Silicon Valley : à San Francisco, les drones de Skycatch font rêver Google

La reine de la Baie héberge de plus en plus de start-ups dont AirBnB et Twitter. Dans le bâtiment de cette dernière, sont hébergées une vingtaine de toutes jeunes pousses, dont Skycatch, qui conçoit des drones civils à usage commercial qui ont séduit le géant Google. La dernière étape de notre voyage dans la Silicon Valley.
Vol d'un drône dans les bureaux de Skycatch. / DR

1355 Market Street. Un monumental immeuble art déco rénové, dans le quartier MidMarket de San Francisco, abrite le siège de Twitter, le célèbre réseau social de mini-messages. Mais pas seulement. Une vingtaine de toutes jeunes pousses y partagent aussi un étage, aux frais du business angel Allen Morgan qui se décrit comme un « sherpa de startups. » Parmi elles, Skycatch, née en janvier, composée d'une petite équipe de 10 personnes, et qui a déjà attiré l'attention du géant Google. Son activité : la conception de drones à usage commercial à louer et de l'application de pilotage à distance.


(Source DR)

Les investisseurs de la Silicon Valley se ruent sur les futures pépites du secteur des drones civils, une des révolutions à venir de la high-tech. Google Ventures, le fonds de capital-risque du moteur de recherche, vient de participer à la fin juin au deuxième tour de table de Skycatch, d'un montant de plusieurs millions de dollars, aux côtés notamment de l'estonien Toivo Annus, l'un des cofondateurs de Skype.

 
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Surveiller le raisin d'une exploitation viticole

Ancien militaire, en veste de treillis, le co-fondateur et directeur général de Skycatch, Christian Sanz, est un passionné de drones et d'informatique. Il organise une compétition baptisée DroneGames, sorte de « hackathon » où des programmeurs doivent développer un logiciel capable de piloter à distance sans télécommande un drone quadricoptère du français Parrot et de lui faire effectuer diverses prouesses : détecter un visage, suivre un individu, voler en rythme sur une musique ou de façon coordonnée avec un autre appareil.


Chez Skycatch, l'objectif est beaucoup plus sérieux. L'équipe de Christian Sanz et de son acolyte Christopher Bumgardner, un « crack de l'informatique », a conçu une solution tout-en-un : des drones quadripèdes équipés de caméras et un tableau de bord de pilotage sur mobile ou PC, à l'interface très simple d'utilisation, pour la surveillance de chantiers, de stades, d'installations portuaires et d'entrepôts, ou même de cultures.

« Nous avons un test en cours dans la Napa Valley : les drones permettent de surveiller la couleur du raisin et de voir s'il faut traiter contre un parasite, arroser ou commencer à vendanger », raconte le directeur du développement commercial, Douglas Dunlap, recruté en mars dernier.


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Economiser 1 million de dollars en logistique sur un chantier

Les images sont envoyées en temps réel, en WiFi ou en 4G. « On récolte alors des téraoctets de données (des milliers de Go) en 1 minute et demi de vol seulement, qui sont stockées dans le cloud et accessibles depuis son ordinateur et son mobile sur le tableau de bord qui présente les vols passés, actuels, programmés, etc... On peut aussi envoyer des alertes », explique le commercial.


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Au départ, Skycatch n'avait imaginé que des applications militaires, pour suivre les troupes, avant d'élargir aux secteurs de la construction et de la logistique. Ainsi le groupe de construction américain Turner, qui est en train de bâtir le nouveau stade des 49ers, l'équipe de football américain de San Francisco, utilise plusieurs drones de Skycatch, des patrouilles virtuelles jugées apparemment plus efficaces et moins coûteuses que les tournées de gardiens en chair et en os.

Les drones, d'une taille comparable à ceux de Parrot, sont fabriqués chez un sous-traitant à Sacramento : ils sont résistants à la pluie, à la neige, au vent, ont une autonomie de 50 minutes, filment la nuit en caméra infrarouge, savent éviter les obstacles, décollent et atterrissent seuls. « Sur un chantier, l'aide à la logistique, c'est-à-dire la localisation des différents éléments, les poutres, les matériaux, etc, peut faire gagner un ou deux jours et donc économiser un million de dollars » explique Douglas Dunlap.

Dans l'espace aérien commercial en 2015 ?

Séduit, le géant suédois de la construction Skanska a même réclamé un accord exclusif. Le français Bouygues s'y intéresse aussi : c'est la petite cellule de veille de sa filiale Bouygues Telecom, Winnovation, installée dans la Silicon Valley depuis 2001, qui a repéré la start-up pour le groupe. Skycatch aurait 200 drones actifs à l'heure actuelle, principalement sur des chantiers et quelques exploitations agricoles. Elle fait payer un forfait mensuel, comprenant la location du ou des drones et la solution logicielle (programmation des vols, accès aux vidéos, etc).

La réglementation américaine l'empêche d'en vendre et les drones ne peuvent être utilisés en dehors d'un terrain privé, par exemple pour survoler une route, exception faite des forces de l'ordre. Pour l'instant, car il est question de les autoriser à emprunter le même espace aérien que les avions commerciaux en 2015.


