Y aura-t-il un ministre du numérique ?

Les conseillers en charge des questions numériques de François Hollande, Fleur Pellerin, et de Nicolas Sarkozy, Nicolas Princen, ont défendu avec fougue devant les spécialistes du secteur l'engagement de leur candidat sur ces dossiers. Beaucoup craignent qu'il ne soit pas représenté au niveau gouvernemental lors du prochain quinquennat.
Nicolas Princen et Fleur Pellerin, respectivement conseillers numériques de Nicolas Sarkozy et de François Hollande Copyright AFP

Quelle place le numérique aura-t-il dans le prochain quinquennat? La question inquiète le secteur. Pourtant, Nicolas Princen et Fleur Pellerin, respectivement conseillers en charge des questions numériques de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, se sont fait fort de convaincre les membres du Collectif du numérique, qui regroupe une myriade de fédérations et d'associations professionnelles, de l'engagement de leur candidat dans le domaine. « Le numérique a un rôle central pour François Hollande, qui l'a placé à la croisée des priorités de ses programmes pour la jeunesse, la croissance, la ré-industrialisation de la France », a asséné la conseillère PS. Son adversaire de l'UMP n'a pas manqué de surenchérir « Depuis 2007, Nicolas Sarkozy se mobilise sur le sujet. On l'a vu avec la création du Conseil national du numérique, ou lorsque Nicolas Sarkozy a fait entrer le numérique au G8 ».

Des déclarations qui n'ont pas toujours convaincu leur auditoire. « Tant que je ne vois pas dans le discours des candidats eux-mêmes une appropriation des sujets, je reste sur ma faim », a indiqué Guy Mamou-Mani, président du Syntec numérique. Même scepticisme exprimé par Loïc Rivière, le délégué général de l'association des éditeurs de logiciels (Afdel), présent sur place. « Le silence des candidats eux-mêmes sur le sujet nous laisse plus que dubitatifs. Nous craignons même que la création d'un ministère ou d'un secrétariat d'Etat dédié au numérique ne soit pas assurée », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Une thématique absente de la campagne

Il est vrai que le numérique - une thématique visiblement jugée peu porteuse au niveau électoral - a été particulièrement absent de la campagne, tant du côté de François Hollande, que de celui de Nicolas Sarkozy. Pourtant, le président candidat avait fait des sorties très médiatiques sur le sujet, la plus spectaculaire restant l'organisation du grand raout de l'Internet, l'eG8, l'an passé.

Ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy s'est contenté d'une visite éclair le 15 avril dans les locaux d'Epitech-Epita, un groupement d'écoles qui forme les développeurs de demain. Sensiblement réduite par rapport au programme initial, la visite marathon du chef de l'Etat, qui s'est brièvement arrêté chez Melty.fr, start-up hébergée sur les lieux et créée par un ancien élève de l'école, Alexandre Malsh, membre du CNNum, a seulement servi à produire des images à destination des télés et des sites Web. Hormis un court entretien privé accordé au site, pour évoquer l'emploi et les jeunes, Nicolas Sarkozy n'a pas pris la peine d'exposer ses idées sur le numérique.

La question du maintien d'une fonction ministérielle

Se pose alors la question du maintien ou pas d'un ministère dédié au numérique lors du prochain quinquennat. Sans trancher, le sujet relève évidemment de François Hollande s'il est élu, Fleur Pellerin s'est contentée d'affirmer qu'il fallait « une volonté politique très forte puis un réseau de conseillers avisés auprès du premier ministre et dans tous les domaines concernés, comme la santé, l'industrie, l'éducation... ». Pour Nicolas Princen, il faut que le numérique « soit rattaché à l'industrie », qu'il s'agisse d'un secrétariat d'Etat ou d'un ministère.

Pourtant, beaucoup dans le secteur réclament un ministère propre doté de sa "propre administration", comme l'a demandé l'Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l'Audiovisuel (Avicca). Une requête que l'Association justifie au regard des lourds enjeux du secteur, comme le développement du très haut débit ou la création de nouveaux usages. 

Une chose est sûre, le principe même d'un ministère du numérique peut faire débat. Depuis sa création en 2008, il n'a cessé d'évoluer dans l'organigramme gouvernemental. Ainsi Eric Besson, alors secrétaire d'Etat à la prospective et à l'évaluation des politiques publiques, l'a ajouté à ses prérogatives il y a quatre ans. Mauvais signal à l'industrie, lorsque Nathalie Kosciusko-Morizet l'a remplacé en janvier 2009, après avoir été sanctionnée par le chef de l'Etat pour comportement jugé inapproprié au ministère de l'Ecologie. Lorsqu'elle part voler vers de nouveaux horizons un an plus tard, la rumeur de la disparition du secrétariat d'Etat court dans Paris. A nouveau, c'est, Eric Besson promu ministre de l'Industrie qui reprend la fonction. Mais le numérique passe de la tutelle directe de Matignon à celle de l'immense ministère de l'Economie et des Finances. Et le numérique doit y lutter avec les énormes enjeux d'industries, comme l'énergie ou l'automobile...
 

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Commentaires 8
à écrit le 01/05/2012 à 8:04
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Eh bien s'il y a un ministre du numérique j'espère surtout que ca ne sera en aucun des deux compte tenu de leur méconnaissance TOTALE des problèmes de l'emploi dans le numérique ! A lire : http://munci.org/Fleur-PELLERIN-HOLLANDE-SARKOZY-et-la-penuri...

à écrit le 27/04/2012 à 10:22
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Quand on voit le profil et l'expérience des deux gus, la création d'un nouveau ministère ressemble à du carrièrisme politique, et rien d'autre! Sérieusement, quelle expérience ont-ils? Quelles connaissances techniques ont-ils? On ne frise pas le zéro...

le 27/04/2012 à 12:48
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@toccata: j'ai vu , .... c'est affligeant.

à écrit le 27/04/2012 à 8:56
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Il n'y a pas besoin d'un ministre du numérique. Le numérique doit être dans chaque ministère...

à écrit le 27/04/2012 à 6:45
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J'ai le sentiment d'un pays malade de son addiction à l'Etat, jusque dans certains ses entrepreneurs. En voilà un qui s'inquiète de ce que la création d'un ministère ne soit pas assurée, tandis que l'Avicca (sans doute des gens qui ne vivent pas dans...

à écrit le 27/04/2012 à 6:12
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STOP STOP STOP encore un ministère mais cessons cette course aux ministres et à l'argent public. Oui le numérique que nous avons raté il y 2à ans environ doit être écouté pour ses besoins mais pas avec un ministère notre Pyas est malde de bureaucrati...

à écrit le 26/04/2012 à 23:18
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D'une manière générale, quand l'Etat cherche à ce point à se meler d'un secteur d'activité, c'est le foirage assuré. (Cf plan calcul, qui s'en souvient ? )

à écrit le 26/04/2012 à 21:53
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En URSS, il y avait, entre autres, un ministre des carrelages et un ministre de la moquette. La France se bolchevise !

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