Facebook Live et les médias : le début d'un fiasco ?

Facebook avait signé en 2016 plus de 140 contrats avec des éditeurs et célébrités pour que ces derniers réalisent et diffusent des contenus en direct sur le réseau social. Mais cette stratégie est largement remise en cause notamment par les éditeurs qui soulignent notamment le manque de moyens alloués par Facebook pour produire ce type de format.
Grégoire Normand
Facebook avait dépensé plus de 50 millions de dollars pour développer le live auprès des médias et des célébrités.

La diffusion de vidéos en direct sur Facebook par les éditeurs de presse devrait ralentir dans les mois qui arrivent. Selon des médias partenaires de Facebook interrogés par Recode, le géant privilégie de moins en moins ce format. Au printemps 2016, Facebook avait passé des contrats avec des éditeurs et des célébrités pour les inciter à diffuser ce type de contenus. Mais de nombreux médias ne seraient pas intéressés pour les renouveler. Le plus grand réseau social au monde avait dépensé plus de 50 millions de dollars pour la signature de 140 partenariats.

Des vidéos premium à la place du live

Au lieu de produire des vidéos en direct, Facebook est en train d'inciter les éditeurs à créer du contenu vidéo bien plus long et premium. Le but serait de diffuser des vidéos en haute qualité sur la plateforme et dans les fils d'actualité au détriment du live. Selon Recode, il est probable que Facebook paie les éditeurs pour faire ce type de format au lieu de faire du live classique. Pourtant, le livestream était devenu l'une des grandes priorités de Mark Zuckerberg l'année dernière.

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Le possible abandon du format live s'inscrit dans le prolongement des dernières annonces émises en décembre 2016. La firme aurait eu des discussions avec des studios TV et d'autres producteurs dans le but d'avoir ses propres contenus vidéos. Les échanges auraient porté sur "des émissions scénarisées, de jeux et de sport".

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Des éditeurs peu intéressés pour renouveler les contrats

L'un des problèmes évoqué est que les montants proposés par Facebook pour produire ces vidéos en direct ne seraient pas intéressants pour la majorité des éditeurs. Si des médias comme BuzzFeed ou le New-York Times ont reçu trois millions de dollars lors de la signature du contrat, le montant moyen s'élève à un million de dollars comme le souligne le Wall Street-Journal. Les sommes proposées par Facebook ne permettraient pas d'engager des équipes spécifiques au regard du temps et des efforts requis pour réaliser des directs sur le réseau social. Quelques médias ont des équipes dédiées à la production de vidéos comme le New-York Times qui a prévu sept personnes pour produire ces formats. D'autres éditeurs interrogés par Recode ont affirmé qu'ils allaient continuer les live pour Facebook et d'autres plateformes, comme Twitter ou Youtube, mais allaient réduire leurs efforts.

Par ailleurs, Facebook s'était également engagé à payer quelques célébrités pour assurer la promotion de son outil de livestream. L'humoriste Kevin Hart, le joueur de NFL Russel Wilson et le chef étoilé Gordon Ramsay s'était engagé à produire du contenu live contre rémunération. Le responsable de Facebook en charge des partenariats avec les médias Justin Osofsky avait expliqué que "nous avons voulu inviter un large éventail de partenaires pour que nous puissions obtenir des commentaires à partir d'une variété de différentes organisations sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas".

Vers un abandon du live ?

Près d'un an après la signature des contrats, il se pourrait que de nombreux médias anglo-saxons abandonnent les Facebook live pour investir dans d'autres formats ou d'autres plateformes comme Periscope, devenue l'application incontournable du live streaming sur mobile. Par ailleurs, ce changement de stratégie intervient dans un contexte difficile pour les éditeurs. Ces derniers ont vu leur recettes publicitaires diminuer ces dernières années alors que Facebook a fortement multiplié ces revenus issus des annonceurs. Ce qui a entre autres provoqué une plus grande dépendance des médias au réseau social.

Grégoire Normand

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