En quête d'abonnés, Netflix mise sur les pays émergents

La plateforme de streaming video revendique 130 millions d'abonnés dans le monde, à la suite d'un trimestre en-dessous des attentes. Pour tenter de conquérir de nouveaux spectateurs, notamment dans les pays émergents, Netflix veut miser sur les contenus locaux. La société californienne a lancé une opération séduction en Inde, marché potentiel de plus d'un milliard de spectateurs.
Anaïs Cherif
Le géant du streaming vidéo, Netflix, revendique 130 millions d'abonnés dans le monde.
Le géant du streaming vidéo, Netflix, revendique 130 millions d'abonnés dans le monde. (Crédits : Mike Blake)

Netflix boudé par les marchés financiers. La plateforme de streaming vidéo a annoncé ses résultats trimestriels le 16 juillet, dévoilant un nombre de nouveaux abonnés inférieur aux attentes. La société californienne a engrangé seulement 5,15 millions nouveaux abonnés sur le trimestre - loin des 6,2 millions auxquels il s'attendait. Au total, Netflix revendique désormais 130 millions d'utilisateurs dans le monde - alors qu'il tablait sur 131 millions.

Le rythme de progression des abonnements étant l'élément le plus observé par les marchés, le titre a plongé de 14% à 344,28 dollars dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, alors que le cours de Netflix a doublé depuis le début de l'année.

"Nous avons eu un solide deuxième trimestre mais pas excellent", a reconnu le groupe dans sa traditionnelle lettre aux actionnaires, soulignant que sa progression d'abonnés était similaire à celle du deuxième trimestre 2017. La société a ajouté avoir "surestimé" les fluctuations trimestrielles au niveau des abonnements, sans donner davantage d'explications.

Dans le détail, la plateforme a vu arriver seulement 670.000 nouveaux abonnés aux États-Unis, contre 1,2 million attendus, et 4,47 millions à l'international, contre 5 attendus. Il faut dire que le trimestre écoulé a été faible en termes de nouveautés, et un possible effet Coupe du monde est à noter, selon Bloomberg. Dans une vidéo publiée à la suite des résultats, le patron du groupe, Reed Hastings, temporise : « Les fondamentaux n'ont jamais été plus forts. Notre vision établit des records d'une année sur l'autre. »

Il est vrai que côté finances, le bénéfice net trimestriel a été multiplié par près de 6, à 384 millions de dollars, nettement au-dessus de ses propres attentes (358 millions). Le chiffre d'affaires, quant à lui, est conforme aux anticipations, à 3,91 milliards de dollars (+40,3% sur un an). Fait notable : pour la première fois de son histoire, le chiffre d'affaires généré à l'international (un peu plus de 50%) est légèrement supérieur à celui engrangé dans son pays d'origine.

Netflix veut miser sur le contenu local

Présent dans 190 pays, la plateforme commence à récolter les fruits de ses investissements importants pour se développer en dehors des États-Unis. Cela passe par une offensive amorcée en 2017 avec la production de contenus originaux locaux pour séduire un public plus large, notamment dans les pays émergents, et porter la croissance pour la décennie à venir. Cette année, Netflix devrait proposer 80 programmes locaux pour les marchés non-anglophones, sur un total de 700 séries et films prévus courant 2018. La société s'est d'ailleurs félicitée du succès rencontré ce trimestre par la série danoise "The Rain", "regardée dans le monde entier", selon la lettre aux investisseurs.

"Notre contenu international peut être important pour des pays et des régions spécifiques, mais il peut aussi bien fonctionner en dehors de leurs marchés d'origine", souligne le groupe dans sa lettre.

Ainsi, au premier trimestre, la série espagnole "La Casa del Papel" s'est ainsi illustrée comme "la série non-anglophone la plus regardée dans l'histoire de Netflix", se félicitait le groupe en avril.

Lire aussi : Avec toujours plus d'abonnés, Netflix développe les séries étrangères

Opération séduction en Inde

Prochaine région-clé : l'Inde et son marché potentiel de plus d'un milliard de spectateurs. Netflix y propose ses services depuis début 2016, mais la société américaine a lancé une opération séduction au cours de ce trimestre. Alors que le marché chinois reste cadenassé, l'Inde est au cœur de sa stratégie de croissance pour les mois à venir.

Début juillet, Netflix a lancé sa première série originale indienne, baptisée "Sacred Games". Dans la lettre aux investisseurs, le groupe se félicite d'un "début solide". Un film original, intitulé "Lust Stories", a également été lancé ce trimestre. Il a "rencontré un succès majeur puisqu'il est devenu notre film original le plus vu sur un marché individuel au cours de son premier mois" de lancement, a souligné le groupe. Une deuxième série originale indienne est attendue pour le 24 août. Netflix espère ainsi grappiller des parts de marché face à Amazon Prime Video, également présent en Inde depuis 2016. Le géant de l'e-commerce souhaite lancer 10 programmes originaux indiens courant 2018 - rendant la concurrence plus rude.

Afin de garder sa place de leader, Netflix reste le plus gros investisseur pour ses propres contenus, avec 8 milliards de dollars déboursés courant 2018 - quand Amazon table sur 4,5 milliards et Apple, 1 milliard. Dans sa lettre aux investisseurs, le groupe américain dit s'attendre à plus de concurrence à l'international, y compris de ProSiebenSat 1 Media en Allemagne et Salto en France, alliance de France Télévisions, TF1 et M6Netflix est également confronté à la concurrence récente des géants que sont Disney, tout comme d'AT&T qui compte investir dans HBO après avoir pris le contrôle de la chaîne câblée avec le rachat de Time Warner.

(avec agences)

Anaïs Cherif

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