Living Joconde : deux Français créent une Mona Lisa intelligente et connectée

Son regard, énigmatique, semble suivre le spectateur. Un mystère vieux de cinq cents ans transformé en réalité par une équipe d'experts, qui a rendu "vivante" la Joconde, désormais dotée, dans sa version numérique, d'une intelligence artificielle qui lui permet d'interagir avec son environnement.
Le tableau de Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1506, semblait déjà défier le spectateur et s'en amuser avec son regard pénétrant et son léger sourire. Ici, il ne s'agit donc pas d'inventer une autre Joconde, mais bien de perpétuer le "living art", initié, selon lui, par le grand peintre florentin.

Mona Lisa regarde de gauche à droite puis ferme les yeux, sourit ou fait la moue... "Elle n'aime pas trop qu'on s'agite, qu'on se colle à elle. C'est un personnage qui fonctionne avec indépendance", glisse Florent Aziosmanoff, maître d'oeuvre du projet.

Les réactions de cette "Living Joconde" en 3D se traduisent par des "micro-expressions" et de "légers" mouvements de tête.

Retranscrire sa personnalité

L'emblématique tableau de Léonard de Vinci est ici adapté numériquement à taille réelle. Grâce à sa Kinect, périphérique captant les mouvements et les images habituellement utilisé dans les jeux vidéos, la Joconde "tient compte" de ce qui se passe autour d'elle et réagit, selon son "humeur", explique Jean-Claude Heudin, directeur de l'Institut de l'internet et du multimédia de Paris-La Défense, qui a travaillé sur l'intelligence artificielle et la modélisation du célèbre portrait.

"On a essayé de retranscrire la personnalité de Mona Lisa d'après les recherches", raconte-t-il.

Une évolution émotionnelle

Ce qui lui a plu dans ce projet "fou", qui a pris près d'un an et mobilisé une quarantaine de personnes dans son établissement, c'est qu'il est non seulement "artistique et démonstratif" mais également voué à la "recherche".

"Un des futurs objectifs, c'est d'avoir une évolution émotionnelle qui tire partie des expériences, des interactions passées du système", précise Jean-Claude Heudin.

Aux yeux de Florent Aziosmanoff, il ne s'agit pas d'inventer une "autre Joconde". Il entend perpétuer le "living art" initié, selon lui, par le grand peintre florentin: "La Joconde est reconnue comme le premier tableau peut-être qui réussissait à rendre vivante une personne devant son spectateur".

Mona Lisa: bientôt une marque ?

La "Living Joconde" pourra également être portée autour du cou. Un prototype de "bijou connecté" en forme de camée représentant une Mona Lisa animée vient d'être conçu en collaboration avec la maison de joaillerie Mathon. Le principe de cette "déclinaison" du tableau:

"Partager avec la Joconde une relation intime (...) comme si c'était une proche", pour que chacun puisse "s'approprier" cette figure "puissante" de l'art au-delà de l'"espace réservé au musée", selon l'auteur du projet.

Et pour ceux qui ne pourraient plus se passer de vivre avec elle, une application mobile est en cours d'élaboration. "On pourra même lui envoyer des SMS", sourit Florent Aziosmanoff.

Un socle en forme de tableau a également été conçu pour accueillir le pendentif lorsque son propriétaire ne le portera pas. "L'idée n'est pas de le ranger dans un tiroir une fois chez soi mais de l'exposer", confie le créateur.

Une Joconde qui aura "son indépendance et sa subtilité"

Attention, rien à voir avec les Tamagotchi, ces petits animaux virtuels dont les propriétaires doivent prendre soin, prévient-il.

"Dans le Tamagotchi, il y a cette espèce de perversité de nourrir l'animal, de vérifier s'il va bien... Moi, ce que je propose, c'est une Joconde qui aura son indépendance et sa subtilité."

Florent Aziosmanoff estime que des sociétés et des particuliers pourraient être "intéressés" par ce projet, en tant que clients ou financeurs, spécifiquement en Asie.

De 100 à 100.000 euros

Du tableau au bijou, pour homme ou femme, la "Living Joconde" pourrait donc être commercialisée en plusieurs "versions", selon son créateur qui espère pouvoir toucher aussi bien "un jeune qui trouverait cela sympa (...) qu'un grand collectionneur qui connaîtrait très bien l'histoire de l'art".

Le bijou fantaisie coûtera une centaine d'euros quand il faudra compter "plusieurs centaines de milliers d'euros pour ses versions les plus abouties".

(Avec AFP)

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