Intelligence artificielle : ces machines qui ont détrôné des champions aux jeux

Google a réussi un pari historique dans le développement de l’intelligence artificielle, a-t-on appris ce jeudi 28 janvier : faire gagner une machine contre le champion d’Europe du jeu de go. Ce jeu de stratégie chinois, vieux de 3.000 ans, était l’un des derniers au monde à résister à la machine. Depuis la victoire, en 1997, d’un robot contre le champion mondial d’échecs, l’intelligence artificielle n’a eu cesse de progresser dans le monde du jeu.
AlphaGo, le programme informatique de Google DeepMind, a battu en octobre dernier, à Londres, le champion d'Europe du jeu de go, Fan Hui.

C'est un véritable exploit : un programme développé par la société DeepMind, filiale de Google, a vaincu pour la première fois le champion d'Europe au jeu de go, souvent considéré comme le jeu le plus complexe au monde. Le célèbre astrophysicien britannique Stephen Hawking estimait fin 2014 que « le développement de l'intelligence artificielle pourrait signifier la fin du genre humain ». En attendant qu'il menace notre survie, il défie déjà notre honneur. Depuis la première prouesse mondiale d'une machine aux échecs en 1997, des champions de jeux ont dû se coucher devant ces robots qui progressent toujours plus dans leur capacité à assimiler la complexité. Retour sur quelques machines qui ont détrôné des légendes du jeu.

1997 : Deep Blue bat le champion du monde d'échecs

Au début des années 1990, alors que le web en est encore à ses premiers pas, la société américaine d'informatique IBM met au point un superordinateur spécialisé dans le jeu d'échecs, baptisé « Deep Blue ». Dès 1996, la machine haute de 2 mètres vit sa première rencontre au sommet, en affrontant le champion du monde d'échecs, le Russo-Croate Garry Kasparov. Si Deep Blue remporte la première manche, Garry Kasparov se ressaisit dès le coup suivant et gagne le match 4 à 2. Mais Deep Blue n'a pas dit son dernier mot. L'année suivante, les deux adversaires jouent leur match revanche. Deep Blue entre alors dans l'histoire, grâce à son incroyable force de calcul, en battant le champion du monde.

Deep Blue Garry Kasparov

Comme l'a précisé la MIT Technology Review, Deep Blue était capable d'imaginer jusqu'à 200 millions de positions par seconde, là où « Kasparov n'en cherchait probablement pas plus de cinq par secondes ». Il faut préciser que la machine d'IBM doit beaucoup au savoir humain, ayant bénéficié pour sa conception de l'aide de grands maîtres d'échecs tels que Miguel Illescas, John Federowicz, Nick de Firmian et Joel. Le choc est tel que Garry Kasparov conteste la victoire de son adversaire, qu'il attribue sans pouvoir apporter de preuves à un être humain à la manœuvre. Deep Blue fut par la suite reconverti en machine classique destinée à l'exploration de données. IBM craignait-il alors que sa créature se retourne contre ses concepteurs ?

2011 : Watson brille à Jeopardy!

Quoi qu'il en soit, IBM n'a pas l'intention d'en rester là et, début 2011, l'entreprise propulse une nouvelle fois un de ses robots sur le devant de la scène. Il s'agit cette fois-ci de Watson, programme informatique d'intelligence artificielle destinée à répondre à des questions formulées en langage naturel (par opposition au langage informatique), qui tente sa chance au jeu télévisé Jeopardy!, très apprécié aux États-Unis, qui consiste à trouver la question d'origine correspondant à une réponse donnée. Résultat : la machine bat à plate couture deux champions américains.

Depuis, IBM essaie de faire assimiler à Watson des capacités de créativité et d'intuition propres aux humains, pour progresser encore dans le développement de l'intelligence artificielle. L'entreprise souhaite notamment mettre sa machine au service de secteurs comme la finance ou la santé, dans des rôles d'analyse et de conseil.

