Deezer entre en Bourse et dans la cour des grands

En cas de succès, le service d'écoute de musique en ligne sera valorisé entre 900 millions et 1,1 milliard d'euros.
Hans-Holger Albrecht, le PDG de Deezer, veut rivaliser avec Spotify et Apple Music en positionnant son service comme un leader incontournable.

"Go big or go home", disent les Américains. Alors que la concurrence ne cesse de s'intensifier dans le secteur en pleine croissance du streaming musical, Deezer passe à la vitesse supérieure en annonçant, jeudi 15 octobre, son introduction en Bourse sur le marché réglementé d'Euronext, à Paris.

Le groupe français propose aux investisseurs d'acheter ses nouvelles actions entre 36,40 et 49,24 euros l'unité. Avec pour objectif de lever au moins 300 millions d'euros, répartis sur plus de 8,2 millions de nouvelles actions. En cas de succès, l'IPO valoriserait Deezer entre 900 millions d'euros et 1,1 milliard. Le prix de l'offre sera fixé le 27 octobre, pour un début de négociation des actions le 30 octobre. Si la société dépassait le cap du milliard d'euros de valorisation, Deezer entrerait dans le cercle très fermé des licornes.

Ne pas subir la loi d'Apple Music et de Spotify

Lorsque le groupe français avait déposé sa demande auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le 22 septembre, il avait affiché son objectif de ne pas subir la loi d'Apple Music et de se replacer dans la course aux abonnés:

"La société est arrivée à une certaine maturité. En terme d'actionnariat, l'introduction en Bourse permet d'avoir accès à une base plus diversifiée et plus internationale. Cela devrait aussi donner une visibilité plus importante à la société."

Deezer devient ainsi la première plateforme de streaming à tenter l'introduction en Bourse. C'est un pari risqué. Car le service, comme ses principaux concurrents, présente le profil atypique d'une entreprise en forte croissance mais pas encore rentable, le marché étant toujours en phase de consolidation. Selon Les Echos, Deezer a réalisé 142 millions de chiffre d'affaires l'année dernière (+50%) et devrait dépasser le cap des 200 millions cette année. Mais la rentabilité n'est toujours pas au rendez-vous : la marge brute d'exploitation était toujours négative de 12 millions d'euros au premier semestre 2015.

6,3 millions d'abonnés, loin derrière Spotify et Apple Music

Aujourd'hui, Deezer revendique 6,3 millions d'abonnés, pour 16 millions d'utilisateurs au total. Parmi ceux qui payent, 1,5 millions sont des abonnés directs et 4,8 millions profitent d'accords directs passés avec des opérateurs télécoms comme Orange en France, Vodafone en Allemagne ou encore Tim au Brésil.

A titre de comparaison, le leader mondial, Spotify, en compte 20 millions, pour 75 millions d'utilisateurs au total. L'autre mastodonte, Apple Music, ne communique pas ses chiffres, mais des analystes américains estiment que la Pomme aurait converti 15 millions d'utilisateurs en abonnés, ce qui en ferait le numéro deux mondial.

Lorsqu'on interroge Simon Baldeyrou sur la concurrence, le directeur des opérations de Deezer ne prend même pas la peine de citer des services comme Tidal ou Pandora, qui ont pourtant de grandes ambitions dans le secteur. "Nous avons trois concurrents : Spotify, Apple Music et YouTube" tranchait le dirigeant devant des députés, fin septembre.

Développer de nouveaux services comme des audiobooks

En plus de lui donner de la visibilité et de l'imposer parmi les acteurs incontournables du streaming, Deezer compte profiter de l'entrée en Bourse pour accélérer son développement à l'international.

Lors d'une conférence de presse, ce jeudi, le groupe a affiché sa volonté de conquérir de nouveaux utilisateurs, notamment aux Etats-Unis, et de diversifier son offre avec des audiobooks pour adultes et pour enfants et des chaînes de radio.  "Nous voulons être présents sur tout ce qu'il est possible d'écouter" résume Simon Baldeyrou.

Pour aller plus loin : Deezer sort l'artillerie lourde pour contrer Apple Music

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Commentaire 1
à écrit le 15/10/2015 à 12:30
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Un service, presque rien d'autre, valorisé à ce prix, ça laisse rêveur! En plus ils perdent de l'argent, ils ont un business model boîteux! La nouvelle économie bénéficie d'un engouement survalorisé, tout ça n'est qu'une bulle qui se dégonflera un jo...

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