La mer, trésor français (6/14) : bataille navale pour la location de bateaux entre particuliers

[ Série d'été - Hebdo #178 "La mer, terre d'entrepreneurs" ] Dopée par les plateformes Internet, la location de bateaux entre particuliers se développe rapidement. Click & Boat et Samboat s'affirment tous deux leaders sur un marché déjà très disputé. Les quatre acteurs maîtres de l'activité - il faut compter aussi avec Sailsharing et Boaterfly - se battent âprement : tous ne survivront pas.
Ivan Best
Louer à un particulier est plus économique que la location auprès d'un professionnel - même si les prix restent élevés -, des jeunes peuvent se mettre ainsi à la navigation.

« And the winner takes all »... Les quatre principaux acteurs qui se sont lancés récemment dans la location de bateaux entre particuliers, en créant des plateformes Internet sur le mode Airbnb, n'échapperont pas aux règles de la nouvelle économie : celui qui prend la position de leader finit par récupérer tout le marché, à l'instar d'un Google ou d'un Airbnb. Pour le jeune cofondateur de Click & Boat, Édouard Gorioux, aucun doute à avoir: sa startup peut être le Airbnb de la location de bateaux. Avec un chiffre d'affaires susceptible d'être multiplié par quatre ou cinq cette année: il « dépasserait les 10 millions d'euros », affirme Édouard Gorioux. Avec un « objectif de 200 millions d'euros d'ici à trois ans », les ambitions sont là et les concurrents apparemment « scotchés » loin derrière, encalminés, comme disent les marins. Click & Boat affirme donc sur son site « être le leader » de la location de voiliers entre particuliers.

Saine concurrence ou... guerre des nerfs ?

Le hic, c'est que son concurrent Samboat dit la même chose... Du coup, tous deux mettent en doute la fiabilité des chiffres du voisin. On n'est pas loin de s'échanger des noms d'oiseaux...

Le marché traditionnel de la location de bateaux en France - opéré par des professionnels - peut être évalué à 350 millions d'euros annuels. Si les ambitions de Click & Boat se réalisent, soit pas moins 100 millions d'euros sur les rivages hexagonaux, la startup s'arrogerait-elle alors près d'un tiers du gâteau ?

« On ne peut pas raisonner comme ça, mais nous allons indéniablement contribuer à augmenter l'activité de location », répond Édouard Gorioux.

Louer à un particulier est bien sûr moins onéreux qu'une location auprès d'un professionnel - même si les prix restent élevés -, ce qui permet à des jeunes de se mettre à la navigation. Les propriétaires de bateaux voient là une façon de payer le coûteux entretien annuel. Et, pour les nouveaux propriétaires, comme dans l'immobilier, il serait possible de financer une partie de l'achat par la location.

Très concrètement, le modèle est très semblable à Airbnb : on choisit son bateau à louer sur une plateforme en ligne, et, d'un clic, on réserve. Le propriétaire, qui a déposé son annonce gratuitement sur le site, tout comme le locataire, est réglé au moment de la réservation. La plateforme internet prend environ 15% du prix de la location.

Ergonomie, offre de bateaux et nombre de membres

Alors, sur quoi va se jouer la bataille entre Click & Boat, Samboat, Sailsharing et Boaterfly, tous quatre ayant retenu le même modèle ?

Sur l'ergonomie des sites, bien sûr, mais aussi et surtout, sur l'offre de bateaux à louer et le nombre de membres, qui dépendent largement des efforts de marketing. Plus l'offre de bateaux est importante, plus les loueurs potentiels affluent, attirant de nouveaux propriétaires de voiliers ou hors-bord, etc.

 Click & Boat et Samboat mènent donc la bataille sur le nombre d'annonces. Et le site de Samboat, qui affichait début juillet quelque 3.000 bateaux proposés, en revendique en ce début de mois de septembre plus de 6.000. Comment doubler l'offre en deux mois? Le co-fondateur du site, Laurent Calando, insiste sur les efforts de marketing, mais admet que des loueurs professionnels proposent désormais leurs bateaux. Ce "afin d'initier notre développement à l'étranger". Et il précise: "nous veillons cependant à garder une large majorité d'annonces de particuliers en France (+ de 75%)." Ce qui signifie, a contrario, que près d'un quart des annonces émanent de professionnels. L'objet du site n'est-il pas pourtant la location entre particuliers?

Les sites développent par ailleurs les services, comme la conciergerie, à savoir la possibilité de laisser les clés du bateau à un intermédiaire agréé, ce qui permet au propriétaire de louer sans devoir être sur place.

Et le développement à l'international est à l'ordre du jour. D'ici à trois ans, le vainqueur de cette véritable bataille navale pourra hisser pavillon...

(*) "Et le vainqueur remporte la mise"

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Ivan Best

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Commentaire 1
à écrit le 01/09/2016 à 16:25
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Article intéressant avec un regard critique pertinent qui remet bien en perspective les réalités économiques et communications parfois nébuleuses de ces sites... Imppliqué depuis 8 ans dans la location de bateaux auprès de loueurs professionnels, no...

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