French Tech : Famoco, futur numéro un mondial de la transaction digitale ?

Peu connue du grand public, la discrète startup parisienne Famoco lève 11 millions d’euros auprès d’investisseurs français pour recruter 50 nouveaux employés et déployer dans le monde entier sa solution physique et logicielle de digitalisation des transactions.
Sylvain Rolland
Créée en 2010 avec Nicolas Berbigier, qui en est le président, Famoco a développé, après trois années de R&D, un boîtier sans contact sécurisé doté d'une surcouche logicielle personnalisable selon le secteur d'activité de l'entreprise cliente.

Plus confidentielle qu'un Doctolib, moins clinquante qu'un Devialet, moins rodée à la communication qu'un 10-Vins, la startup parisienne Famoco, pépite discrète de la French Tech, ne manque pourtant pas d'ambitions. Pour preuve, l'entreprise ne vise rien de moins que de devenir le « leader mondial des terminaux transactionnels sur Android ». Et pour y parvenir, elle annonce ce lundi 20 février une nouvelle levée de fonds, sa troisième, d'un montant de 11 millions d'euros.

Réalisée uniquement avec des fonds français, cette levée est menée par le capital-risqueur Idinvest (investisseur dans Criteo, Deezer, Sigfox ou encore Withings) ainsi que par certains des plus importants corporate ventures du pays (Orange Digital Ventures, SNCF Digital Ventures et BNP Paribas Développement). Ces nouveaux entrants prestigieux rejoignent les investisseurs historiques Hi Inov, Aurinvest et le fonds Ambition Numérique de Bpifrance, qui remettent au pot. Au total, Famoco réunit autour d'elle une belle brochette d'acteurs publics, privés et de grands groupes, attirés par le potentiel d'une solution qui reste, pour l'heure, sans équivalent sur le marché.

De La Poste à l'ONU, en passant par les infirmiers et le gouvernement indien

Si Famoco souhaite accélérer, c'est parce que la startup évolue au sein d'un marché immense, qui se chiffre en milliards de dollars : la digitalisation des transactions. « Contrairement à nos concurrents qui abordent surtout la transaction sous le prisme de l'opération financière, Famoco déploie des solutions pour tous les types de transactions, c'est-à-dire tous les échanges sécurisés de données, dans tous les domaines », précise Lionel Baraban, le Pdg et cofondateur de la startup.

Créée en 2010 avec Nicolas Berbigier, qui en est le président, Famoco a développé, après trois années de R&D, un boîtier sans contact sécurisé doté d'une surcouche logicielle personnalisable selon le secteur d'activité de l'entreprise cliente. Ainsi, la startup évolue dans trois domaines. Le premier, et le plus vaste, est la transformation digitale des professionnels en situation de mobilité, qui ont besoin d'outils pour rendre compte de leur action sur le terrain. La Poste par exemple, s'est équipée de boîtiers Famoco pour suivre les livraisons de ses facteurs, tout comme la Police nationale pour communiquer des informations lors des patrouilles, ou certains aéroports pour remplacer la feuille volante sur les horaires de passage des agents d'entretien. Certains centres médico-sociaux français se sont aussi convertis pour que leurs infirmiers puissent vérifier le protocole de soin à distance et facturer directement le patient.

Le deuxième domaine d'activité est la transaction financière, qui comprend toutes les nouvelles formes de paiement, comme les monnaies locales qui se développent rapidement dans de nombreuses villes. En Inde, Famoco fournit les terminaux qui permettent à la population de payer sans billets, suite à la décision du gouvernement de supprimer progressivement 80% de la masse monétaire.

Enfin, Famoco souhaite se développer dans la « smart city ». Au Pays-Bas par exemple, la startup équipe en terminaux les contrôleurs de trains pour effectuer le contrôle des passagers. La startup travaille aussi avec les villes dans le cadre de grands événements, comme l'Euro 2016, où des bracelets dotés de la technologie NFC avaient été distribués dans la FanZone de Lille pour payer, grâce aux terminaux Famoco, le sandwich pendant la mi-temps.

