Y a-t-il une vie après Facebook ?

Que fait-on quand on quitte Facebook ? Jeunes, déterminés à réussir, les anciens du réseau lancent leur start-up, deviennent investisseurs ou s'engagent dans la philanthropie. Voire les trois, comme Dustin Moskovitz, l'un des cofondateurs du site.
De gauche à droite : Dustin Moskovitz, Randi Zuckerberg, Dave Morin, Ruchi sanghvi / AFP

Dave Morin est-il le prochain Mark Zuckerberg ? Il ne brasse pas encore des milliards de dollars, mais il n'est pas mécontent des 30 millions qu'il vient de lever pour continuer à financer Path, son propre réseau social lancé en novembre 2010. Ancien d'Apple, il a passé des années décisives chez Facebook de 2006 à 2010. On lui doit notamment l'invention de la plate-forme grâce à laquelle des milliers de développeurs proposent leurs applications et celle de Connect, qui permet à d'autres sites de se connecter au réseau social. Autant dire qu'il est largement responsable de l'omniprésence de Facebook et de son intégration dans la stratégie de milliers d'entreprises.

Au-delà de 150 relations, le cerveau ne suit plus

Pour le premier projet qu'il dirige, avec le créateur de Napster, Shawn Fanning, comme copilote, il a décidé de lancer un nouveau réseau social, sous la forme d'une application disponible uniquement sur smartphone, dont la particularité est de limiter d'autorité le nombre d'amis à 150 (et même 50 à l'origine). Il a suivi les conseils de Robin Dunbar, un anthropologue de l'université d'Oxford, qui est convaincu que notre cerveau est incapable de gérer plus de 150 relations. Path est un réseau plus intime tourné vers le partage de photos. « Nous avons lancé la deuxième version fin 2011 et, depuis, deux millions de membres se sont inscrits », résume Dave Morin, qui a décliné une récente offre de rachat de Google pour 100 millions de dollars, comme Zuckerberg en son temps. Dave Morin reste attaché à Facebook. « L'introduction en Bourse va ouvrir la voie à d'autres sociétés Internet. En tant qu'entreprise, Facebook peut dire qu'elle a permis beaucoup de changements dans la société. Il n'y a pas beaucoup de produits qui ont autant de souffle. »La tradition de l'essaimage est aussi vieille que la Silicon Valley. Trois anciens de Fairchild Semiconductor, Robert Noyce, Gordon Moore et Andy Grove, fondent Intel en 1968, apportant la preuve que des inventeurs et des scientifiques peuvent lancer leur start-up avec l'aide de capital-risqueurs toujours à l'affût de la prochaine invention de génie. C'est devenu une tradition dont l'exemple le plus frappant est la « mafia PayPal », une flopée d'entrepreneurs qui ont créé Yelp, Yammer ou encore Tesla Motors après le rachat de PayPal par eBay.
Parmi les ex-Facebookers, certains sortent du lot. Dustin Moskovitz, un des quatre cofondateurs et camarade de chambre de « Zuck » à Harvard, qui pèse déjà plusieurs milliards grâce à ses parts de 8 %, s'est associé à un autre ancien, Justin Rosenstein, pour lancer Asana, une application Web de collaboration et de gestion de projet. Ruchi Sanghvi, la première femme ingénieure chez Facebook, où elle a aidé à concevoir le fil d'actualités, a démarré Cove, une autre plate-forme de partage pour l'entreprise, avec deux ex-Facebookers : Dropbox a depuis racheté Cove, principalement pour mettre la main sur ses talentueux fondateurs et ainsi attirer d'autres employés de Facebook, dit-on.
Citons aussi le site de questions-réponses Quora, fondé par Adam D'Angelo et Charlie Cheever, le logiciel de traitement de bases de données Cloudera (Jeff Hammerbacher) et le comparateur de prix de médicaments GoodRx (Scott Marlette et Doug Hirsch). Randi Zuckerberg, qui était directrice marketing du réseau social fondé par son petit frère, est partie à l'été 2011 pour fonder sa société, RtoZ Media, devenue depuis un studio. Elle produit une émission de téléréalité sur la Silicon Valley, dont la bande-annonce, axée sur les fêtes et l'étalage de richesse, a choqué de nombreux entrepreneurs de la Vallée, peu amateurs du « bling bling ».D'autres vétérans se lancent dans le capital-risque comme Kevin Colleran, un des dix premiers collaborateurs de Zuckerberg, embauché en avril chez General Catalyst Partners, ou Matt Cohler, parti en 2008 chez Benchmark Capital. À titre privé, les anciens collègues investissent dans les sociétés des uns et des autres. Ainsi Ruchi Sanghvi a investi dans Path, tout comme Dustin Moskovitz. C'est en partie cet esprit de solidarité qui leur vaut le nom de « mafia ».

Un univers de « bienfaiteurs »

Selon Dave Morin, les ex-Facebookers vont laisser une marque encore plus importante dans le monde de la philanthropie. Chris Hughes, « coloc » de Zuckerberg à Harvard et ex-employé de Facebook, a lancé fin 2010 Jumo, site conçu pour trouver la cause charitable qui vous convient. Dustin Moskovitz, qui a déjà sa propre fondation, Good Ventures, a signé comme Zuck l'engagement promu par Bill Gates de donner 50 % de sa fortune à des ?uvres (The Giving Pledge) et travaillerait à un autre projet dans ce domaine. Dans cet univers de bienfaiteurs, la décision d'Eduardo Saverin, cofondateur de Facebook d'origine brésilienne installé à Singapour, de renoncer à la nationalité américaine pour échapper aux impôts a clairement fait tache.

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