Les PME n'ont plus peur du superordinateur

En démocratisant les applications de calcul intensif (HPC) grâce à des offres proposées en mode SaaS, les PME et start-up françaises espèrent prendre la première place sur leur marché. En France comme à l'international.

Gage de compétitivité pour les entreprises, l'accès aux applications HPC (High Power Computing, calcul à haute performance) va se démocratiser avec le développement de logiciels de simulation ou d'aide à la décision disponibles en mode SaaS (Software as a Service, location à la demande sur Internet).

Des applications de niche sont déjà disponibles ou sur le point d'être lancées par des PME et des start-up. Ces acteurs tablent sur leur avance technologique pour prendre des parts de marché à l'international. Comme les PME et TPE françaises Sysfera, Hydrocean, Open Ocean ou Nexio. Ces trois dernières comptent parmi la cinquantaine d'entreprises tricolores ayant bénéficié du programme Initiative HPCPME lancé conjointement par le Grand équipement national de calcul intensif (Genci), l'Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria), BPIfrance et des pôles mondiaux de compétitivité français.

Le supercalculateur, un moteur de croissance

À commencer par Open Ocean, dont la plate-forme Web va apporter un outil d'aide à la décision aux opérateurs de parc d'hydroliennes et éoliennes en mer qui ont un besoin crucial d'informations océaniques fiables et exhaustives.

« Leur activité nécessite des analyses et des simulations claires et détaillées », rapporte Renaud Laborbe, président d'Open Ocean, une start-up créée en 2011 par des océano-physiciens.

L'entreprise se positionne sur le marché des études de conditions océaniques évaluées à 250 millions d'euros par an. Sa plate-forme Web « Metocean Analytics » va les aider à identifier le potentiel de production électrique des zones clés, ou à programmer des opérations de maintenance.

« Pour constituer notre offre, nous intégrons des briques logicielles réalisées par des laboratoires de recherche, des informations métiers ainsi que des données ouvertes que nous corrélons à notre outil d'aide à la décision », poursuit le dirigeant qui se prépare à lever 1,5 million d'euros afin, notamment, de doubler ses effectifs à l'horizon 2015-2016 et devenir numéro un sur son marché.

Une ambition partagée par HydrOcean, start-up issue de l'École centrale de Nantes, et qui développe pour le maritime, l'automobile et l'aéronautique des logiciels de simulation.

« À titre d'exemple, nos logiciels contribuent à réduire la consommation énergétique des navires ou à optimiser la structure des plates-formes en mer », indique Erwan Jacquin, président et fondateur en 2007 d'HydrOcean.

L'entreprise compte 25 ingénieurs et réalise 3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014, contre 2 millions d'euros en 2013.

« Le HPC est le moteur de notre croissance car il aide à réduire nos temps de calcul d'un facteur deux tous les ans », fait valoir le dirigeant qui a prévu d'embaucher cinq à dix personnes à moyen terme et d'investir plusieurs centaines de milliers d'euros dans l'acquisition d'un supercalculateur, avec pour ambition de prendre des parts de marché à l'exportation.

Il est d'ailleurs en train d'ouvrir des bureaux à Shanghai, Singapour et Rio. HydrOcean pourra aussi se prévaloir du prix reçu en 2013 au HPC Innovation Excellence Awards organisé par IDC, le cabinet spécialisé dans les TIC.

Démocratiser le HPC via son accès web

Même refrain pour son compatriote Nexio, primé quant à lui fin 2014. Cet éditeur s'est distingué par son logiciel nativement développé pour le HPC, capable de simuler l'effet des ondes électromagnétiques sur les équipements embarqués dans les avions, les automobiles, etc.

« Nous lancerons au second semestre une version de notre logiciel en mode locatif sur Internet. Ce qui constituera une vraie rupture sur un marché où nos concurrents en sont encore à proposer des licences par processeur », souligne son président, Frédéric Amoros-Routie, qui estime que le HPC va rebattre les cartes dans son secteur.

L'entreprise créée en 2003 compte 55 personnes pour un chiffre d'affaires de 4,2 millions d'euros en 2014.

« Nos revenus proviennent à 7% du logiciel HPC. Ce pourcentage de vrait pa sser à 15% en 2016 », indique le chef d'entreprise qui dispose en interne d'un petit calculateur (8 processeurs de 12 coeurs) mais aussi de puissance de calcul auprès de centres partenaires.

Ce qui lui permet de proposer des services de bureaux d'études auprès d'ETI et de PME qui n'ont pas les ressources internes pour faire du HPC.

La volonté de démocratiser le HPC est également partagée par l'éditeur Sysfera. Créée en 2010, cette start-up issue de l'Inria n'a pas bénéficié du programme HPC-PME, mais elle propose déjà une application en ligne facilitant l'usage et la gestion des applications et des infrastructures de type HPC.

« Nos clients sont des grandes entreprises ou des centres de calcul qui veulent offrir à leurs utilisateurs un accès Web au HPC », résume David Loureiro, le dirigeant de Sysfera.

Forte d'une dizaine de salariés, l'entreprise veut devenir numéro un européen de cette activité grâce aux partenariats noués avec des distributeurs. Cette ambition lui a valu de lever un million d'euros en deux tours.

« Nous prévoyons de doubler en 2015 notre chiffre d'affaires qui s'élevait à 206000 euros en 2014. »

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Commentaire 1
à écrit le 25/03/2015 à 10:29
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Et bien merci aux recruteurs et à tous les directeurs financiers de ce pays, 5 ans que j'en parle, que c'est possible, qu'il y'a une opportunité, qu'on me rabâche que mon projet est surréaliste, que ça demanderait trop de moyens, que ça n'intéressera...

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