Garder les données des clients loin de Google

Alors que de nombreux concurrents (Ingenico, Gemalto, Apple, Verifone, le chinois WePay...) se positionnent sur une seule partie du spectre de la transaction (souvent le paiement), Lionel Baraban estime que la flexibilité et la sécurité de sa solution ouvrent un marché gigantesque. Ainsi, pas de smartphones pour Famoco, mais un boîtier sécurisé. Avec deux avantages : intégrer la richesse et la souplesse du monde applicatif d'Android pour s'adapter aux spécificités de ses clients, tout en leur garantissant la propriété de leurs données, qui « ne terminent pas dans les serveurs de Google ou d'Apple ». Un argument qui a fait mouche, notamment, auprès du gouvernement indien.

Depuis le lancement de son premier produit, en 2014, la startup a écoulé une centaine de milliers d'appareils dans une trentaine de pays, qu'elle vend sous la forme d'abonnement mensuel. Tous les ans, son chiffre d'affaires triple. « Les cas d'usage sont tellement nombreux, jusqu'aux Nations-Unies qui nous ont demandé l'an dernier de digitaliser les coupons alimentaires pour deux millions de réfugiés, que nous n'arrivons plus à répondre à la demande », indique Lionel Baraban.

« Nous voulons créer un nouveau géant mondial »

La levée de fonds permettra donc d'abord d'embaucher. Famoco voudrait au moins doubler ses effectifs en 2017, pour passer de cinquante employés à 120. L'entreprise prévoit de vendre 150.000 terminaux supplémentaires d'ici à la fin de l'année, en Europe mais aussi au Moyen-Orient, aux Etats-Unis et en Asie. Pour cela, de nouveaux bureaux vont ouvrir dans les prochains mois aux Etats-Unis, à Abidjan (Côte d'Ivoire) et en Asie du Sud-Est. La startup va aussi renforcer sa présence en Inde, l'un de ses principaux marchés.

Le choix d'ouvrir le capital à des grands groupes comme Orange, SNCF et BNP Paribas lui permet de mener à bien cette expansion internationale. « Leur soutien nous crédibilise auprès de nos clients tout en nous offrant de nouvelles opportunités commerciales, comme avec Orange qui se développe massivement dans le paiement en Afrique », se réjouit Lionel Baraban.

La deuxième priorité est d'investir toujours plus en recherche et développement, pour intégrer de nouvelles technologies comme la reconnaissance d'iris, la biométrie et l'empreinte digitale. « Notre solution est suffisamment flexible pour adresser un nombre incalculable de marchés et intégrer rapidement les évolutions des modes de transactions, pour tous les métiers », s'enflamme Lionel Baraban. Pourquoi, alors, lever uniquement 11 millions d'euros et se limiter à des fonds français?

« Il nous faut avancer rapidement, mais pas trop se précipiter non plus pour ne pas exploser en route et toujours garder le contrôle de notre croissance, qui est déjà très rapide et va encore accélérer », explique le cofondateur de l'entreprise.

Une chose semble pourtant actée : Famoco n'a aucune intention de se faire racheter, ni maintenant ni plus tard:

« Nous pensons qu'il y a de la place pour un nouveau géant mondial des transactions digitales. Et qu'il n'y a aucune raison que cela ne soit pas nous. »

>>> POUR ALLER PLUS LOIN. Famoco faisait partie de la promotion 2016 du programme d'accélération de startups Ubi i/o, devenu Impact USA. La Tribune avait suivi les startups à San Francisco. Lire : "Dans la jungle de la Silicon Valley avec les startups françaises".

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 21/02/2017 à 2:22
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Si vous saviez le nombre important de startups discrètes qui s'en sortent très bien sans les journalistes!.. Et heureusement. Sinon bravo à Famoco et longue vie à eux. A vrai dire, les journalistes d' "investigations" qui ne se contentent pas de copi...

à écrit le 20/02/2017 à 19:46
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La prochaine levée de fonds sera sur Squareway de vivaction peut être une licorne 🦄

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