Réseaux sociaux d'entreprise : la startup elium lève 4 millions d'euros

La startup belge, qui fait 70% de son chiffre d'affaires avec des entreprises françaises, lève 4 millions d'euros en Série A pour doubler ses effectifs en deux ans et conquérir l'Europe du Nord. L'ex-Knowledge Plaza tente d'imposer un nouveau type de réseaux sociaux d'entreprise.
Sylvain Rolland
Antoine Perdaens et Raphaël Briner, les deux cofondateurs de elium.

"Le vrai pouvoir, c'est la connaissance", écrivait, au XVIè siècle, le philosophe anglais Francis Bacon. Cette citation célèbre est particulièrement pertinente aujourd'hui, au XXIè siècle, en pleine révolution numérique marquée par la plateformisation de l'économie.

Pour les entreprises, qu'il s'agisse de PME ou de grands groupes, la transformation à marche forcée de leur secteur d'activité impose de repenser leur organisation du sol au plafond. Y compris, donc, leur communication interne. Avec le dilemme suivant : comment diffuser et surtout conserver la connaissance accumulée au jour le jour ? De la transmission et de la bonne utilisation des process internes, de la culture d'entreprise, des bonnes pratiques ou de la veille stratégique sectorielle, dépend une part de plus en plus importante de leur productivité.

L'accès à l'information pertinente devient plus crucial encore sous l'effet des mutations du travail, notamment l'émergence du télétravail, de l'intrapreneuriat, la dispersion du travail entre filiales d'un même groupe, ou encore le va-et-vient incessant des talents, prompts à changer plus souvent d'entreprise au cours de leur vie. Pour répondre à ces enjeux, de nombreux réseaux internes d'entreprises ont vu le jour, de Microsoft SharePoint à IBM Connections, en passant par les plateformes centrées sur la productivité en équipe telles que Slack et Facebook Workplace. Tous fonctionnent dans le cloud, l'informatique en nuage, de manière décentralisée, pour permettre aux collaborateurs d'accéder à l'information à tout moment.

Les "plateformes de savoir", une catégorie en pleine expansion des réseaux sociaux d'entreprise

C'est dans ce marché en pleine expansion, estimé à au moins 4,5 milliards de dollars selon IDC en 2016, qu'évolue elium, anciennement baptisée Knowledge Plaza. Cette discrète startup belge, fondée en 2008 par Antoine Perdaens, son Pdg, et le directeur stratégique Raphaël Briner, 41 ans, commercialise depuis 2012, date d'un pivot stratégique, sa propre "plateforme de savoir" (knowledge sharing) dans le cloud. Malgré ses neuf années d'existence, l'entreprise annonce ce jeudi 31 août sa toute première levée de fonds de 4 millions d'euros, réalisée auprès du fonds français Serena Capital et de la Société régionale d'investissement de Wallonie (SRIW), qui avait déjà investi dans la startup en amorçage en 2015.

Disponible sur abonnement, elium est une interface de partage de l'information au quotidien. Elle fonctionne comme un réseau social d'entreprise, permettant de discuter à plusieurs en temps réel via sur un tchat, comme Slack ou Facebook Workplace. Sa particularité est son moteur de recherche, fruit de plusieurs années de développement et fonctionnant grâce à un système de tags propre à chaque entreprise. Celui-ci permet de trouver très facilement de l'information sur des thématiques variées, créant un outil qui fait office à la fois de plateforme d'échange en temps réel et de bibliothèque interne.

Panier moyen de 35.000 euros par client

Grâce à cette particularité, elium s'utilise en complément d'un autre réseau interne. La plateforme est en outre intégrable avec d'autres outils (G Suite, Office 365 ou encore Dropbox). Ses clients, qui paient un abonnement dont le prix dépend du nombre d'utilisateurs, sont pour l'essentiel des PME de plus de 100 salariés ou des grands groupes. Parmi eux, la startup a signé avec Capgemini Consulting, Lafarge Holcim, la Comité international de la Croix-Rouge, BNP Paribas, Bouygues, EDF ou encore L'Oréal.

"elium est à la fois un outil de communication interne et un réseau de partage de la connaissance stratégique au sens large. Tout le monde peut participer en fonction de son expertise. Notre plus-value est d'offrir aux collaborateurs la possibilité de naviguer dans la connaissance immédiatement, sans s'y perdre. Nos clients disent que leurs documents sont beaucoup plus consultés et édités qu'auparavant", explique Antoine Perdaens, le Pdg.

Le panier moyen des clients d'elium s'élève à 35.000 euros par an. L'entreprise se dit rentable depuis 2013. D'où son arrivée tardive dans le grand bain du capital-risque.

"Maintenant que la solution est mûre technologiquement, que nous avons une base solide de clients et que nos processus internes sont en place, nous sommes prêts pour accélérer", ajoute Antoine Perdaens.

4 millions pour s'étendre en Europe et doubler les effectifs

L'enjeu de ce tour de table est de permettre à l'entreprise de grandir plus vite et de semer les concurrents, notamment en se développant dans le reste de l'Europe. Aujourd'hui, 70% du chiffre d'affaires provient d'entreprises françaises. elium espère s'implanter au Royaume-Uni d'ici à deux ans, ainsi que dans d'autres pays d'Europe du Nord.

Sa cible principale : les sociétés dont la compétitivité repose sur la bonne gestion des savoirs. Autrement dit : les milliers de cabinets de conseils européens, que la société compte activement démarcher en musclant son équipe commerciale, aujourd'hui composée d'un seul poste à temps plein. Les industries en pleine transformation numérique (électricité, transport, ingénieries) ainsi que les associations et gouvernements, sont aussi dans la ligne de mire.

"Tous ces acteurs font face à une accélération de l'économie et de l'innovation à un niveau tant global que local. On leur apportera la capacité de faciliter le partage d'informations critiques -de sources internes et externes- et d'augmenter leur performance globale", précise le directeur stratégique, Raphaël Briner.

"Si tout va bien", elium doublera ses effectifs dans les deux prochaines années, passant de 20 à au moins 40 salariés. Son ambition reste prudente : les fonds levés ne lui permettront pas d'attaquer l'énorme marché américain. Ce sera pour une éventuelle Série B, dans deux ou trois ans... A moins que la brique technologique qu'incarne elium dans le segment des réseaux internes d'entreprise intéresse d'ici là l'un des acteurs majeurs du secteur...

>> Lire aussi Startups et grands comptes : enquête sur un mariage de raison

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 31/08/2017 à 9:30
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Une société qui a 10 ans (création en 2008) peut elle être encore appelée start up ? Ce communiqué de presse ne donne e pas le chiffre d'affaires. De combien est il ?

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