Au Liban, de nouvelles applis permettent d'éviter... les attentats

Alors que dans le pays des cèdres la violence augmente au fur et à mesure que la crise syrienne s'aggrave, des entrepreneurs astucieux inventent des applications permettant aux gens de se démêler parmi les dangers. L'armée aussi semble tentée par l'aventure.
Giulietta Gamberini
Plusieurs applications lancées au Liban permettent de géocaliser les zones d'affrontement dans le pays / Reuters.

De nouvelles applications font le "buzz" au Liban, apprend-on du Financial Times. Mais, à la différence de celles en vogue à nos latitudes paisibles, il ne s'agit pas de retoucher ses photos ou de jouer dans le métro. Les nouvelles applis libanaises localisent les combats, distinguent entre les coups de fusil et les pétards, contactent directement l'armée en cas de séquestration… Bref, elles aident à survivre dans un contexte de violence croissante.

Depuis le début de la crise en Syrie, les attentats, les fusillades, les enlèvements ont en effet rapidement augmenté dans ce pays voisin, où le Hezbollah soutient le régime de Bachar el-Assad. Mais la population, qui a connu une guerre civile de 15 ans entre 1975 et 1990, a déjà appris à ne pas succomber à la peur et à se débrouiller dans les circonstances les plus difficiles.

Ainsi, l'année dernière, un entrepreneur libano-palestinien, Mohammad Taha, a lancé une application qui, grâce aux informations fournies en temps réel par les utilisateurs, situe sur un plan toutes les situations à éviter sur la route: manifestations, bouchons, mais aussi barrages et affrontements… Téléchargée plus de 80.000 fois, Ma2too3 connaît aujourd'hui une deuxième version, commercialisée sous le nom plus «international» de Happin.

Pouvoir distinguer les fusillades des pétards

Un autre jeune entrepreneur, Firas Wazneh, est en train de concevoir une application qui servirait à identifier de manière certaine les fusillades. Les utilisateurs pourront enregistrer chaque bruit ressemblant à un coup de fusil et l'envoyer au site, qui le comparera aux sons répertoriés dans une base de données pour savoir exactement s'il s'agit d'un pétard festif ou d'un combat. En mettant en relation les divers enregistrements, Way to safety permettra également de déterminer le lieu exact, le calibre des balles, le nombre des coups. Les Libanais pourront enfin arrêter les tours d'appels et de tweets qui leur permettent aujourd'hui d'atteindre certes le même résultat, mais avec de beaucoup plus de stress…

Dans ce foisonnement d'applications sécuritaires, l'armée s'y met aussi, avec Lebanese Armed Forces (LAF) Shield, lancée fin août, qui permet aux citoyens de fournir et recevoir des informations sur tout «incident sécuritaire»: invasion armée, viol de frontières, incendie etc. Les utilisateurs pourront l'alimenter avec des textes, des images, des vidéos, des sons, participer à la recherche de personnes disparues ou en cavale, se tenir au courant des activités de l'armée, consulter une carte géographique indiquant les dangers, accéder aux numéros de téléphone pour les cas d'urgence... Surtout, afin de répondre à l'augmentation des enlèvements dans le pays, l'application permet un contact direct entre les victimes de ces actes et les militaires. Seul contrainte imposée à l'utilisateur: fournir son nom et son numéro de téléphone. Pour d'évidentes raisons de sécurité.

Giulietta Gamberini

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