2015 : l'autodidacte DQN met leur raclée aux Space Invaders

Début 2015, c'est au tour de Google de faire briller ses robots. La société DeepMind, rachetée en 2014 par le géant américain de l'internet, a mis au point un système d'intelligence artificielle capable grâce à un algorithme d'apprendre par sa seule expérience le fonctionnement des jeux, franchissant un nouveau palier dans l'histoire de l'intelligence artificielle. Baptisé DQN (deep-Q-network), le programme excelle tout particulièrement aux jeux de la fin des années 1970 et des années 1980.

DeepMind Space Invaders

En février 2015, DQN bat un champion de 29 jeux classiques développés par la société japonaise Atari, dont le célèbre Space Invaders, qui consiste à tirer sur des extraterrestres avec un canon laser, mais aussi Breakout, un jeu de casse-briques. « La différence avec Deep Blue et Watson, c'est qu'ils ont en partie été préprogrammés », avait relevé Demis Hassabis, cofondateur de DeepMind. « Nous avons construit des algorithmes qui apprennent à partir du terrain », ajoutait-il alors. La société s'attelle ensuite à tenter de faire évoluer son programme sur les jeux des années 1990, et les premiers jeux 3D, augmentant le niveau de difficulté. Demis Hassabis a affirmé en 2015 qu'ils y parviendraient « dans les cinq ans ». Affaire à suivre, donc.

2016 : AlphaGo victorieux contre le champion européen du jeu de go

DeepMind ne met pas bien longtemps à revenir sur le devant de la scène, avec cette fois un autre programme informatique, du nom d'AlphaGo. Ce jeudi 28 janvier, la revue britannique Nature révèle que le programme a, en octobre dernier, battu à Londres le champion d'Europe, Fan Hui, d'origine chinoise, par 5 à 0. L'Association britannique de go, soulignant que c'est « la première fois qu'un joueur de go professionnel perd un tournoi » face à une machine, a salué une « avancée majeure » de l'intelligence artificielle.

Jeu chinois vieux de 3 millénaires, c'est « probablement du jeu le plus complexe inventé par l'homme », selon Demis Hassabis. Le neuroscientifique, qui a fondé DeepMind en 2010, affirme : « Le nombre de combinaisons possible est supérieur au nombre d'atomes dans l'Univers ». La difficulté réside notamment dans l'attention des joueurs qui doit être simultanément portée sur de multiples « combats locaux », un exercice complexe pour les programmes informatiques, qui ont une vision plus globale du jeu.  Prochaine objectif de DeepMind : faire gagner AlphaGo contre le champion du monde. Il s'agit du Sud-Coréen Lee Sedol, âgé de 32 ans. Le tournoi aura lieu en mars à Séoul, le vainqueur ayant droit à une somme d'1 million de dollars. Si AlphaGo remporte une nouvelle victoire, les dirigeants de la société ont promis que le pactole serait reversé au profit de causes caritatives. « Les règles du go sont si élégantes, organiques et rigoureusement logiques que s'il existe quelque part dans l'Univers une forme de vie intelligente, elle doit certainement y jouer », déclarait Emanuel Lasker, ex-champion du monde d'échecs. Le prochain défi pour AlphaGo : battre le champion de l'Univers de jeu de go ?

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Commentaires 3
à écrit le 30/01/2016 à 18:41
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ENTRE DE BONNE MAINS HOMME PROGRESSERAS ENTRE DE MAUVAISE MAIN L HOMME EN FERAS UN OUTIL DE DOMINATION?? EN SCIENCE RIEN N EST INPOSSIBLE ? ET LA BETISSE ET LA MECHANCETE DE HOMME LE DETRUIRAS? MAIS J ESPERE ME TROMPEZ?REGARDEZ CE QU EST DEVENUE IN...

à écrit le 29/01/2016 à 22:59
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Hawking et autres prophètes de malheur voient les risques sans avoir l'imagination, ou simplement l'intelligence, de voir les opportunités de cette nouvelle et prometteuse intelligence. L'IA remporte de très belles victoires, mais qui restent bien m...

à écrit le 29/01/2016 à 15:17
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L INTELIGENCE ARTIFICIEL PEUT BATTRE INTELECTUELLEMENT L HOMME? MAL PROGRAME ELLES POUR RAS LE DETRUIRE ? LA SEUL FACON DE L ARRETE SERAS DE LA DEBRANCHE?MAIS EN AURAT IL LE TEMPT???

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