Commerce électronique : un chiffre d'affaires en plein boom

Le chiffre d'affaires du commerce électronique ne cesse d'augmenter au niveau mondial. Mais des disparités entre les pays développés et les pays en développement pourraient s'accroître si le fossé numérique ne se résorbe pas dans les années à venir.
Grégoire Normand
Les exportations de services des technologies de l'information et de la communication (TIC) ont progressé de 40% entre 2010 et 2015.

Le commerce électronique mondial est en pleine expansion. Selon un rapport de la Conférences des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) publié ce lundi 2 octobre, les ventes issues du e-commerce ont représenté un chiffre d'affaires de 25.000 milliards de dollars en 2015. Mais si les ventes de biens et services par le biais du commerce électronique augmentent régulièrement, la part de ce secteur économique dans la production de richesses mondiales reste relativement faible.

90% des ventes entre entreprises

Selon les données présentes dans le document, 90% des ventes se font entre les entreprises (BtoB) et seulement 10% s'adressent aux consommateurs (BtoC). Ce qui représentait environ 22.400 milliards de dollars en 2015 pour le BtoB contre 2.900 milliards pour le BtoC.

Au niveau des pays, les Etats-Unis représentent le premier marché mondial dans le commerce électronique avec plus de 7.000 milliards de dollars de biens et services vendus suivis du Japon (2.495 milliards de dollars) et de la Chine (1.991 milliards de dollars). De son côté, la France se situe en septième position avec 661 milliards de dollars. Les auteurs du rapport rappellent néanmoins que même si le commerce électronique représente une caractéristique importante de l'économie numérique, il reste difficile à mesurer et les chiffres annoncés doivent donc être interprétés avec prudence. "L'absence de données et de statistiques sur le commerce électronique pour la plupart des pays développés demeure un problème."

6% du PIB mondial

Les indicateurs du commerce électronique sont au vert. Les exportations des services de technologies d'information et de communication (TIC) ont augmenté de 40% entre 2010 et 2015 au niveau mondial et 100 millions de personnes travaillent dans ce secteur. "Les ventes de robots et d'imprimantes 3D sont à leur plus haut niveau et le volume du trafic Internet serait 66 fois plus élevé en 2019 qu'il ne l'était en 2005".  Mais la part des services et de l'industrie liés au TIC ne représente que 6,5% du produit intérieur brut mondial. Ce qui tend à relativiser le poids de ce secteur dans l'économie internationale.

Des inégalités toujours présentes

Les experts de l'organisation internationale rappellent d'ailleurs que le développement du commerce électronique est rapide mais "se fait à plusieurs vitesses". Des inégalités liées au fossé numérique existent au niveau de la population mondiale. "Par exemple, plus de la moitié de la population mondiale reste sans connexion et la fracture numérique n'a jamais été aussi élevée." Pour le cas du commerce électronique, ces différences sont particulièrement visibles en fonction des niveaux de développement des pays.

"Alors que 70% des personnes dans la plupart des pays développés ont déjà acheté des biens et services sur Internet, moins de 5% l'ont déjà fait dans la plupart des pays en développement [...] Seulement 16% de la population mondiale utilise Internet pour payer leurs achats."

Pour l'institution internationale, les entreprises dans les pays en développement, plus précisément les petites entreprises, sont "en moins bonne position que celles dans les pays développés pour prendre l'avantage dans l'économie numérique, ce qui leur fait perdre des opportunités de croissance".

Pour réduire ces écarts, le secrétaire général de la CNUCED Mukhisa Kituyi lance un appel à la communauté internationale.

"Comme les précédentes transitions économiques de grande échelle, les bénéfices peuvent être immenses mais cela ne se matérialisera pas à travers un processus sans coût et en douceur. Le bénéfice net va dépendre des politiques engagées à la fois au niveau national et au niveau international pour construire les capacités des pays à tirer des avantages de ces transformations."

Une partie des solutions réside dans une hausse des investissements dans les infrastructures, rappelle le rapport. Les économistes ont estimé que l'investissement nécessaire pour apporter une connexion 3G à l'ensemble des habitants des pays en développement s'élevait à 100 milliards de dollars et à 40 milliards pour les pays sous développés. "Cette estimation suggère que l'investissement nécessaire pour assurer une connexion universelle n'est pas un obstacle insurmontable en termes de capitaux à mobiliser."

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Mais des investissements dans les infrastructures ne suffiraient pas à combler les différences. "Dans les pays à bas revenus, l'usage limité d'Internet est en partie dû au faible pouvoir d'achat, au manque de conscience de l'intérêt d'Internet, au manque de compétences, au manque de confiance de l'environnement numérique et à l'absence de contenu pertinent (ndlr : contenu avec une langue adaptée au pays)."

L'importance des imprimantes 3D

Les économistes de la Cnuced ont également insisté sur rôle des imprimantes 3D dans la transformation du commerce mondial. "L'impression en trois dimensions pourrait modifier de manière significative la production et les tendances du commerce." Plusieurs pays en développement utilisent déjà l'impression 3D dans leur industrie. En Inde, le plus grand fabricant de deux roues, Hero MotoCorp, produit 7 millions de véhicules à deux roues dans trois usines grâce à cette technologie et espère monter une vingtaine d'usines pour conquérir les marchés mondiaux.

Selon des estimations citées dans le rapport, l'impression 3D pourrait générer environ 550 milliards de dollars de gains économiques dans l'industrie par an d'ici 2025. Mais pour permettre aux pays en développement de profiter pleinement de l'essor de cette technologie, l'institution internationale recommande à cette catégorie d'Etats de concentrer leur efforts sur des programmes d'éducation en science, technologie, ingénierie et mathématiques.

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Grégoire Normand

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