Pourquoi Uber vaut bien ses 40 milliards de dollars

Cinq ans après sa création, la startup controversée, qui entend réinventer le transport urbain, affiche une croissance échevelée qui justifie, selon Fred Wilson, capital-risqueur chez Union Square Ventures, le niveau très élevé de valorisation obtenu lors de sa récente levée de fonds de 1,2 milliard de dollars. Ce financier, qui a manqué l’opportunité d’investir dans la société californienne, écarte la perspective d’une bulle mais reconnaît que ces ratios pourraient… dégonfler.
Delphine Cuny
Travis Kalanick le fondateur et directeur général d'Uber est déjà multimilliardaire.
Travis Kalanick le fondateur et directeur général d'Uber est déjà multimilliardaire. (Crédits : Reuters)

C'est à la conférence LeWeb, en décembre 2011, que Travis Kalanich, le fondateur et directeur général d'Uber, avait donné le coup d'envoi de l'internationalisation de sa startup en lançant son application de mise en relation avec des voitures avec chauffeur à Paris, première ville en dehors des Etats-Unis. Il aurait même eu l'idée de cette appli à Paris, en peinant à trouver un taxi, selon Loïc Le Meur, le fondateur de LeWeb.

Trois ans plus tard, Uber est présent dans 250 villes et 50 pays et fait la Une des journaux un peu partout dans le monde, tant pour les crispations que son arrivée provoque chez les taxis et certaines municipalités que pour son ahurissante valorisation : 41,2 milliards de dollars ! Soit plus du double qu'il y a six mois, lors de son précédent tour de table (17 milliards en juin). La (méga) startup de San Francisco vient en effet de lever 1,2 milliard de dollars, soit presque autant que Facebook lors de son introduction géante, et envisage de lever finalement un peu plus (1,8 milliard), pour financer son développement international à marche forcée. De quoi nourrir les craintes d'une nouvelle bulle.

Plus que Delta, quatre fois Hertz

Plus de quarante milliards ! C'est quatre fois la valeur de Hertz, c'est même plus que Delta Airlines. Dans l'univers du Web, c'est 18 milliards de plus que Twitter. Mais pour le capital-risqueur Fred Wilson, du fonds new-yorkais Union Square Ventures, ces niveaux de valorisation ne sont pas insensés.

« S'ils vont en Bourse l'an prochain, ce sera probablement sur une valorisation de 40 milliards ou plus. Je ne crois pas que ce soit une valorisation dingue » a-t-il répondu à Loïc Le Meur sur la scène de la conférence LeWeb.

« Uber serait sur un rythme annuel de 10 milliards de dollars en volumes l'an prochain. Comme ils en perçoivent 20%, ils auront sans doute des recettes de l'ordre de 2 milliards ce qui fait ressortir un ratio de 20 fois le chiffre d'affaires, c'est le même que LendingClub qui est en train de s'introduire en Bourse », la société de prêt entre particuliers fondée par le Français Renaud Laplanche et valorisée 5 milliards de dollars.

20 fois le chiffre d'affaires à venir

Un multiple de valorisation de 20 fois le chiffre d'affaires à venir est tout de même très généreux, voire hors norme, quand une entreprise comme Facebook se situe plutôt à 10 fois et Google à 5 fois. On ne peut vraiment l'accuser de prêcher pour sa paroisse puisque le financier reconnaît avoir loupé le coche et décliné une opportunité d'investir dans Uber, mais aussi dans AirBnB, qui lui semblent aujourd'hui des incontournables. Il a cependant eu la main plus heureuse en misant sur Twitter, Kickstarter, Etsy et LendingClub aussi.

« Ce sont évidemment des niveaux très élevés, qui ne sont pas normaux : seules les meilleures entreprises peuvent l'atteindre pendant ce moment magique de l'introduction en Bourse par exemple » a concédé Fred Wilson. « Les investisseurs font le pari qu'Uber accaparera la vaste majorité des revenus de ce marché du transport en mobilité, c'est clairement un marché où le gagnant rafle toute la mise. »

 A 38 ans, Travis Kalanick, qui a créé d'autres startups, dans le partage de fichier en pair-à-pair auparavant, est déjà multi-milliardaire grâce à Uber et sa fortune est estimée par Forbes à plus de 3 milliards.


« Une bulle ? Non, enfin, peut-être »

Ces niveaux de valorisation très élevés, hors normes, sont-ils les signes d'une nouvelle bulle ?

« Aujourd'hui les marchés adorent l'Internet, le mobile, la technologie, ce qui permet d'aboutir à des ratios de 20 fois, mais ça ne durera peut-être pas éternellement » prédit Fred Wilson, estimant que les ratios pourraient redescendre à 15 ou 10 fois, après ce fameux moment magique.

« Peut-être est-ce une bulle, mais pour moi une bulle est une explosion catastrophique et je ne crois pas que cela va se produire. »

Ce « moment magique » ne se prolonge pas forcément jusqu'à l'introduction. Ainsi deux startups de la Silicon Valley viennent d'en faire l'amère expérience. New Relic, spécialisée dans l'analyse des données des applications mobiles, et Hortonworks (logiciels de big data sous Hadoop), ont dû abaisser leurs prétentions et entrer en Bourse à des valorisations inférieures de 25% à 50% à celles de leurs derniers tours de tables privés qui dépassaient le milliard de dollars.

Selon Dow Jones VentureSource, il y a actuellement un nombre record de 48 startups valorisées plus d'un milliard par des fonds de capital-risque, contre 27 l'an dernier et 10 seulement au pic de la bulle Internet de 2000... Uber et AirBnB se trouvent justement tout en haut de cette liste.

Delphine Cuny

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Commentaires 2
à écrit le 11/12/2014 à 17:09
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on nous prend pour des c...mais là on atteint les sommets pire que fesses machin.

à écrit le 11/12/2014 à 10:58
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une bulle dans toute sa splendeur

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