C'est avec un large sourire que Caroline Cochet a présenté sur scène ses fameuses « feuilles » de fruits au public de Biznext, à Toulouse, en décembre dernier, alors qu'elle recevait le trophée du Jeune talent, remis par La Tribune Toulouse. Celle que ses proches décrivent comme « curieuse », « pugnace » et même parfois un peu « gonflée », sait que le chemin sera long pour imposer son invention.

Devenir incontournable dans les cuisines des chefs

Tout a pourtant commencé très loin des fourneaux pour la jeune Toulousaine.

« Mon père était directeur commercial au sein d'une compagnie aérienne et ma mère travaillait dans la comptabilité », confie-t-elle. Élève studieuse et enfant curieuse de tout, elle multiplie les activités extra-scolaires : tennis, basket, badminton et dix ans de piano.

Après avoir usé pendant trois ans les bancs du lycée Fermat, à Toulouse, elle décroche en 2005 son baccalauréat scientifique. Direction l'université Paul Sabatier, section biologie moléculaire. Un choix résolument scientifique qui résonne pour la jeune femme comme une évidence.

« Cela me vient peut-être de mon enfance, s'amuse-t-elle. Quand j'étais petite, je pouvais passer des heures avec mon microscope et ma mallette du petit chimiste... »

Après deux premières années passées à suivre un programme bien trop généraliste à son goût - « Nous avons même étudié le système digestif du polype, c'est dire ! » -, elle fait le point sur ce qu'elle souhaite véritablement faire de sa vie.

« L'équation a finalement été assez simple », s'amuse-t-elle. Elle s'inscrit alors en licence professionnelle « Qualité et sécurité sanitaire des aliments », à Auch. Et à la faveur d'un stage en entreprise, elle découvre, une fois de plus portée par sa curiosité naturelle, les coulisses d'un département R&D.

« J'ai compris que c'était exactement cela que je voulais faire ! » confie-t-elle.

La jeune femme boucle alors ses valises, direction Quimper et le master professionnel « Innovation en industries alimentaires ». Un exil finistérien qui prendra fin en 2010.

« J'avais déjà en tête de créer ma propre activité, mais je ne me sentais pas encore prête », explique-t-elle.

La jeune femme s'offrira donc une parenthèse au sein de la société Sud'n'Sol, à Agen. Une PME spécialisée dans les tomates et les légumes marinés.

« Je développais des produits au sein du service R & D », précise-t-elle.

Une expérience formatrice qui la pousse à répondre à la fin 2013 à l'appel de l'entrepreneuriat, en créant la société CD Fruits. Objectif : développer et commercialiser les Folions, ces « feuilles » de fruits nées de son imagination.

« J'ai commencé à faire des tests dans la maison de mes parents, que j'ai transformée en laboratoire, explique-t-elle. Certains commencent dans un garage, moi ça a été dans une cuisine ! »

Une technicienne sachant faire des affaires

Deux ans plus tard, la société compte deux salariés et enregistre 50.000 euros de chiffre d'affaires. Elle commercialise ses Folions auprès de chefs cuisiniers, de traiteurs, de pâtissiers et de distributeurs, y compris à l'international.

« C'est encore le début, concède la cheffe d'entreprise. Il faut que le produit se fasse connaître. Mais nous avons eu la chance d'être primés lors du salon Sirha, à Lyon, en 2015. C'est une belle vitrine pour nous. »

La jeune dirigeante s'est fixé un objectif : atteindre les 150.000 euros de chiffre d'affaires cette année.

« Nous avons un vrai potentiel et je suis parfois un peu frustrée que les choses n'aillent pas aussi vite que je le voudrais, confie-t-elle. Mais je suis optimiste ! »

Un trait de caractère que lui reconnaît bien volontiers Laurence Arnould-Rouzeval, directrice du Réseau Entreprendre Midi-Pyrénées, qui l'accompagne depuis 2014 :

« Caroline a toutes les qualités pour réussir, estime-t-elle. Elle est à la fois sereine et pugnace, avec ce petit côté tatillon qui lui vient sûrement de sa formation. Par ailleurs, elle est consciente de ses lacunes et sait s'entourer. Elle est dans une dynamique positive d'ouverture et de curiosité. Je suis très confiante. »

Un état d'esprit partagé par le Gersois André Daguin, ancien chef doublement étoilé et ancien président du puissant syndicat des hôteliers-restaurateurs, l'UMIH, qui accompagne la jeune femme depuis ses débuts.

« Caroline est une vraie cheffe d'entreprise, assure-t-il. Elle est gonflée et elle sait ce qu'elle veut. C'est une personne complète : elle est à la fois technicienne et sait gérer son affaire. C'est un professeur Tournesol qui sait se mettre au service de son invention. »

Et en la matière, l'homme sait de quoi il parle, lui qui est considéré comme « l'inventeur » du magret de canard. Pour la jeune cheffe d'entreprise, cette figure incontournable du Sud-Ouest a accepté d'ouvrir son épais carnet d'adresses. Sans se faire prier.

« Je crois en elle », conclut-il simplement.

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MODE D'EMPLOI

• Où la rencontrer ? « Un peu partout ! À Auch, dans mon entreprise, mais aussi dans la France entière et au-delà. Je me déplace beaucoup ! »
• Comment l'aborder ? « Avec un simple coup de téléphone ! »
• À éviter ! « Le manque de respect et de bonnes manières. Comme tout le monde, non ? »

TIME LINE

• 1987 Nait à Toulouse.
• 2007 Obtention de la licence professionnelle « Qualité et sécurité sanitaire des aliments ».
• 2010 Obtention du master professionnel « Innovation en industries alimentaires ».
• 2013 Création de la société CD Fruits.
• 2016 Objectif : atteindre 150.000 euros de chiffre d'affaires.