Rencontres sur Internet : l'art du ciblé (e) - touché (e) en un clin d'oeil

Avis aux jeunes entrepreneurs : pas une semaine sans que ne se crée un site de rencontres avec application iPhone ou androïd. C'est devenu un marché à plusieurs milliards de dollars, grâce à la sophistication croissante des moteurs de recherche et de la géolocalisation. Cela préfigure-t-il les relations amoureuses de demain ?
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Avec 1,3 milliard de détenteurs de téléphones mobiles dans le monde, « il n'y a jamais eu autant de poissons dans la mer »... Cette constatation frappée au coin du bon sens, lue au hasard d'une navigation, ouvre un abîme sous les pieds de tous ceux qui cherchent l'âme s?ur sur Internet, parmi lesquels un nombre sidérant de jeunes gens de moins de 30 ans, dont des cohortes entières travaillent précisément dans les nouvelles technologies, les salles de marchés, bref tout ce qu'il y a de plus « hype ». Quand je pense à ce que ma grand-mère disait des agences matrimoniales... Plus d'un milliard d'êtres humains auxquels on peut envoyer des messages, et qui peuvent y répondre. Si Tolstoï avait connu cela, lui qui écrit dans la sonate à Kreutzer que « dans une charretée de petits pois, deux petits pois marqués d'une croix ne se rencontrent jamais. » Erreur. Au temps d'Internet, les petits pois marqués d'une croix ont une chance de se rencontrer.

L'extraordinaire banque de données de Facebook

Il se trouve qu'une révolution technologique est en train de se produire sur les sites de rencontre. Avant, c'est-à-dire il y a quelques années à peine, on postait un profil sur un site de rencontre, on remplissant des questionnaires, en se montrant sous son meilleur profil. On pouvait même poster une photo ancienne de soi, voire poser avec un chien alors qu'on n'avait pas du tout de chien. Bref, on pouvait tromper son monde et le petit jeu des uns et des autres consistait alors à débusquer les pièges, les mensonges, les à-peu-près, en écrivant des mails et encore des mails durant des mois entiers avant de se résoudre à l'inévitable : la rencontre. La première révolution est celle de Facebook. Tout y est : ce que l'on aime, les livres que l'on a lus, ses chanteurs préférés, ses restaurants favoris, le tout démultiplié chez ses amis, les amis de ses amis. Une amie comédienne et metteuse en scène m'a avoué l'autre jour qu'elle avait 800 amis sur Facebook, tous comédiens. Imaginez quelle banque de données extraordinaire, que des algorithmes sophistiqués auraient tôt fait de transformer en « dates » et en couples virtuels... En fait, cela existe déjà. Le site s'appelle Yoke, une cons?ur en a parlé récemment dans les pages business de l'Herald Tribune. C'est un site de rencontres qui extrait les informations disponibles de Facebook, comme la ville où l'on habite, les films que l'on aime, et qui génère ensuite des rencontres virtuelles avec des amis d'amis, basées sur ces centres d'intérêt communs. « C'est ingénieux. Combien sommes-nous à avoir jeté un ?il sur l'album photo d'un ami sur Facebook et s'être renseigné sur la disponibilité de tel ou telle... Puiser dans les amis d'amis avec des goûts communs n'est pas une plus mauvaise méthode que de faire défiler des profils de parfaits étrangers sur son ordinateur », écrit Jenna Wortham... D'autres services liés à Facebook exploitent ce même filon, comme « Are you Interested », proposé aussi aux abonnés français du réseau social. L'algorithme remplace donc la marieuse ou le hasard de la rencontre. Pourquoi pas, même si cela déclenche des polémiques aux États-Unis, y compris dans les milieux scientifiques. Harry Reis, professeur de psychologie à l'université de Rochester, qui a écrit un grand nombre d'articles savants sur le sujet des rencontres sur Internet, en reconnaît certes les avantages mais n'est pas dupe du rôle des algorithmes et de leur capacité à pouvoir identifier l'âme s?ur. « Prétendre qu'un moteur de recherche peut faire mieux que notre intuition est une plaisanterie », a-t-il récemment écrit...

Une jeune femme croise le regard d'un homme...

Autre révolution liée à la technologie : la rapidité de la rencontre. Scène de rue à New York, racontée voici peu dans le New York Times : une jeune femme croise le regard d'un homme assis à la terrasse du Pastis, un restaurant de Meatpacking, l'ancien quartier des abattoirs de Manhattan, désormais l'un des hauts lieux de la vie nocturne à Big Apple. La femme s'approche de la table, et plante une petite carte noire dans le plat de frites du monsieur et s'esquive. Ce dernier saisit la carte et lit : « Levez les yeux, vous pourriez être en train de rater quelque chose ». Suit un numéro de code et l'adresse d'un site de rencontres sur Internet, match.com. Il fait partie d'une nouvelle génération de sites qui veut se différencier des grosses machines comme eHarmony ou Meetic en France pour proposer de nouvelles res-sources technologiques, y compris la géo-localisation pour faciliter le rapprochement des profils et donc les chances de rencontre. Dans ce cadre, la rencontre est plus rapide, plus décontractée et plus « scientifique ». Le site cheekd.com, fondé par une jeune architecte, Lori Cheek, propose pour 25 dollars par mois, un lot de 50 de ces petites cartes noires que l'on peut faire passer à quelqu'un qui nous attire dans les transports en commun, en boîte de nuit, au restaurant, dans un cocktail, et qui renvoient à un code et à une messagerie. Sur le même principe d'une carte et d'un code, Rachel et John DeAlto ont créé Flipme !, avec des cartes rouges, où l'on peut lire « J'ai dit "et si"... trop souvent, mais pas cette fois. » Trente cartes et trois mois d'adhésion au site flipmeda-ting.com coûtent 24,99 dollars... Ces deux sites renversent un peu les usages?: on repère d'abord quelqu'un avant de chercher à entrer en contact avec lui, au lieu de lire des textes de présentation avantageux sur un site Internet. D'autres start-up utilisent la géolocalisation pour favoriser les rencontres comme Grindr, Are You Interested et Urban Signals. L'une des plus populaires est Skout, fondée en 2007, qui a dé-passé le million d'adhérents et créé une application iPhone et androïd. Skout utilise le GPS pour aider ses adhérents à trouver quelqu'un qui leur ressemble à quelques dizaines de mètres à la ronde. Ceux qui s'inscrivent mettent en ligne un profil sommaire, avec des photos et utilisent un service de messagerie instantanée pour entrer en contact lorsqu'ils se retrouvent à proximité l'un de l'autre afin qu'ils puissent décider d'un lieu de rencontre. « C'est la meilleure combinaison entre la technologie et la vie réelle », dit Christian Wiklund, le fondateur de Scout, qui adore utiliser son système dans les bars : « Vous entrez, vous voyez qui est là, vous faites un clin d'?il, et c'est gagné ! »

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Commentaire 1
à écrit le 21/07/2014 à 7:38
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Je cherche une rencontre sérieuse

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