Le « nuage » des géants de l'informatique et de l'Internet est plein de charbon et de CO2 : le « cloud computing », ce nuage virtuel où sont stockées toutes nos données, est alimenté par les « data centers », des fermes de serveurs extrêmement énergivores : « certains centres de données consomment autant d'électricité que 250.000 foyers européens » selon le rapport que Greenpeace vient de publier sur le sujet, intitulé «Votre cloud est-il net ? »
Sur les 14 entreprises high tech passées au crible, toutes américaines, les mauvais élèves désignés par l'organisation non gouvernementale sont Amazon, Apple et Microsoft qui « n'accordent pas assez d'attention à la provenance de l'électricité qu'elles consomment et continuent d'avoir largement recours aux énergies sales pour alimenter leur cloud. » Le géant du commerce en ligne Amazon, un des pionniers du « cloud » avec sa division de services web, est l'un des moins bien classés, récoltant plusieurs « F » (la moins bonne note) en matière de transparence sur l'approvisionnement, de plaidoyer en faveur des énergies renouvelables et de lieu d'implantation des infrastructures, et un indice d'énergie propre de seulement 13,5%. Microsoft s'en sort à peine mieux (13,9%), tout comme Apple (15,3%) qui aurait recours à 55% au charbon pour alimenter ses data centers.
Pas assez verte, la Pomme réagit
La firme de Cupertino, qui a lancé l'an dernier son service iCloud et investi pour cela dans un immense centre de données de 50 hectares en Caroline du Nord (1 milliard de dollars prévus sur dix ans), a réagi au rapport de Greenpeace : Apple compte compenser la consommation de sa ferme de serveurs avec des champs de panneaux solaires et la pose de piles à combustibles et a révélé pour la première fois la consommation du centre qui serait de 20 mégawatts, contre 100 mégawatts estimés par l'ONG écolo.
Pas assez verte, la « Pomme » avait déjà fait des efforts, sous l'aiguillon de Greenpeace, sur son iPhone, dont il a progressivement retiré des produits toxiques (phtalates, retardateurs de flammes bromés, etc). D'autres géants de la Silicon Valley se voient en revanche tresser des lauriers par Greenpeace, notamment Google, salué pour sa transparence, et Yahoo, qui « continuent de montrer l'exemple en faisant l'accès aux énergies renouvelables une priorité pour la croissance de leur cloud. » L'ONG distribue aussi un bon point à Facebook « devenu l'ami des énergies renouvelables » depuis qu'il a décidé d'implanter en Suède son premier data center hors des Etats-Unis, « pouvant être entièrement alimenté » en renouvelable, le climat froid contribuant au refroidissement des installations. Enfin, Greenpeace appelle les citoyens à se mobiliser : « nous devons faire parvenir en 48 heures plus de 100.000 lettres aux PDG de Microsoft, Amazon et Apple pour les pousser à libérer Internet de l'un de ses aspects les plus sales ! Nous n'arrêterons que lorsque le ciel d'Internet sera parfaitement dégagé ! »
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