Des tickets resto, des chèques cadeaux et maintenant des chèques santé. Telle est l'idée lancée et concrétisée par la startup montpelliéraine Care Labs. Cette dernière propose des chèques santé, c'est-à-dire des crédits distribués par des entreprises à ses salariés, sous forme de carte à puce ou d'une application téléchargeable. Ce dispositif permet aux bénéficiaires de financer "totalement ou en partie des consultations non remboursées par la sécurité sociale et les mutuelles". L'entreprise, le comité d'entreprise ou la collectivité qui y adhère décide de sa participation au dispositif. Care Labs ajoute une touche digitale. Le bénéficiaire perçoit les crédits sur son mobile via une application, dispose d'un annuaire de praticiens. Lorsqu'il consulte ces derniers, ils encaissent la somme due en enregistrant le code du chèque.
En préparation depuis plus de trois ans, le projet est devenu réalité sur le terrain en début de semaine. Le 4 janvier, les chèques santé de Care Labs ont été lancés en France. Plus de 21.000 praticiens ont eu le feu vert pour être rattachés à ce dispositif et plusieurs dizaines de milliers de personnes vont recevoir des chèques santé d'ici quelques jours, assure Vincent Daffourd, cofondateur de la startup montpelliéraine.
Si les entreprises s'y intéressent, ce n'est pas simplement par volonté de "faire du social". En France, ce dispositif est exonéré de charges sociales pour l'employeur. Par ailleurs, l'Agence Européenne pour la santé et la sécurité au travail assure dans un rapport qu'un euro investi par l'entreprise dans la prévention rapporte 13 euros de bénéfice net à cette dernière. Participer à cet investissement, ce serait pousser les employés à consulter pour prévenir l'arrivée de maladies comme la dépression et réduire les coûts inhérents pour les sociétés. Ainsi, l'institution européenne estime les coûts supportés pour les employeurs à cause de l'absentéisme et du présentéisme à 272 milliards d'euros par an. Il faut y ajouter la perte de productivité (242 milliards d'euros), le coût des soins de santé (63 milliards d'euros) et les prestations sociales versées sous la forme d'allocations pour invalidité (39 milliards d'euros).
La France et bientôt les États-Unis
Si le marché français représente sa rampe de lancement, Vincent Daffourd se montre très critique vis-à-vis de celui-ci. Il le considère moins mature que le marché américain.
"Le marché américain de l'assurance santé est plus libéral. Le gouvernement américain et les grandes compagnies ont une meilleure capacité à amorcer des collaborations rapides et effectives avec startup de notre format."
Vincent Daffourd compte sur le CES de Las Vegas, où il est présent, pour gagner en visibilité. Il s'estime ne pas être en "concurrence" avec un quelconque acteur du marché américain et met en avant sa politique "d'open innovation".
Pour réussir outre-Atlantique, la startup montpelliéraine mise toujours sur le numérique avec une adaptation de son produit français baptisée "care wallet" (chèque santé en anglais). Ainsi, le salarié utilisant le care wallet peut trouver l'ensemble des praticiens qui correspondent à son forfait assurance, et va pouvoir prendre rendez-vous avec ces derniers à partir de l'application mobile. Il pourra payer directement le praticien avec son smartphone mais aussi avec la montre connectée iWatch grâce à l'application monétique de la startup.
Aspect endémique au marché américain,: les salariés ont l'habitude d'utiliser "des cartes de débit santé". Ainsi, Care Labs va leur proposer de dématérialiser "pour ne pas cumuler les cartes et pour centraliser les paiements". Pour assurer son bon fonctionnement, Care Labs est néanmoins forcé de nouer des alliances pour pouvoir se lancer. Il est notamment en discussion pour établir un partenariat avec la société ZocDoc, valorisé à 1,8 milliard de dollars, spécialisée dans la prise de rendez-vous en ligne, à l'instar de la startup française Doctolib.
Un lancement prévu en 2017 aux Etats-Unis
Care Labs s'intéresse particulièrement aux Etats-Unis pour la taille de son marché et la familiarité qu'ont les salariés avec les chèques santé. Ils existent en effet depuis plusieurs années dans le pays, ce qui en fait un marché prometteur. Ils sont attribués par le biais des dispositifs FSA (lexible spending account) et HSA (health savings accounts).
En attendant, la startup montpelliéraine finalise une étude de faisabilité outre-Atlantique cette année. Elle bénéficie déjà de bureaux à New York où elle compte déployer un premier test pilote au premier semestre 2016, pour une mise sur le marché au premier semestre de l'année suivante.
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