OneUp, la startup qui rend du temps aux entrepreneurs, lève 1,8 million d’euros

Exclusif. Spécialisée dans les logiciels de comptabilité automatique, la startup franco-américaine OneUp lève 2 millions de dollars (1,8 millions d’euros) en Série A, soit un total de six millions d’euros depuis sa création. Sa solution dans le cloud permet soit de remplacer les experts-comptables, soit de les aider à gérer le business des entrepreneurs.
Sylvain Rolland
François Nadal, fondateur et Pdg de OneUp, veut convertir les entrepreneurs à sa solution de gestion de la comptabilité dans le cloud.

Ne pas se fier aux apparences. Malgré son expérience de six mois en tant que "flasheur" en Bourse (il réceptionnait les ordres boursiers) et sa passion pour les montagnes russes émotionnelles qui caractérisent l'entrepreneuriat, François Nadal, 45 ans, est davantage tortue que lièvre. Aux grandes enjambées qui épuisent, il préfère les petits pas qui permettent de tenir le rythme et de ne pas dévier de sa trajectoire.

C'est toute la philosophie de la nouvelle levée de fonds de OneUp, la startup qu'il a fondée il y a six ans, qui commercialise dans le cloud un logiciel de comptabilité automatisé destiné aux petites entreprises. Pour sa Série A, qui est d'ordinaire la première "grosse" levée d'une startup après la phase d'amorçage, OneUp lève "à peine" 2 millions de dollars, soit 1,8 million d'euros. La startup a fait appel à ses investisseurs historiques, c'est-à-dire le fonds français XAnge (du groupe Siparex) et l'Américain Altos Ventures, basé dans la Silicon Valley, où l'entreprise est implantée depuis 2011.

Simplifier la vie des entrepreneurs

Prudente, OneUp se dote pourtant de grandes ambitions : "dominer le marché mondial de la comptabilité automatique, notamment en France, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni", déclare François Nadal. A ce jour, OneUp revendique 742.000 inscrits dans 50 pays, dont 40% aux Etats-Unis. Ses clients sont soit directement des entrepreneurs, soit des experts-comptables qui gèrent une société de moins de 20 salariés.

Née en 2010, à une époque où on ne parlait pas encore de "cloud", OneUp a été l'une des premières startups à se positionner sur ce marché prometteur, aujourd'hui en pleine expansion. Avec un objectif clair : simplifier la vie des entrepreneurs en leur facilitant au maximum la gestion des tâches administratives et de comptabilité.

Conçu en mode SaaS (software as a service) et commercialisé via un abonnement de 9 euros par mois, le logiciel permet d'automatiser les taches du quotidien. Les envois de devis, la facturation, la gestion des stocks et la comptabilité passent désormais par une seule et même plateforme, accessible sur tous les supports, y compris le smartphone et la tablette.

Si la première version du produit était, de l'aveu même de François Nadal, "lourde et complexe, inutilisable par ma mère", OneUp se revendique aujourd'hui comme "la meilleure solution ERP du marché pour les petites entreprises, et de loin". Tant pis pour les concurrents Cedig, Intuit ou encore Xero.

Effectivement, l'interface est remarquable de simplicité. Pour la gestion des notes de frais par exemple, il suffit de prendre une photo du ticket de caisse, puis le logiciel transfère automatiquement les informations sur la plateforme, dans les bonnes cases, avant que l'entrepreneur les valide d'un clic. Pour l'avenir, la startup lorgne vers l'intelligence artificielle. Elle dispose déjà d'un système d'analyse prédictive pour mieux gérer les ventes et les stocks.

Anti-Uber dans l'esprit

Le principal atout de OneUp, celui qui lui fait gagner des marchés et retenir ses clients (son taux d'attrition est de seulement 1,4%) est le gain de temps. "Le temps est crucial pour un entrepreneur. Moins tu en gaspilles pour gérer la société, plus tu peux te consacrer à son développement", explique François Nadal. Un client confirme. "OneUp nous permet d'alléger notre activité administrative et comptable d'une quinzaine d'heures par mois", estime Zakaria Nana, Pdg de Marbella Paris (joaillerie de luxe) et utilisateur depuis trois ans.

De quoi "ubériser" la profession d'expert-comptable, intermédiaire coûteux pour les petites entreprises ? S'il a été très tentant de jouer cette carte, OneUp veut finalement séduire autant les jeunes startups qui veulent en faire l'économie, que la profession des experts-comptables elle-même.

"Dans l'esprit, nous sommes un anti-Uber. Nous nous considérons comme le partenaire des experts-comptables pour faciliter aussi leur travail », revendique François Nadal. Un virage stratégique malin:  la signature de contrats avec certaines des plus grandes entreprises d'audit en France a permis à OneUp de s'ouvrir ce marché lucratif et de gagner des inscrits à coups de milliers.

Une levée de fonds en Série B dans le viseur

Développer ce marché est d'ailleurs la priorité de cette levée de fonds. Six recrutements dans le marketing et la prospection sont en cours, ce qui fera gonfler l'effectif de la startup de 15 à 21 employés. Trois de ces nouveaux postes serviront à renforcer l'équipe parisienne (2 personnes aujourd'hui). "On voulait s'implanter à Londres, mais le Brexit nous pousse à abandonner ce projet", révèle François Nadal.

Mais pour devenir le leader mondial de la comptabilité automatique, il faudra bien se résoudre à accélérer, quitte, pour François Nadal, à lâcher un peu de contrôle sur sa société. Une fois que la base d'abonnés aura grandi, OneUp effectuera une nouvelle levée de fonds, en Série B cette fois, probablement d'ici à la fin de l'année. Avec un montant plus conséquent : environ 10 millions d'euros. Dans le monde sans pitié de l'innovation, dominé par le principe du "winner takes all" [le gagnant prend tout, NDLR], même les tortues doivent accélérer la cadence.

Sylvain Rolland

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