Depuis le 31 juillet, les salariés d'Altis attendaient cette nouvelle. Le géant américain de l'informatique, IBM et Infineon, fabricant allemand de semi-conducteurs ont annoncé jeudi soir dans un communiqué commun la vente du fabricant de composants électroniques Altis Semiconductor à la société du commissaire français à la Diversité et à l'égalité des chances, Yazid Sabeg.

Les deux groupes coopropriétaires ont précisé que 100% de cette société francilienne étaient cédés à Altis International, société appartenant à l'homme d'affaires Yazid Sabeg. Ce dernier devrait financer quasiment la totalité de l'opération qui s'élève à 200 millions euros. Les termes financiers de la transaction n'ont pas été précisés.

L'avenir du site faisait depuis plusieurs mois l'objet d'un fort intérêt de la part du gouvernement, et en particulier du ministre de l'Industrie, Christian Estrosi.
Celui-ci avait apporté son soutien au projet de reprise de Yazid Sabeg, en dépit d'un désaveu exprimé fin juillet par le comité d'entreprise qui remettait en cause la solidité financière du plan.

Des journaux se sont interrogés sur un possible conflit d'intérêt du commissaire à la Diversité, qui a un statut spécial vis-à-vis du gouvernement.
Officiellement, Yazid Sabeg, proche du président Nicolas Sarkozy, ne perçoit en effet aucune rémunération, ce qui lui a permis de rester à la tête de son entreprise. Il est également président de CS (ex-Compagnie des signaux), société spécialisée dans les systèmes de sécurité et de communication.

Le Canard enchaîné avait révélé le 28 juillet qu'il avait déposé un dossier pour obtenir une aide de 20 millions d'euros au Fonds stratégique d'investissement (FSI), qui lui a refusé provisoirement ce prêt, selon le ministre de l'Industrie. L'hebdomadaire se demandait si Yazid Sabeg ne profitait pas de ses relations haut placées pour ses propres intérêts.

"Je suis d'accord avec le projet de reprise de (Yazid) Sabeg", avait néanmoins déclaré Christian Estrosi lundi sur Europe 1. "Avant la troisième semaine d'août, vous verrez qu'il y aura des résultats positifs", ajoutait le ministre, qui s'était rendu sur le site début juillet, assurant que le projet de reprise était bouclé.
Altis Semiconductor est l'unique site de production de circuits logiques d'Ile-de-France.

L'usine emploie 1.300 personnes. Selon le maire UMP de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, qui a pris la succession de Serge Dassault en septembre dernier, elle représente 3.000 emplois indirects et 18 millions d'euros de taxe professionnelle par an pour la commune. Pendant la campagne électorale de l'automne 2009, Jean-Pierre Bechter avait assuré avoir trouvé un repreneur, sans plus de précision.