Une fédération blockchain va voir le jour en France

La Fédération française des professionnels de la blockchain vise à devenir le premier réseau de France des acteurs de la blockchain en regroupant tous les secteurs d'activité, de l'automobile au tourisme en passant par la santé, l'agriculture ou encore le luxe et les paiements. Elle entend structurer et industrialiser l'écosystème tricolore pour porter la vision française de la blockchain et peser à l'échelle européenne.
Juliette Raynal
Rémy André Ozcan et le député LREM Jean-Michel Mis sont à l'origine de la Fédération française des professionnels de la blockchain, dont les statuts seront déposés dès que les conditions le permettront.
Rémy André Ozcan et le député LREM Jean-Michel Mis sont à l'origine de la Fédération française des professionnels de la blockchain, dont les statuts seront déposés dès que les conditions le permettront. (Crédits : DR)

Malgré la crise, l'ambition de faire de la France une "blockchain nation" ne s'est pas tarie. Après la présentation de la stratégie nationale blockchain il y a un an, et le lancement par Bercy, en juillet dernier, d'une task force pour pousser l'adoption de cette technologie dans l'industrie, la France va bientôt se doter d'une fédération: la Fédération française des professionnels de la blockchain (FFPB). Une initiative portée par le député LREM Jean-Michel Mis, corapporteur de la mission d'information sur les blockchains, et Rémy André Ozcan, cofondateur et directeur général du cabinet d'ingénierie spécialisé dans la technologie blockchain Crypto4all et conseiller auprès du Parlement européen sur ces sujets.

L'écosystème tricolore compte déjà une série d'associations dédiées à cette technologie de transmission et de stockage décentralisé de l'information, comme l'Adan, le Cercle du Coin ou encore Ethereum France, mais "il est nécessaire de professionnaliser notre industrie", insistent les deux initiateurs du projet de fédération. "L'Etat ne peut pas créer une industrie. Il appartient aux acteurs de l'écosystème de prendre le relais. Il faut se structurer et s'industrialiser", poursuit Rémy André Ozcan. "Aujourd'hui, il existe une myriade d'acteurs qui représentent une constellation de la blockchain mais il n'y a pas de colonne vertébrale pour porter la doctrine française de la blockchain", complète Jean-Michel Mis.

Fédérer tous les secteurs d'activité

La future fédération, dont les statuts seront déposés dès que les conditions le permettront, vise à devenir le premier réseau de France des acteurs de la blockchain.

"Nous voulons fédérer l'ensemble des acteurs quels que soient les secteurs d'activité. Il s'agit d'une approche plurisectorielle qui va au-delà du seul domaine de la finance", explique Rémy André Ozcan.

La FFPB entend regrouper des entreprises de toutes tailles, mais aussi des professions libérales, des universités, des grandes écoles, des centres de formation, ou encore des associations professionnelles de branche et des collectivités territoriales. Plusieurs grandes et petites entreprises, pôles de compétitivité et académiciens ont déjà manifesté leur intention de rejoindre la fédération, assure le tandem.

Une fois créée, la FFPB s'attachera à cartographier l'ensemble des acteurs et les professionnels de cette industrie, "ceux qui ont l'expertise, ceux qui expérimentent déjà la technologie et ceux qui souhaitent l'expérimenter". "L'objectif est aussi de constituer une base de données qui permettra à chaque membre de disposer de ressources documentaires fiables pour trouver rapidement une expertise", indique Rémy André Ozcan. Dans un second temps, la fédération souhaite favoriser l'émergence de consortiums pour répondre de manière efficace à des appels à projets nationaux et à l'échelle européenne, comme celui de la Banque de France autour de l'expérimentation d'une monnaie digitale de banque centrale, lancé le 27 mars dernier.

Peser à l'échelle européenne

L'autre enjeu majeur est de pouvoir défendre l'industrie blockchain tricolore à l'échelle supranationale.

"L'Allemagne et l'Espagne, qui disposent de leur propre fédération blockchain, ont instauré un dialogue privilégié avec les instances européennes. De notre côté, nous n'avons pas d'interlocuteur", regrettent les cofondateurs de la FFPB. "L'objectif est donc d'instaurer un dialogue naturel avec la Commission européenne et le Parlement. Si nous ne prenons pas le virage de l'industrialisation nous sommes condamnés à rester spectateurs de cette révolution", poursuivent-ils.

La fédération en devenir prévoit également l'organisation d'une série d'événements, pour favoriser les mises en relation d'affaires, et des publications régulières. Pour marquer les esprits, elle entend mettre la technologie blockchain au coeur de sa gouvernance afin de pouvoir garantir la traçabilité de l'ensemble des décisions prises au sein de la fédération. "Un système représentatif habituel, qu'il soit associatif ou capitalistique, est forcément pyramidal. Nous renversons cette proposition et nous nous mettons en situation de respecter la philosophie initiale de la blockchain", avance le crypto député.

Une gouvernance décentralisée

Très concrètement, chaque membre de la fédération se verra assigner un portefeuille électronique (ou wallet), crédité de jetons numériques (tokens) non fongibles. Lors des assemblées générales, les votes sur l'orientation de la fédération seront enregistrés via le déplacement des tokens depuis le wallet de l'adhérent vers le wallet créé spécifiquement pour la résolution. "Cela permettra de dire si la majorité est atteinte ou non en quasi temps réel", ajoute Rémy André Ozcan.

"Le pouvoir de décision appartiendra à la fédération elle-même et non à ses représentants", insiste Jean-Michel Mis. Dans les détails, la fédération s'articulera autour de plusieurs organes dont une assemblée générale divisée en commissions spécifiques à chaque secteur d'activité (agriculture, transport, luxe, gestion d'actifs, assurance, tourisme, santé, automobile, paiement, etc.) L'assemblée générale élira un bureau et un conseil d'administration, qui définira des comités stratégiques. Quatre axes de travaux ont d'ores et déjà été définis autour de l'intelligence économique, la régulation, la standardisation et la recherche académique.

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 08/10/2021 à 14:19
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La blockchain est très crédible là où elle apporte une vraie valeur ajoutée (comme pour toute techno). Et comme pour toute techno, elle n'apporte pas de la vraie valeur ajoutée partout. C'est tout. Par contre, en effet l'initiative de cette "fédérat...

à écrit le 08/04/2020 à 16:36
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La "Blockchain" fait vraiment trop de publicité pour que cela soit crédible, a moins qu'il ne savent pas quoi en faire et demande une idée!

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