Pradeo met à nu les applications malveillantes dans votre smartphone

Grâce à son moteur d'analyse, la startup montpelliéraine détecte les actions malveillantes des applications présentes sur vos smartphones, tablettes et objets connectés. Une première mondiale.
Sylvain Rolland
Clément Saad, 33 ans

Lorsqu'il parle de Pradeo, le Montpelliérain Clément Saad, 33 ans, aime utiliser la métaphore de l'iceberg :

« Chaque application téléchargée sur votre smartphone présente deux facettes, explique-t-il. La première est visible : l'appli exécute l'action à laquelle l'utilisateur s'attend. Mais la deuxième est immergée, avec des actions que seul l'éditeur de l'application peut connaître. »

Problème : avec la multiplication des applications, les comportements malveillants sont légion. Certains éditeurs profitent de cette opacité pour exécuter des tâches de fond malhonnêtes, comme récupérer des contacts, des photos, enregistrer vos SMS et conversations téléphoniques, installer des virus ou même effectuer des paiements non autorisés...

Pour mettre à nu ces pratiques problématiques pour la sécurité et la vie privée des utilisateurs, Pradeo propose un logiciel d'analyse capable de « mettre à nu » chaque application. Baptisée Trust Revealing, cette technologie, brevetée, traque tout comportement anormal.

« Nous révélons la nature de chaque action et l'indiquons noir sur blanc, pour que chacun installe ses applis en toute connaissance de cause », résume l'entrepreneur.

La startup, établie à Montpellier, est née en 2010. Mais il lui faudra attendre mi-2013 avant de se lancer sur le marché, le temps de créer la technologie. En 2014, Prado a réalisé 1 million d'euros de chiffre d'affaires et atteignait déjà l'équilibre financier. Sous l'effet de la multiplication des partenariats avec des acteurs prestigieux comme Samsung, Sanofi, La Poste, Société générale ou le ministère des Affaires étrangères, la croissance a doublé en 2015. Et elle devrait encore exploser en 2016, portée par l'intérêt croissant des entreprises pour la sécurité mobile. Car la startup vise surtout des « grands comptes », qui souhaitent sécuriser leur flotte de terminaux mobiles. Pradeo touche aussi le grand public, mais gratuitement, par l'intermédiaire de l'application CheckMyApps, disponible sur Android.

Ancien docteur en informatique, Clément Saad se passionne pour la sécurité numérique depuis l'émergence des smartphones et des tablettes, en 2007-2008.

« J'ai senti que la vraie révolution ne serait pas les terminaux, mais les applications, et qu'elles poseraient de nouveaux défis en termes de sécurité », explique-t-il.

Il constate également que les antivirus ne sont pas adaptés à cette nouvelle économie, car ils ne sont pas capables de détecter toutes les actions cachées et ne prennent pas en compte le caractère subjectif de la menace. Récupérer la géolocalisation, par exemple, peut être considéré comme une grave intrusion dans la vie privée pour une personne, mais une autre ne s'en offusquera pas...

Conséquence : Pradeo est aujourd'hui quasiment seul sur son marché dans le monde. En 2014, l'institut Gartner a même classé l'entreprise parmi les « visionnaires » dans son Magic Quadrant, qui fait référence dans le secteur des nouvelles technologies. Désormais, la startup veut accélérer son développement à l'international.

« Il faut qu'on grossisse vite pour devenir la référence mondiale de la sécurité mobile, notamment avec l'émergence des objets connectés », précise Clément Saad.

Pradeo, qui emploie 25 salariés à Montpellier et a ouvert une filiale à San Francisco et une autre à Londres l'an dernier, travaille actuellement sur son deuxième tour de table, après avoir levé 1 million d'euros en 2012.

Sylvain Rolland

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