Facebook renforce sa lutte contre la désinformation

Facebook a dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour lutter contre la prolifération de la désinformation sur son fil d'actualité. Si les moyens annoncés se révèlent ambitieux, certains observateurs pointent déjà une fausse solution à un problème beaucoup plus profond.
Grégoire Normand
Selon Wired, 44% des Américains adultes s'informeraient par Facebook.

Très critiqué lors de la campagne présidentielle américaine pour son rôle présumé dans la diffusion de fausses informations, Facebook a décidé de développer des partenariats avec des médias reconnus dans leurs pratiques du factchecking. Dans un post de blog diffusé en fin de semaine dernière, la firme a détaillé ses propositions.

>> Lire aussi : Facebook détaille sa stratégie pour lutter contre la désinformation

Les usagers pourront signaler de fausses informations

Adam Mosseri, vice-président de News Feed, le département du réseau social qui gère les fils d'actualité a apporté quelques explications dans le post précité :

" Nous croyons qu'en donnant une voix au gens et que nous ne pouvons pas nous mêmes être les arbitres de la vérité, nous avons une approche prudente du problème. Nous allons concentrer nos efforts sur le pire du pire, sur les supercheries évidentes diffusées par des 'spammers' pour leur seul intérêt, et nous engageons à la fois notre communauté et des tierces parties."

Les utilisateurs pourront ainsi signaler les contenus et des liens présentant de fausses informations comme ils peuvent déjà le faire pour des messages illégaux.

Des médias spécialisés mis à contribution

Pour assurer une meilleure crédibilité au travail de vérification, Facebook a décidé de s'associer à des organisations membres de The International Fact-Checking Network telles que Politifact, Snopes, ABC News, Associated Press. Ces médias ont signé une charte qui les oblige à respecter quelques principes dans leurs pratiques journalistiques.

Si la vérification effectuée par les médias révèle des informations falsifiées, le contenu sera alors assorti d'un drapeau rouge contenant un point d'exclamation comme l'illustre la vidéo ci-dessus. Une phrase sera également ajoutée pour préciser que ce contenu est remis en cause par plusieurs médias. Il devrait être toujours possible en revanche de partager le contenu mais l'utilisateur ne pourra pas enlever le signalement.

Par ailleurs, Adam Mosseri a également précisé que Facebook devrait prendre des mesures pour réduire la possibilité de se faire de l'argent pour ces plateformes via Facebook. Le contenu sponsorisé devrait être rendu bien plus difficile.

Une tâche bien complexe

Les efforts apparents de Facebook pour lutter contre la désinformation sont parfois remis en cause. C'est notamment le cas du sociologue spécialiste des réseaux sociaux Antonio Casilli qui a avancé quelques réserves dans une interview vidéo accordée à Médiapart ce 17 décembre (8'40) :

"Si ces fake news (ndlr : ces fausses informations) circulent, c'est à cause du fait qu'elles permettent à quelqu'un de gagner de l'argent. Il y a quelqu'un qui profite de ces fausses nouvelles et de cette désinformation. Qui sont-ils ? S'agit-il d'une cabale ? Impossible. On tomberait dans le complotisme pour dénoncer du complotisme. Après tout, derrière, il y a une macroéconomie faite de micro-entrepreneurs du clic. Souvent, il s'agit de personne qui pour gagner 200, 300 euros voire 1.000 euros par mois aident la viralité de messages détestables."

Pour le maître de conférences, ce qui a fait élire Trump, ce ne sont « pas les algorithmes, mais des millions de "tâcherons du clic" sous-payés » comme il l'expliquait sur son blog il y a un mois :

"Pour être plus clair : ce ne sont pas 'les algorithmes' ni les 'fake news', mais la structure actuelle de l'économie du clic et du digital labor global qui ont aidé la victoire de Trump."

Antonio Casilli fait ici référence à la Macédoine où une enquête de BuzzFeed News a identifié plus de 100 sites web pro-Trump gérés depuis une seule ville de cette république d'ex-Yougoslavie :

"Plusieurs adolescents qui gèrent ces sites ont déclaré à BuzzFeed News qu'ils avaient vite compris que le moyen de générer un maximum de visites était de répandre leurs articles sur Facebook, et que la meilleure façon d'obtenir des partages sur Facebook était de publier des contenus sensationnalistes et souvent faux destinés aux partisans de Donald Trump."

La lutte contre la désinformation sur le célèbre réseau social s'annonce bien ardue.

Grégoire Normand

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Commentaires 2
à écrit le 19/12/2016 à 14:23
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Du moment qu'ils paient bien, Facebook ne fera rien contre ses propres intérêts financiers. Et les pseudos blogs d'information économique comme "Le vaillant petit économiste", en réalité un vendeur d'assurance-vie (d'où le ton et le contenu très anxi...

à écrit le 19/12/2016 à 11:41
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"Souvent, il s'agit de personne qui pour gagner 200, 300 euros voire 1.000 euros par mois aident la viralité de messages détestables." Les trolls, stupides serviteurs serviles des possédants, yen a qui ont de bien tristes karmas, ils ont du vraim...

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