un un twee...

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