Computex 2016 : 6 innovations taïwanaises bientôt en France ?

Scooter électrique intelligent, application qui remplace toutes les applications, acupuncture connectée, fléchettes en réseau… Au Computex 2016, qui se tient à Taipei jusqu’au 5 juin, les startups taïwanaises se retrouvent sous le feu des projecteurs. Zoom sur les plus prometteuses.
Il ne pollue pas, roule jusqu'à 95km/h et se recharge en 6 secondes chrono. Gogoro, le premier scooter électrique connecté, pourrait bien révolutionner les transports urbains.

L'économie taïwanaise à beau se débattre dans la tourmente en raison du ralentissement chinois et de l'épuisement de son modèle industriel hérité des années 1980, l'innovation, elle, se porte de mieux en mieux. Entre 3.000 et 5.000 startups (pour une population de 23 millions d'habitants) sont présentes dans le pays. Une proportion comparable à la France (entre 10.000 et 12.000 startups, 66 millions d'habitants). En revanche, Taiwan ne dispose ni de la renommée internationale de la French Tech, ni la qualité des ingénieurs français, ni un écosystème de financement aussi développé. Une anomalie alors que le pays peut compter sur des leaders mondiaux dans l'informatique (Acer, Asus, HTP), d'une formidable puissance industrielle (Foxconn...) facilitant le prototypage d'innovations et la distribution partout dans le monde, et d'un accès privilégié à l'immense marché asiatique, à commencer par la Chine.

Ce retard a été bien identifié par le gouvernement taïwanais, et notamment par la nouvelle présidente, la démocrate progressiste Tsaï Ing-wen, qui a pris ses fonctions le 20 mai dernier. Élue sur la promesse de réduire la dépendance de Taïwan envers la Chine, de moderniser et de verdir l'économie, et de s'attaquer à la pollution, la première femme à la tête du pays espère "dans les vingt prochaines années" placer Taïwan sur la carte des nations les plus innovantes. Une ambition réaffirmée lors de son discours d'ouverture du Computex 2016, mardi 31 mai. La présidente a rappelé sa volonté de créer une "Silicon Valley asiatique" centrée sur les objets connectés à Taoyuan, près de Taipei, et de modifier la législation pour lever les freins à l'innovation. "Taïwan doit produire les produits de demain. Il faut aider les industries à se transformer et à s'adapter à l'évolution de l'économie mondiale", a-t-elle estimé.

L'évolution du Computex, né en 1981 et traditionnellement dédié à la promotion des champions asiatiques de l'informatique, est l'un des symboles de ce changement d'état d'esprit. Pour la première fois, le salon fait la part belle à l'Internet des Objets, considéré comme un débouché majeur de l'industrie taïwanaise. Il accueille également un espace dédié aux startups, InnoVex, où s'exposent 217 pépites venues de 22 pays. Pas encore de quoi hisser le Computex au niveau du CES de Las Vegas, de l'IFA de Berlin ou du Mobile World Congress de Barcelone. Mais une façon d'apporter un peu de visibilité aux startups taïwanaises les plus innovantes. Tour d'horizon.

Fiiser, l'application qui remplace toutes les applications

Combien de temps avant que cette application potentiellement "game changer" s'impose dans le monde entier ? Créée il y a moins d'un an par un ingénieur et un professeur de droit taïwanais, Fiiser répond à un problème que les utilisateurs de smartphones connaissent bien: l'abondance d'applications, qui pompent la batterie et encombrent l'écran d'accueil.

Pour y remédier, l'équipe a créé Fiiser, une nouvelle application... qui remplace toutes les autres. "Combien d'applications utilisez-vous tous les jours ou toutes les semaines ? Très peu. Les autres prennent de la place et récoltent les données personnelles pour rien. Quelquefois, le fait même de devoir télécharger une application supplémentaire a un effet dissuasif", estime Olivia Shen, la directrice du marketing de la startup.

En téléchargeant Fiiser, l'utilisateur accède à un moteur de recherche applicatif qui lui permet d'utiliser n'importe quelle application sans avoir à la télécharger. Pratique pour tester un nouveau jeu, pour utiliser un service de manière exceptionnelle (l'appli d'une compagnie aérienne, par exemple) ou lorsqu'on clique sur un lien vers un média depuis les réseaux sociaux. "Avant, on vous aurait demandé de télécharger l'application pour accéder à la meilleure expérience utilisateur. Désormais, vous l'avez directement dans Fiiser", ajoute la jeune femme.

Pour l'heure, le service revendique environ deux millions d'utilisateurs actifs par mois, notamment à Taïwan, Hong-Kong et Macao. Sa cible ? La génération Millennial, autrement dit les moins de 30 ans, grands consommateurs d'applications. Prochaine étape : attaquer le reste de l'immense marché chinois, puis les Etats-Unis et l'Europe.

