Google veut prendre le contrôle du tableau de bord... et du véhicule

Le géant de l'Internet veut intégrer son système pour smartphone Android dans tous les véhicules et a réussi à rassembler presque tous les grands noms de l'industrie autour de son projet... tout en poursuivant le développement de son prototype de véhicule sans conducteur.
Delphine Cuny

Alan Mulally, qui fut patron de Ford jusqu'en juillet, a rejoint le conseil d'administration de Google cet été. C'est dire l'importance que revêt le secteur automobile aux yeux des dirigeants du géant du Web, qui ont multiplié les initiatives dans le domaine depuis une huitaine d'années.

Le leader mondial de la recherche sur Internet est en passe de s'installer sur les tableaux de bord de presque tous les véhicules : depuis le lancement de son « alliance automobile ouverte » en janvier, ce sont au total 28 constructeurs, de Volkswagen à Renault, en passant par Maserati, Honda et Skoda, qui ont rejoint le mouvement et vont intégrer à leurs voitures son logiciel Android Auto, une déclinaison de son système d'exploitation pour smartphone, qui équipe déjà huit appareils sur dix vendus dans le monde. Les premiers véhicules compatibles Android Auto sortiront des usines de montage avant la fin de l'année.

Rendre l'écosystème Android incontournable

« Ne serait-ce pas génial de pouvoir emmener ses applications et musiques préférées et de pouvoir s'en servir sans prendre de risque, en utilisant les commandes et l'écran de votre voiture ? » fait valoir Google.

Sa démarche va au-delà de la seule synchronisation de son smartphone : le logiciel Android Auto se superpose à celui du constructeur dans la console de bord et affiche des informations utiles à la conduite, telles que le meilleur itinéraire, les niveaux de carburant, d'huile, la pression des pneus. L'objectif est de rendre « la conduite plus sûre, plus simple et plus agréable pour tout le monde » et le but ultime de « permettre à la voiture elle-même de devenir un appareil connecté Android ». Le géant californien ne cache pas sa motivation : que l'on utilise toujours plus les services Google (Maps, Gmail, Play pour la musique, etc.), afin de mieux « verrouiller » l'utilisateur au sein de l'écosystème Android. La firme de Mountain View, dont l'essentiel du chiffre d'affaires provient de la publicité, pourrait générer de nouvelles recettes grâce à la pub géolocalisée (à l'approche d'un commerce) ou aux contenus de divertissement consommés à bord par les passagers (YouTube, par exemple).

Google n'est pas le seul à faire une priorité stratégique de la voiture connectée, marché immense puisqu'un milliard d'automobiles circulent sur les routes : le Finlandais Nokia, recentré sur les équipements télécoms et les brevets, compte investir 100 millions d'euros dans des start-up de l'univers de la voiture connectée, en capitalisant sur ses cartes Here (« ici »), issues du rachat de Navteq, pré-embarquées dans huit voitures sur dix en Amérique du Nord et en Europe. L'Américain espère le détrôner et imposer Google Maps comme la cartographie et le guidage GPS par défaut du véhicule. Google veut aussi barrer la route à Apple, qui a sa propre solution CarPlay pour les propriétaires d'iPhone, adoptée par une vingtaine de grands constructeurs.

Vers des « robo-taxis » financés par la pub ?

Mais le projet le plus ambitieux de Google est celui, à plus long terme, de la voiture « qui se conduit toute seule » , lancé il y a plus de quatre ans avec des spécialistes de l'intelligence artificielle de Stanford, dans le but de « prévenir les accidents, libérer du temps et diminuer les émissions de CO2 ».

Après avoir bricolé des Prius, des Lexus et des Audi TT, le géant du Web a conçu son propre prototype dont il va faire construire une centaine d'exemplaires : ce véhicule électrique rond et compact aux faux airs de Fiat 500, pour lequel il a obtenu un permis de test sur les routes de Californie, est bourré de caméras et de capteurs (pour détecter les obstacles), limité à une vitesse de 40 km/h et équipé du logiciel Google Chauffeur, ainsi que de commandes manuelles de secours - pour l'instant.

Google constructeur ? Le groupe dit vouloir « travailler avec des partenaires pour diffuser sa technologie dans le monde entier », quitte à les réduire au rôle d'assembleur. Ses véhicules autonomes pourraient aussi être utilisés pour fournir « un service de transport financé par la publicité », dont il a déposé le brevet, des « robo-taxis » qui pourraient intéresser Uber, la start-up dans laquelle il a investi 250 millions de dollars. Google rêve de réinventer la mobilité d'un monde où les passagers n'auraient plus qu'à « se détendre et profiter de la balade ». Pour mieux consommer du service Google.

Delphine Cuny

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Commentaires 5
à écrit le 26/11/2014 à 13:38
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Essai

à écrit le 15/10/2014 à 13:44
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Super, Google connaissait déjà notre navigation virtuelle, elle connaitra maintenant nos déplacements physiques - > Google 1 Orwell 0

à écrit le 07/10/2014 à 11:25
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"L'objectif est de rendre « la conduite plus sûre, plus simple et plus agréable pour tout le monde »" : 1) l'objectif est surtout de tout ramener vers Google, et le pire, c'est que tout le monde se précipite dans le piège et 2) vu le nombre de trucs ...

à écrit le 06/10/2014 à 21:58
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Je suis d'accord moi aussi je n'ai jamais rien payé à Google en tant qu'utilisateur privé sur mon PC, et ce n'est pas demain que je vais payer quelque chose parce que Google est dans ma voiture. La guerre des annonceurs ne me concerne pas.

à écrit le 06/10/2014 à 21:53
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Google ne prendra le contrôle de rien. Si je trouve Androïde sur mon tableau de bord et je ne l'ai pas payé en option, je me servirait SI JE VEUX. A tous les escrocs qui croient qu'en ayant mes données qu'ils vont me vendre tout et n'importe quoi, i...

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