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En attendant, Skycatch se tourne vers l'international, notamment l'Asie, « où les règles sont plus souples, vis-à-vis des syndicats, du respect de la vie privée. Ici, les gens ont peur que les drones servent à lâcher une bombe, à espionner », déplore le commercial, qui fait valoir au contraire que « des drones auraient été très utiles lors des attaques du marathon de Boston. »

Contrôle des foules mais aussi analyse des comportements ou photo aérienne et multi-angles en temps réel, par exemple pour l'immobilier, font partie des argumentaires de vente de la start-up : « nous pensons que le marketing sera une de nos opportunités les plus lucratives. »

Les drones et la révolution des objets connectés

Aux yeux de Mary Meeker, l'ancienne « reine du Net » à Wall Street à la fin des années 1990, depuis reconvertie dans le capital-risque chez Kleiner Perkins dans la Valley, les drones feront partie du prochain cycle de l'informatique, après celui des smartphones et celui des tablettes, avec les autres objets connectés, à porter (lunettes, montres) ou à conduire (voitures).

L'arrivée de « mini-drones low-cost » devrait démocratiser leurs usages, dans l'agriculture, la sécurité et les premiers secours, mais aussi le sport et le divertissement. Des expérimentations de « drone journalisme », pour la prise de photo et de vidéo, sont déjà en cours dans plusieurs pays. Et Chris Anderson, le renifleur de tendances de la Valley, ex-rédacteur en chef du magazine Wired, a quitté son job pour se lancer dans l'aventure des drones (DIYDrones et 3D Robotics).

Google, déjà pionnier de la voiture sans pilote avec Street View et de la prise de vue aérienne avec Google Earth, ne pouvait pas passer à côté de cette opportunité fantastique d'enrichir sa base de données mondiale. Un mois avant son entrée au capital de Skycatch, Google Ventures avait déjà participé à une levée de fonds de 10,7 millions de dollars d'une autre start-up californienne spécialisée dans les drones autonomes, pour la partie composants et systèmes d'autopilotage, Airware.

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Commentaires 16
à écrit le 02/08/2013 à 20:59
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Je suis emerveillé par les possibilités qu'offrent les drones. La chance qu'on a c'est qu'on a une entreprise leader sur les petits drones Parrot. Il leur reste juste à augmenter l'autonomie. Cela devient excellent. Quand je vois que maintenant Franc...

à écrit le 02/08/2013 à 14:36
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Je suis émerveillé par la capacité des USA à créer et à développer des entreprises de haute technologie où des jeunes talents peuvent s'épanouir et changer notre monde. Hier Les vieilles start-up comme Google, Facebook, aujourd'hui Skycatch montrent ...

le 02/08/2013 à 17:07
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@Uncle Scrooge : d'accord avec vous sur le faites qu'il est tres mal vu en France de voir le privé financer des travaux de recherche des étudiants. Par contre la dernière partie de votre commentaire est hors sujet et n'est qu'un vomi de bile haineuse...

le 03/08/2013 à 0:46
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Faut arrêter de dire n'importe quoi de temps en temps et se renseigner un peu avant. Les gens qui n'ont pas de couverture maladie on droit à l'aide d'état (medikaid), le pays le plus endetté du monde c'est le japon (+ de 200% du PIB) . les socialiste...

à écrit le 02/08/2013 à 14:30
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"« des drones auraient été très utiles lors des attaques du marathon de Boston. »" : c'est sûr que si les terroristes avaient eu accès à ces technologies (ce qui ne saurait tarder malheureusement), ils aurait pu faire beaucoup plus de victimes beauco...

le 02/08/2013 à 18:17
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Un drone de surveillance est quand même plus utile à la police qu'aux terroristes...

à écrit le 02/08/2013 à 10:44
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déjà pionnier de la voiture sans pilote avec Street View ???????, plutôt la google car

le 02/08/2013 à 14:38
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@bellerophon : on est plus à une approximation pres sur LT...

à écrit le 02/08/2013 à 10:39
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A terme les drones vont révolutionner en permettant, pour la 1ere fois dans l'histoire, de virer des policiers, en les remplaçant, ils remplaceront aussi les militaires au sol, pour occuper le terrain. Les drones seront de plus en plus petits, tiendr...

le 02/08/2013 à 11:55
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Je ne vois pas l'intérêt de remplacer des policiers par des drones puisqu'un drone est bien incapable d'interpeller une bande de malfaiteurs. Par ailleurs, pour rassurer la population les communes installent de plus en plus des caméras de surveillanc...

le 02/08/2013 à 13:58
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Et concernant la vie privée ?

le 02/08/2013 à 14:23
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ils ne pourront jamais remplacer l'armée au sol ! c'est pas un avion qui mettra les menottes a un individu, ou qui fouillera des caves !

le 02/08/2013 à 14:38
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@xavier-marc : si vous même répondez oui à votre derniere question c'est que vous n'avez pas compris la morale du film...

le 02/08/2013 à 16:11
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et si.... celà devenait un moyen de locomotion individuel.... sorte de l'évolution de l'ULM.... mais en décollage vertical... et en réduction.....!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.. energie fossile ou électrique... selon.......

le 02/08/2013 à 17:08
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Quel enfant ce curieux37 ;-)

le 24/10/2013 à 21:28
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je veut bien avoir une adresse mail ou .... ou ent peut développer mon aider

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