Gogoro, le scooter électrique connecté qui se recharge en 6 secondes

Il ne pollue pas, roule jusqu'à 95km/h et se recharge en 6 secondes chrono. Gogoro, le premier scooter électrique connecté, pourrait bien révolutionner les transports urbains. Présenté pour la première fois au CES de Las Vegas en 2015, cet élégant scooter aux formes arrondies se remarque de plus en plus dans les rues de Taïwan et dans d'autres villes asiatiques. Sa principale originalité réside dans son système de recharge. Ses batteries disposent de 100km d'autonomie et se rechargent en 6 secondes. Pour cela, il faut ouvrir une application smartphone, repérer une borne ou une boutique Gogoro sur la carte (il en existe une chaque 1,3 km à Taipei, la capitale) et remplacer sa batterie déchargée par une autre. Un service facturé 9 euros par mois, comme un abonnement à un service de musique ou de vidéo en ligne. Pour ceux qui ne voudraient pas se déplacer, la batterie se recharge également à domicile, en deux heures.

Gogoro est aussi ultra-connecté. Sur l'application, l'utilisateur peut s'orienter grâce au GPS, personnaliser la couleur de ses phares, le bruit de son klaxon et disposer de tout un tas de statistiques de conduite. En revanche, ce bijou écolo bardé de technologies coûte plus cher qu'un scooter classique : entre 2600 et 3400 euros, contre environ 2000 euros. Mais le surcoût peut être compensé sur le long terme par les économies d'essence. Après avoir levé 150 millions de dollars entre 2011 et 2014, la startup, qui a confirmé son succès en Asie, débarquera en Europe (aux Pays-Bas puis en France) avant la fin de l'année 2016.

Aetoscan, quand l'acupuncture rencontre le big data

Tout peut devenir numérique... y compris la tradition millénaire de l'acupuncture chinoise. Grâce à l'analyse des données et à un logiciel auto-apprenant, la startup taïwanaise Aetotech a créé l'Aetoscan, un instrument de détection des points de tension dans le corps.  Il suffit de placer quelques secondes le scanner sur les 24 points d'acupuncture identifiés par la médecine traditionnelle (situés sur les mains et les pieds), pour que le logiciel établisse un diagnostic détaillé de votre état de santé. "Les points d'acupuncture permettent de révéler les tensions et les douleurs dont nous n'avons pas forcément conscience, mais qui ont un impact sur notre santé et notre bien-être", explique Lorraine Su, chef de projet chez Aetotech. De quoi identifier des problèmes de foie, d'intestin, une dépression ou encore des problèmes de circulation du sang ou de dos...

Ces informations sont ensuite consultables sur une application et peuvent être utilisées pour l'auto-médication ou montrées à un médecin pour affiner son diagnostic. Cette méthode est déjà utilisée par 10.000 hôpitaux au Japon. La startup veut désormais l'internationaliser aux Etats-Unis et en Europe, car elle estime que les nouvelles technologies peuvent représenter une porte d'entrée pour la médecine traditionnelle en Occident.

ITS5, la plateforme pédagogique qui connecte les enseignants et les élèves

Les technologies autour de l'éducation -les EdTech- éclosent partout dans le monde. A Taipei, la startup Hong Ding Educational Technology a mis au point une plateforme fonctionnant dans le cloud destinée à la fois aux professeurs et aux élèves.

Avant le cours, les enseignants peuvent déposer des documents consultables par les élèves (cartes, exercices, concepts). Pendant la classe, les élèves effectuent les exercices et contrôles directement dans le logiciel, accessible depuis leur tablette, ce qui permet un retour quasi-immédiat pour le professeur. Après les cours, les devoirs sont aussi à effectuer sur la plateforme, qui peut servir à échanger entre élèves et avec le professeur.

LiFi Keys, la sécurité à l'ère de l'économie collaborative ?

Le développement de l'économie collaborative transforme des citadins ordinaires en vendeurs, loueurs, prêteurs, acheteurs de produits et de services, mais sans leur garantir une sécurité équivalente à celle des services professionnels, notamment pour le paiement ou, dans le cas d'Airbnb, pour être sûr que l'appartement qu'on loue restera fermé à clé. D'où la création du Smart Flash Light, de la startup LiFi Keys. Fonctionnant dans le cloud, le service permet de sécuriser des transactions entre particuliers.

Dans le cas d'Airbnb, si le loueur équipe sa porte d'un système automatisé, il n'a plus à venir remettre un double de son badge au visiteur mais à lui transmettre un code via la plateforme, qu'il peut changer à chaque location. Le visiteur n'a qu'à pointer la lampe-torche de son smartphone sur la porte pour l'ouvrir. Pour les ventes et les services rémunérés entre particuliers, le paiement peut se faire via l'application : il est bloqué jusqu'à livraison du service et s'effectue automatiquement après.

NV Board, la machine à fléchettes connectée en réseau

Très populaire à Taïwan, le jeu des fléchettes passe lui-aussi à l'ère numérique pour devenir plus interactif. Ainsi, la startup NVTEK Electronic a développé une "machine à fléchettes" intelligente et connectée, NV Board. Lorsque le joueur lance ses fléchettes sur le panneau, le système calcule automatiquement les points et établit des statistiques, consultables sur smartphone ou tablette, qui servent ensuite à "coacher" le joueur s'il le souhaite. Il est également possible de faire une partie seul de chez soi, à distance, avec la communauté des passionnés sur internet.

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