Formation au code : Le Wagon lève 17 millions d'euros pour devenir une référence mondiale

Déjà présente dans 38 villes dans le monde, la startup parisienne boucle sa première levée de fonds, de 17 millions d'euros, pour accélérer son développement à l'international et semer une concurrence féroce.
Sylvain Rolland
Depuis le lancement du premier bootcamp, en 2014, 7.000 personnes ont été formées dans l'une des 38 villes dans le monde où la startup dispose de campus.
Depuis le lancement du premier bootcamp, en 2014, 7.000 personnes ont été formées dans l'une des 38 villes dans le monde où la startup dispose de "campus". (Crédits : DR)

Neuf semaines pour changer de vie. Ce n'est pas la promesse d'une nouvelle émission de télé-réalité mais le concept du Wagon, une école de formation intensive au code, ou "bootcamp" dans le jargon. Créée en 2013 et autofinancée jusqu'alors, la startup parisienne annonce ce mercredi 3 mars le succès de sa première levée de fonds, d'un montant de 17 millions d'euros, auprès des fonds internationaux Cathay Capital (très tourné vers l'Asie et notamment la Chine), et AfricInvest.

Des armées de développeurs pour les startups et les grands groupes

Si les trois cofondateurs -les frères Boris et Romain Paillard, ainsi que leur associé Sébastien Saunier- se sont enfin décidés à passer par la case "levée de fonds" plutôt que de continuer sur leurs fonds propres, c'est parce qu'ils pensent que le moment est venu d'accélérer pour prendre des positions au niveau international et diversifier ses activités.

Contrairement à d'autres écoles de code, Le Wagon s'appuie sur une plateforme en ligne -par définition scalable- qui offre des outils clés en main aux professeurs freelances et à leurs étudiants pour apprendre en neuf semaines le développement web et la data science. Depuis le lancement du premier bootcamp, en 2014, 7.000 personnes ont été formées dans l'une des 38 villes dans le monde où la startup dispose de "campus" (7 en France, 15 en Europe, 9 en Asie-Pacifique, 6 en Amérique du Sud et un à Tel-Aviv).

Si la concurrence est féroce (juste en France : The Hacking Project, Ironhack, Coding Days, Le Réacteur, Simplon...), c'est parce que le marché est immense, les métiers de la tech étant sous tension, avec 200.000 postes non pourvus à l'horizon 2022 en Europe d'après la Commission européenne. Dans un contexte d'accélération de la transformation numérique des entreprises, les développeurs ne connaissent pas la crise sur le marché de l'emploi. "Nous attirons trois types de profils : les entrepreneurs qui ont besoin de compétences techniques pour monter leur startup, les travailleurs qui veulent devenir freelance, et des gens qui veulent se reconvertir ou obtenir un premier emploi dans la tech", énumère le cofondateur Romain Paillard.

Former les talents des grands groupes, une mine d'or potentielle

Depuis 2018, Le Wagon s'adresse aussi aux grands groupes avec un nouveau programme intitulé "Le Wagon Executives".

"Les grands groupes ont des besoins abyssaux en matière de développement web et data science. La formation de leur salariés devient un enjeu stratégique dans ce contexte de crise des talents", ajoute l'entrepreneur.

La startup leur propose différents modules en fonction de leurs besoins : des formations d'une demi-journée pour acculturer l'ensemble des salariés à la révolution numérique ("que tout le monde comprenne ce qu'est une API, par exemple") des formations spécifiques pour élargir les compétences des profils techniques, et des formations sur le modèle du bootcamp, pendant neuf semaines, pour transformer en profondeur les compétences des collaborateurs.

Ce relais de croissance "BtoB" est une potentielle machine à cash pour Le Wagon. Le poids de la branche "Executives" devrait ainsi bientôt dépasser celui des formations aux particuliers dans le chiffre d'affaires, que l'entreprise refuse de communiquer.

L'Asie et l'Afrique en ligne de mire

Rentable, Le Wagon se finançait jusqu'à présent en monétisant ses formations entre 5.000 et 7.000 euros par tête, selon les villes (6.500 euros à Paris). Dès 2015, la startup basée à Paris s'est déployée à Bruxelles, puis dans d'autres villes européennes dont Londres qui est aujourd'hui l'un des ses piliers sur le Vieux continent, et enfin partout dans le monde, du Canada à l'Amérique du Sud, en passant par la Chine, le Japon ou encore l'Indonésie, mais à l'exception notable des Etats-Unis et de l'Afrique.

"Après cinq ans de formations, nous arrivons à un moment de notre croissance où nous avons prouvé la robustesse de nos méthodes d'enseignement et la solidité de la plateforme et de sa boîte à outils. Nous sommes prêts à vraiment accélérer", estime Romain Paillard, qui compte désormais renforcer le catalogue de formations, notamment en déployant le module "data science" dans le monde entier, et ouvrir de nouveaux campus.

Grâce à Cathay Capital, la startup compte ainsi renforcer significativement sa présence en Asie, sans négliger non plus ses autres marchés phares, c'est-à-dire l'Europe, le Canada et l'Amérique du Sud. Les Etats-Unis, en revanche, restent hors de portée, en raison de la trop forte concurrence déjà sur place. Ce n'est pas de cas de l'Afrique, un continent sur lequel Le Wagon a de "grandes ambitions", mais "dans un second temps".

Sylvain Rolland

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