Comment PIQ se trouve une niche dans le sport connecté

La jeune pousse a récemment levé 5,5 millions de dollars pour produire et commercialiser un capteur multi-sports pour enregistrer, visualiser et partager les performances des athlètes. En plus d’aider les sportifs à s’améliorer, cette technologie mise à fond sur la mode du partage des performances sur les réseaux sociaux pour s’imposer.
Ce mini-boitier mesure précisément des performances métriques, comme la vitesse, la hauteur ou la trajectoire.

Il n'est guère plus gros qu'un carré de chocolat. Mais embarque un vrai condensé de technologie. Fin (5mm d'épaisseur) et ultra-léger (9 grammes), le nouveau capteur de la start-up Piq embarque notamment une batterie et un processeur dernier cri. Entièrement dédié au sport et porté par les athlètes, ce mini-boîtier est capable mesurer tout un éventail performances métriques (comme la vitesse, la hauteur ou la trajectoire). Il permet ainsi d'analyser avec une grande précision différents faits de jeu, comme l'effet donné à un tennisman à sa balle, ou la manière dont un golfeur réalise son swing. En une heure de jeu, le boitier serait capable, selon Piq, de mesurer quelques 11 millions de données.

Pour lancer son bébé, dont le prix avoisinera les 150 euros, Piq vient de décrocher un joli financement. La semaine dernière, la jeune pousse - filiale d'Octonion, une société suisse de logiciels et de services -, a levé 5,5 millions de dollars auprès de plusieurs investisseurs, dont le taïwanais Foxconn, un des plus gros sous-traitants d'Apple. Alors que les objets connectés dédiés au sport ont de plus en plus le vent en poupe - a l'instar de la très médiatisée Babolat Play Pure Drive, une raquette de tennis connectée et apparue en France l'an dernier -, l'approche de Piq apparaît novatrice. Tout-terrain, son capteur a été conçu pour s'adapter à la grande majorité des sports grand public existants, du basket au golf, en passant par le ski nautique ou le rugby.

Le capteur reconnaîtra un impact en rugby

Et pour cause : plutôt que d'intégrer directement cette technologie dans des articles de sport, « le boitier s'insère dans des accessoires spécifiques, lesquels viennent se greffer sur un article porté par l'utilisateur, comme une raquette ou un gant de baseball », explique Cédric Mangaud, cofondateur et directeur général de Piq. Le capteur reconnaît immédiatement le sport pratiqué grâce à une puce installée dans l'accessoire. Celui-ci engloutit alors des monceaux d'informations sur le joueur et ses mouvements. « Il peut reconnaître un swing au golf, un saut en snowboard ou un impact en rugby », détaille Cédric Mangaud, dont la société a collaboré avec des athlètes professionnels pour étalonner ses capteurs.

Les données collectées sont ensuite triées, analysées et envoyées par le capteur au smartphone du sportif via une connexion Bluetooth. Ici, via une appli, l'utilisateur disposera d'une synthèse de sa performance, pourra revoir ses coups en 3D... Surtout, l'application lui distillera des conseils lui permettant « de voir ce qu'il a fait de mieux », insiste le patron de Piq. « A la différence d'autres trackers d'activités - qui ont un côté culpabilisant en nous avertissant qu'on n'a pas assez fait d'efforts dans une journée -, on a voulu valoriser le sportif, en lui montrant ce qu'il a fait de bien. » En clair, si un tennisman réalise 50 coups droits pendant son entraînement, l'appli va retenir ses dix meilleures réalisations, et les lui proposer comme base pour s'améliorer la prochaine fois.

Des partenariats avec de grandes marques

En outre, Piq surfe à fond sur la mode du partage des performances sur les réseaux sociaux. Ainsi, « l'utilisateur disposera de graphes ludiques » à publier sur Facebook ou Twitter, poursuit le patron. Mais il aura aussi la possibilité de poster des vidéos spécifiques. Concrètement, « le sportif pourra se faire filmer par un ami, et, via une option spécifique, il pourra synchroniser la vidéo avec les données correspondants aux gestes effectués, comme la vitesse avec laquelle il frappe une balle », enchaîne Cédric Mangaud.

Pour démocratiser son produit, la société joue sur deux fronts. Elle mise d'abord sur des partenariats avec des marques pour élaborer les accessoires où le capteur viendra s'insérer. Pour l'heure, Piq affirme avoir séduit « trois marques de sport internationales » qui commercialiseront leurs produits « cet été, à l'automne et à l'hivers 2015 ». En parallèle, la société négocie des accords avec de grosses fédérations sportives. L'objectif ? Les séduire pour que des stars ou sportifs de haut niveau utilisent ses capteurs. Ce faisant, la start-up espère que ses « données inédites » seront largement diffusées à la télé lors de grands événements sportifs. Et lui offre, au passage, un joli coup de projecteur. La start-up ne ménage d'ailleurs pas ses efforts : le patron de Piq était en Californie en ce début de semaine, où il a rencontré les représentants d'une très importante fédération sportive...

Un positionnement centré sur l'usage

En misant sur le perfectionnement basé sur ses performances propres, couplé au partage sur les réseaux sociaux, Piq dispose d'un positionnement très pointu. Mais qui pourrait justement s'avérer payant. De fait, l'écosystème des objets connectés foisonne de nouveaux produits bardés de capteurs ultra-sophistiqués. Mais beaucoup ne font qu'« offrir de la data pour de la data », constate Raphaël Berger, directeur du département Média et Numérique de l'Ifop. Pour lui, les objets doivent désormais fournir de vrais services, utiles et à forte plus-value, pour trouver leur public. Ainsi, « un réfrigérateur connecté listant les produits présents n'a finalement que peu d'utilité, souligne-t-il. Au contraire, par exemple, d'un réfrigérateur plus intelligent, capable de suggérer des recettes... » Les objets connectés sont morts, vive les objets connectés de seconde génération !

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